Notariat 2000 a profité de la Foire du livre de Brive-la-Gaillarde pour rencontrer Jean-Louis Debré qui présente son dernier ouvrage. Un livre qui s’intitule « Nos illustres inconnus » et qui met en lumière des hommes et des femmes qui ont réussi à se mobiliser pour éclairer le devenir de notre société. Une démonstration éclatante que la politique doit s’inscrire dans une démarche de progrès.

Parlez-nous de votre dernier ouvrage ?
Jean-Louis DEBRÉ : s’intitule « Nos illustres inconnus » et sort chez Albin Michel, pourquoi avoir choisi ce titre ? Quand vous regardez l’histoire de la France, il y a quelques grands personnages qui attirent toute la lumière sur eux, Clémenceau, Jaurès, de Gaulle, Mitterrand… En effet, on constate que notre législation a été le fait d’hommes et de femmes qui se sont battus pour améliorer notre état de droit. « Nos illustres inconnus » concerne des hommes qui ont fait avancer notre législation. Pourquoi des hommes, car cet ouvrage fait suite à un livre que j’avais écrit il y a deux ans et qui s’intitulait : « Ces femmes qui ont révélé la France ». Un exemple parmi beaucoup d’autres cités dans mon livre : aujourd’hui, vous pouvez divorcer car un homme qui s’appelait Alfred Naquet s’est battu pour que la France accepte la séparation entre conjoints. De même, les enfants naturels et adultérins ont les mêmes droits que les enfants légitimes. Pourquoi ? Parce qu’un professeur de Droit, Jean Carbonnier, et un gouvernement de la 5e république ont introduit ce principe de l’égalité de la filiation. Ce que je veux dire, c’est qu’à travers toutes les grandes thématiques de notre société, des hommes et des femmes ont changé les règles du jeu, et je voulais leur rendre hommage.

Quelles évolutions proposeriez-vous pour améliorer notre société actuelle ?
Jean-Louis DEBRÉ : Le monde change. La personnalité, la mentalité des adolescents et jeunes évoluent et ne sont pas les mêmes qu’il y a un siècle. Des droits nouveaux ont été conquis, tout cela m’amène à dire que le parlementaire doit être à l’écoute de ces évolutions, car il vaut mieux les anticiper que les subir. C’est tout le débat qui est ouvert sur le phénomène biologique et notamment la PMA. Je ne veux pas porter de jugement, mais c’est une vraie interpellation. Quelle est aujourd’hui la forme de la famille ? Jadis, elle constituait une entité où les personnes âgées restaient à domicile. À ce jour, on peut dire que la cellule familiale a explosé, et cela pose des problèmes de société. C’est ce que j’ai voulu raconter dans ce livre, cela confirme qu’il faut que des hommes et des femmes n’hésitent pas à se mobiliser pour la bonne cause.

Sur quel exemple vous baseriez-vous pour montrer que notre société gagne à s’appuyer sur le combat politique ?
Jean-Louis DEBRÉ : Prenons la question de la laïcité. Le combat pour faire admettre la loi de 1905 s’est accompagné de grandes tensions, s’apparentant à une sorte de guerre de religions. Mais des responsables politiques ont pris des décisions qui permettent à notre pays de se retrouver aujourd’hui dans une situation favorable, puisque la loi sur la laïcité met l’état en dehors des querelles religieuses. Notre société se fonde sur les réflexions des hommes et des femmes qui ont cherché à anticiper certaines difficultés.

Quel lien gardez-vous avec la vie politique ?
Jean-Louis DEBRÉ : Cela fait 14 ans que j’ai quitté la scène politique. Après avoir présidé l’Assemblée nationale, j’ai siégé au Conseil constitutionnel. Comme le président de cette institution ne fait pas de politique, depuis ce temps je regarde et j’observe. J’ai toujours eu comme obsession de quitter la politique avant qu’elle ne me quitte. Ce qui me permet actuellement de donner des conférences. J’ai notamment rencontré des collégiens et lycéens de Brive-la-Gaillarde où j’ai parlé de la république, évoqué des grands principes, commenté les évènements politiques… Et comme mon bonheur c’est d’écrire, je prends la plume pour publier des romans policiers, des livres d’histoire… Je pense que notre société doit trouver des explications – dans ce monde confus qui est devant nous – si nous prenons le temps de regarder d’où l’on vient et ce que l’on a fait. Ce qui constitue toujours une source d’inspiration pour mon prochain ouvrage.

Propos recueillis le 9 novembre 2018
Par Christophe Raffaillac