Finalement, de la rencontre entre le Général et le Maréchal, on ne sut rien, même pas sa date. Mais les évènements qui suivirent ne pouvaient qu’avoir été négociés entre ces deux grands personnages du notariat, l’un mercenaire occulte, pacsé de circonstances avec la cause, l’autre institutionnel, représentatif d’une époque glorieuse, mais finissante.
Toujours est-il que l’on apprit, par simples encarts anodins dans des revues professionnelles, que le grand ménage avait eu lieu. Quand des hommes de cette trempe s’y mettaient, ils n’y allaient pas par quatre chemins. • La société PMS, mystérieusement acquise en pleine déconfiture de l’expérimentation informatique notariale, venait d’être revendue à Fiducial. Ce qui ne chagrina personne, d’autant plus que 50 % du prix de cette cession allait être distribué aux offices qui avaient acquis un système Mnémosyne (prouvant ainsi que le notariat pouvait avoir de la mémoire autrement qu’en inventant des marques ronflantes). Le surplus allait servir à l’élaboration d’une petite plateforme logicielle distribuée en « freeware » (libre distribution) permettant à n’importe quel éditeur de rendre compatible à moindres frais n’importe quel logiciel avec l’identification électronique Réal et les protocoles Télé@actes. • Le groupe Unofi venait d’être racheté par les MMA. L’annonce fut difficile à accepter pour les pionniers. Elle fut toutefois tempérée par le fait que l’entité demeurerait les 6 prochaines années, conserverait une gamme de produits adaptés à la clientèle du notariat et continuerait à gérer les contrats en cours en étroit partenariat avec les notaires prescripteurs. • Le contrat d’assurance couvrant les risques Responsabilité Civile venait d’être renouvelé par anticipation auprès des MMA pour une durée de 6 années (quel hasard, quand même !) aux conditions actuelles et sans indexation, ni réévaluation durant cette période. Une fois épongée la hausse résiduelle de 2010, les offices allaient pouvoir souffler. • Le Maréchal annonçait son départ à la retraite. L’autre départ
Il faut croire que quelque part, le destin notarial du Général et du Maréchal étaient liés. Grisé par le succès de ses précédents « chantiers » (comme il les appelait), le Général venait de jeter les bases d’un plan d’action spécial ADSN-REAL. Cela faisait longtemps qu’il en avait conçu le principe, mais devant l’ampleur de la tâche, il en avait toujours reporté la mise en œuvre. Et plus il le reportait, plus le chantier lui apparaissait difficile, et plus il avait un pressentiment. Alors, le moment venu, il organisa quelques « fuites » en interne (l’une de ses spécialités) pour tester le terrain. Non seulement la réaction ne se fit pas attendre, mais son ampleur surprit même le Général (ce qui, en soi, était un petit exploit) : dissolution immédiate de la 7e commission. En relisant le mail laconique qui lui avait annoncé la nouvelle, le Général ne put réprimer un léger sourire : après tout, les meilleures choses ont une fin, et une fin, pour un mercenaire multicartes, c’est toujours le début d’une autre aventure. Tout le monde ne souriait pas. Cette fin de contrat causa quelques migraines au service comptable du CSN qui dut jongler pour libérer les fonds nécessaires à l’apurement des honoraires du Général, s’apercevant, mais un peu tard, que les sommes astronomiques déjà versées n’étaient que débours et acomptes. Le Général, en partant, venait de résoudre une autre problématique du notariat : on ne parlerait plus de « trésor de guerre » avant longtemps ! Cela lui valait bien quelques vacances, sans doute…
Fin