Lorsqu’on évoque le tarif, et surtout si on ose envisager une éventuelle redistribution, tous, contributeurs comme bénéficiaires supposés, développent immédiatement des arguments bloquants qui leur évitent de réfléchir objectivement. Les certitudes fortement ancrées, notamment par l’effet d’une formation et/ou d’une longue habitude, sont toujours un obstacle à la discussion. Mais si, au final, nous étions tous chocolats ? ;-)

Pour les « contributeurs » supposés, la théorie du tarif ajusté relève du « communisme »(1) et pour les probables « bénéficiaires », le refus qu’on mette en cause leur dignité en leur faisant la « charité » est un obstacle insurmontable (car on leur dit que les « grands » subviendront aux besoins des « petits »). Bref, à part ceux qui s’en fichent et continueront à se désintéresser jusqu’au moment où ils seront touchés personnellement,  tous sont, a priori, obstinément fermés à l’analyse comme à l’explication.

Pourtant, dans bien des domaines, tout est illusion, et il faut peu de chose pour tromper l’esprit humain et le mettre devant sa propre contradiction.

On parle de partage ? Oui, d’une certaine manière. Mais pas au sens où beaucoup l’entendent… Pas de Robin des Bois pour « prendre aux riches pour donner aux pauvres », pas de gâteau dont on redécouperait les parts pour accueillir plus de convives, car si vous raisonnez ainsi, vous n’êtes pas loin de valider le concept de rente, que nos adversaires manient à longueur de communiqués sans se rendre compte qu’il s’agit d’une arme « sale », qui laissera de longues années de pollution dans l’inconscient collectif, et leur occasionnera en retour des dégâts qu’ils ne soupçonnent pas…

On parlerait plutôt d’équité !

  • Le client, payant proportionnellement à l’intérêt qu’il retire dans l’opération,
  • L’Etude, recevant une rémunération ne pouvant être trop inférieure (on ne peut empêcher un dossier d’être complexe, mais fort heureusement tous ne le sont pas et c’est sur ce point et lui seul que la légendaire « péréquation » s’exerce en fait dans une même étude !) à son coût de production, sans s’en éloigner d’une façon telle qu’on puisse lui reprocher un abus manifeste…

Bien sûr, certains arguent d’une compétence particulière, de préconisations de très haut niveau de technicité… Et ce sont ceux qui se déclarent avec le plus de conviction « libéraux », mais à y regarder de plus près, ces « sujets d’élite » véritables sont rares, et la dissociation que nous proposons, par sa clarté et son invariabilité permet, puisque technicité et compétence particulière il y a, de facturer librement ce qui ne relève pas strictement du service public de l’authenticité…

Que craignent donc, par-dessus tout, ceux qui prônent le statu quo et balaient depuis des années d’un revers de manche toute modification du tarif  ? Qu’on puisse dissocier conseil et acte, et que certains professionnels (qu’ils craignent sans nul doute parce qu’ils ont développé une technicité réelle sur des points qu’eux même maîtrisent) se fassent grassement rémunérer pour préparer le « pourquoi » d’une convention, leur laissant le seul « comment ».

Le système vertueux que nous proposons rémunère à son juste prix le travail et permet la reconnaissance d’une véritable valeur ajoutée par l’honoraire. Le principe (stupide) « pas d’honoraire si émolument » est une prison pour ceux qu’on paie chichement pour de petites opérations, et une illusion pour ceux qui développent d’apparentes compétences pour justifier une rémunération automatique…

En voulez-vous un exemple ?

La question 13640 de la 12ème législature, posée au Ministre de la Justice par un député dont nous n’avons certainement pas fini d’entendre parler, vous donnera la clef ! Il ne faudra pas longtemps pour que la question de la « rente » soit de nouveau sur tous les écrans. Seule une proposition saine peut éviter que nous ne subissions une réforme totalement mortifère effectuée au seul profit des plus riches et de ceux qui se veulent leur « conseils ».

Ouvrez les yeux ! Il existe des solutions permettant de satisfaire les intérêts du plus grand nombre sans pour autant dépouiller sauvagement ceux qui ont profité, à la marge, du système que d’autres défendaient pour leur seul intérêt personnel. Naïveté ? Utopie ? Non ! Autre vision, autre approche, créer sans détruire.

Je cherchais depuis longtemps une illustration permettant de présenter à ceux qui sont réticents la théorie du tarif ajusté, je pense avoir enfin trouvé : Imaginons que la rémunération des notaires soit une tablette de chocolat. Nous voudrions avoir plus de chocolat, pour permettre à ceux qui n’en ont pas assez d’en avoir un peu plus sans que les autres se sentent spoliés ? Eh bien allons-y, voici comment faire !

 

Bien entendu, certains mathématiciens experts vous démontreront qu’il n’y a pas (et à vrai dire on s’en doutait un peu) augmentation de la quantité de matière, mais une simple illusion paradoxale parfaitement explicable en s’appuyant sur la suite de Fibonacci. Mais pour les béotiens comme vous et moi, il n’en demeure pas moins que le nombre de carrés n’ayant pas changé, ils sont convaincus d’avoir gardé tous leurs carrés de chocolat…

Aurions-nous uniquement des mathématiciens d’élite parmi ceux qui se targuent d’être l’élite de la profession ? Permettez-moi d’en douter, et il en est du tarif comme de la température : le ressenti est compris de tous, la réalité n’est connue que de celui qui a le thermomètre… Pourquoi donc, selon-vous le Conseil Supérieur du Notariat refuse-t-il  toute réflexion collective sur le tarif, plus particulièrement depuis le 9 avril 2014, date de la première demande publique sur la Boite à Idées du portail de la profession ?

Voudrait-il être le seul gardien du « terme aux maitres » ?

 

(1) Et il faut bien reconnaitre que certaines versions passées, notamment celle du Congrès de CARNAC 1979 du Mouvement Jeune Notariat s’approchaient de cette nature, ce qui explique peut-être les blocages…