2006 sera-t-il un bon millésime ? Enquête « état des lieux » sur le bilan de l’année écoulée et panorama de vos projets pour 2006.

 

Votre bilan de l’année 2005 ? 76% des notaires interrogés estiment que 2005 a été un meilleur millésime que 2004 (contre 24% qui le jugent moins bon).

 

Avez-vous : OUI

• embauché ? 67 %

• investi ? 85 %

• développé (ou mis en place) des activités nouvelles ? 15 %

• profité des actions d’un plan de développement en place dans votre département ou dans votre région ? 23 %

 

À noter :

• 33% des notaires interrogés n’ont pas embauché en 2005. Plusieurs raisons à cela : 53% n’en ont pas eu l’utilité, 26% y ont renoncé à cause des charges et enfin 16% n’ont pas trouvé les bons collaborateurs.

• Notre panel a essentiellement fait des investissements dans le domaine de l’informatique (66%), pour aménager leur étude (52%), dans le secteur des nouvelles technologies (40%) et dans la formation (37%).

• 15% ont développé de nouvelles activités en 2005.

Au rang de celles-ci, retenons la négociation immobilière, l’expertise, la gestion locative, la démarche qualité et même le droit des affaires qui sont cités à plusieurs reprises.

 

Quelles perspectives pour 2006 ? 69% des notaires de notre panel pensent que 2006 sera un millésime moins bon que 2005 (mieux pour 31 %).

 

Pensez-vous : OUI

• que l’embellie de l’immobilier continuera ? 22 %

• embaucher ? 31 %

• investir ? 45 %

• développer d’autres secteurs d’activité ? 17 %

• vous lancer dans le créneau des collectivités locales ? 18 %

• que les plans de développement apportent un plus ? 71 %

 

À noter :

• Les 45% qui envisagent d’investir ont pour priorité l’informatique (logiciels et Internet) et l’aménagement de leurs locaux.

• Les plans de développement sont perçus comme « un plus » par 71% de notre panel, à condition de s’investir et d’y croire. « Mais pour beaucoup, les vaches sont trop grasses ! » constate un notaire de la Drôme.

 

Quel plan B avez-vous mis en place pour parer à un éventuel retournement de la conjoncture immobilière ? Plusieurs constantes dans les réponses. Ainsi, beaucoup prônent « le développement des secteurs traditionnels », à commencer par le renforcement de la négociation immobilière avec la mise en place de moyens plus importants (politique de relance du client, mise en place d’un gratuit, remaniement de la devanture d’office…). Le conseil patrimonial et l’assistance juridique des entreprises sont également envisagés en cas de retournement du marché immobilier. Si développer le chiffre d’affaires hors monopole en tente plus d’un, nombreux sont également ceux qui privilégient un « recentrage sur les activités habituelles du droit de la famille ». Un notaire de l’Eure insiste toutefois sur la nécessité « d’améliorer la qualité des prestations » et son confrère de l’Ain, sur celle « de les valoriser en leur apportant une véritable valeur ajoutée ». Ici et là, quelques-uns envisagent de « prendre plus de vacances » ou de « passer de 39H à 35H », mais ce sont surtout le gel des embauches, la programmation des départs à la retraite et la restructuration interne (« embauche uniquement en CDD » pour quelques-uns) qui sont évoqués à plusieurs reprises. Autre parade, celle de ce notaire de l’Isère qui suggère comme plan B « la facturation des services actuellement gratuits » tandis que dans la Manche, on mise sur la démarche qualité pour améliorer la productivité. Enfin, un notaire de la Drôme nous dit avoir anticipé en ayant préparé une formation de ses clercs et collaborateurs et une délégation de pouvoir « pour répondre rapidement aux sollicitations de tous ordres ». Comme dit le proverbe, mieux vaut prévenir que guérir…

 

Votre réaction si la directive Bolkenstein entraînait la suppression du monopole de l’immobilier ? Incontestablement, cela entraînerait une remise en question de la profession. Certains d’ailleurs n’hésiteraient pas à quitter le navire notarial et à embrasser par exemple la profession d’avocat… ou d’agent immobilier ! « Je me transforme en super agent immobilier ou j’intègre l’éducation nationale » nous dit, avec humour, ce notaire de l’Eure tandis qu’en Savoie, son jeune confrère prendrait sa « retraite à 26 ans ! ». D’autres embaucheraient des commerciaux ou au contraire licencieraient du personnel, feraient la grève ou encore demanderaient une indemnisation à la chancellerie ! Si beaucoup sont pessimistes (« Ce serait la fin du notariat » lit-on notamment), il demeure toutefois une petite poignée d’optimistes : « Je suis confiant, écrit ce notaire des Deux-Sèvres, car on a trop besoin de nous pour faire toutes les tâches ingrates, sociales, juridiques, administratives, fiscales (gratuitement dans certains cas) ». Il n’y a pas non plus péril en la demeure pour ce notaire de l’Isère : « Si le notariat négocie le virage télé@cte et démontre son incontournable compétence en matière immobilière, que peut-il craindre de la perte de son monopole sinon la perte de son tarif ? ». Enfin, quelques irréductibles limiteraient les dégâts « en développant l’activité de conseil dans tous les domaines juridiques en le tarifant » (Ain), « en exigeant des Pouvoirs publics que les autres professions s’alignent sur le notariat sur le plan des garanties apportées aux clients » (Drôme), « en essayant d’améliorer le monopole de compétence avec la DQN » (Loire) ou encore « en faisant la promotion de l’acte authentique, y compris dans les domaines non réservés » (Rhône).

À noter : Si la directive Bolkenstein entraînait la suppression du monopole de l’immobilier, beaucoup se battraient « pour que la profession soit reconnue comme la plus compétente en matière immobilière ». La question du tarif est soulevée à plusieurs reprises et beaucoup jugent nécessaire de pouvoir « agir comme les agences » et prônent « la liberté des honoraires dans ce secteur ».

 

Comment voyez-vous la concurrence avec d’autres professionnels ? Réponses plurielles à cette question. Bon nombre des notaires interrogés la jugent « saine » (« à condition que les règles soient les mêmes pour tous » nous dit-on dans l’Essonne) ou encore« sans importance » (« Nous n’avons pas la même clientèle » constate un notaire de l’Ain). Si certains sont confiants (« Sérieux et compétence feront la différence » ; « elle apporte un plus par rapport au savoir-faire des notaires »…) ou y voient un défi, d’autres la regrettent (« Nous ne sommes pas des commerçants »), l’appréhendent (« Nous n’avons pas les moyens de nous battre sur ce front »), voire se montrent très pessimistes car « la concurrence est trop souvent déloyale ». Ici et là, la concurrence semble particulièrement rude avec les avocats « plus habitués à la concurrence sauvage », mais surtout avec les banques (qui représentent « un véritable danger ») et les agences immobilières. D’où la réaction de ce notaire du Nord qui n’hésite pas à mettre les pieds dans le plat en demandant “pourquoi il n’y a pas encore de réseau national des notaires négociateurs ?! “

 

Comment voyez-vous la collaboration avec d’autres professionnels ? La collaboration avec d’autres professionnels est généralement perçue comme « inévitable », « nécessaire » (« compte tenu de la complexité des différents domaines juridiques »), voire « souhaitable » même si notre panel semble plus enclin à collaborer avec les experts-comptables et les mandataires liquidateurs qu’avec les avocats et les agents immobiliers ! « Les meilleurs progresseront toujours » commente un notaire de l’Isère, comme pour couper l’herbe sous le pied aux esprits chagrins et frileux. Beaucoup parlent de « partenariat » et évoquent, comme ici dans le Gers, un « maillage des compétences ». Un notaire du Nord va jusqu’à souhaiter « un développement des possibilités d’association avec d’autres professionnels pour créer des Centres ou des maisons du droit et du chiffre ». Et d’expliquer que « tout le monde y gagnerait : clients et professionnels ». Un bémol toutefois : celui de ce notaire de l’Ain qui constate que « si les notaires sont très demandeurs, ce n’est pas le cas des autres professionnels »…

 

NDLR : Cette enquête a été réalisée en novembre dernier. Ce sont près de 1700 études qui ont été interrogées. Le taux de retour est de 6,69 %.