Après quelques voltes faces dont il a le secret, le nouveau président des Etats-Unis s’intéresse désormais à la séparation entre les activités commerciales et financières des grandes banques. Si l’idée prenait corps, ce serait pour le plus grand bienfait des déposants…
C’était la période des élections présidentielles. Donald TRUMP vouait aux hégémonies ces financiers de Wall Street qui avaient déclenché une crise mondiale et ruiné une multitude de petits épargnants en les chassant de leurs logis. Or, sitôt élu, le président a ouvert les portes de la maison blanche « au plus rusé des loups de la finance, Goldman Sachs » (cf. Philippe Escande, Cahier du Monde n°22479, avril 2017.). Celui-ci s’est empressé de recruter une « armada d’anciens banquiers maisons » dont les décisions ne pouvaient qu’avantager leur établissement. Mais, contrairement aux espérances de cette fine fleure de la finance mondiale, les premiers résultats trimestriels obtenus par la banque Goldman Sachs sont décevants et sèment le doute sur son invincibilité. Parallèlement, les bénéfices des autres grandes banques américaines sont excellents. D’autant que c’est au niveau du courtage, là où traditionnellement ces rois de la finance spéculative excellent, que la contre-performance apparaît la plus significative. Tout cela a sans doute amené Donald TRUMP, qui n’en est pas à une contradiction près, à étudier la possibilité de revenir au Glass-Steagall Act (également appelée « Banking Act »).
Glass-Steagall Act du XXIe siècle ?
Cette loi, passée en 1933 à la suite du krach de 1929, obligeait les établissements à choisir entre leur activité de banque commerciale et leurs activités de banque d’affaires. L’enjeu était d’éviter que les dépôts des épargnants contribuent à alimenter les positions spéculatives prises sur les marchés financiers. Après le cataclysme de 2008, cette mesure avait d’ailleurs été promise par un certain nombre de gouvernements. François HOLLANDE en avait même fait son cheval de bataille et l’avait mis en exergue dans son fameux discours du Bourget : « Mon véritable adversaire, c’est le monde de la Finance… ». C’était aussi l’un des objectifs de Michel BARNIER lorsqu’il était Commissaire Européen aux services financiers entre 2010 et 2014, tentative mise en échec par le lobbying bancaire appuyé par Jean-Claude TRICHET et Angela MERKEL. Récemment, Donald TRUMP a déclaré : « Il y a des gens qui veulent revenir à l’ancien système, n’est-ce pas ? Nous allons étudier la question ». Ce serait une véritable révolution s’il parvenait à instaurer un « Glass-Steagall Act du XXIe siècle », l’une des promesses jusque-là oubliées de sa campagne électorale. Cela obligerait notamment les grandes banques françaises et européennes à revoir leur attitude sur cette question demeurée très polémique. Souhaitons-lui donc de réussir dans cette entreprise… mais n’oublions pas, comme l’a souligné le cinéaste Yves ROBERT, qu’ « Un éléphant ça trompe énormément ! ».
Bernard Thion