MAM “sait faire” pour écouter nos représentants. Son ultime but est de satisfaire son chef pour rester “aux manettes”. Calme, posée, attentive, patiente, elle cherche, d’une part à cerner nos capacités d’action et de résistance ; d’autre part, à évaluer les failles pour y porter sa main de fer. Le velours de son gant n’est pourtant que “garniture” ; il permet d’insensibiliser le sujet tout en préservant l’effet de la destruction programmée. Alors que faire ?

 

De nombreuses idées traversent notre microcosme de haut en bas : la pétition nationale qui agite partie de nos troupes, le charme qui a si bien opéré avec Rachida, le dos rond qu’on a si souvent arrondi tout au long de notre histoire, la négociation pied à pied, bien argumentée (croit-on !), les interventions feutrées en haut lieu… Voilà qui est bien, mais ne devrait-on pas, en définitive, se placer, du seul point de vue du seul “super décideur” ?

 

Au commencement…

Partons de quelques certitudes simples, acquises en l’écoutant et en regardant l’action qui sous-tend l’agitation. • Nicolas Sarkozy veut des réformes qui sont bien souvent justifiées, au moins partiellement et dans leur principe. C’est d’ailleurs notre statu quo, jusqu’ici puissamment et victorieusement défendu, qui les a rendues nécessaires. Mais attention à ne pas poursuivre ce qui a pu marcher jusqu’ici, à ne pas livrer le combat de trop. Les temps changent. Cette fois-ci, la partie ne semble-t-elle pas trop inégale ? • Notre Président de la République a acquis une certitude qui doit être prise en compte si l’on veut être efficace : l’absorption du notariat dans la grande profession juridique d’avocat lui semble bonne. Nicolas Sarkozy tient d’autant plus à cette réforme notariale, que ses succès sur les précédentes n’ont été ni complets ni probants ! Certains lobbies, puissamment organisés, ont souvent bien résisté, syndicats publics en tête. Avec nous, il espère un succès facile et total ! La seule question qui vaille aujourd’hui est donc de savoir ce qui peut infléchir sa décision déjà prise…

 

Mobilisons-nous !

Supposons un instant que le sursaut, excellemment mis en place par le CSN et bien relayé par le MJN et les syndicats, se révèle insuffisant car, de leur côté, les avocats peuvent fort bien rester à la manœuvre tout en disant le contraire. Qui donc peut prévoir de quel côté la balance élyséenne s’infléchira ? La mobilisation générale est une solution. Chacun de nous, notaires, sans oublier les nombreux honoraires, collaborateurs et tous nos amis des professions qui nous sont proches, doit répondre, sans exception, au mot d’ordre de nos structures parlant de la même voix. Des Etats généraux sont prévus en janvier à Paris. Que chacun ait à cœur d’en être !

 

L’âme notariale

Nous ne devons pas compter sur nos amis du barreau pour promouvoir notre système juridique. En voici un exemple récent. Dans un discours de promotion de la négociation immobilière, le bâtonnier parisien a insisté sur la déontologie de l’avocat. Elle doit être respectée à la lettre dans ce domaine contractuel aussi ! “L’avocat ne peut défendre ni représenter qu’une seule partie à un contrat”. Faire triompher l’avantage d’un contractant, telle est bien l’essence de la vocation d’avocat. Et si, malheureusement, on a poussé les conseils juridiques dans les bras grands ouverts du barreau, contribuant ainsi à réorienter leur culture vers le consensuel, une bonne majorité des avocats privilégie encore (heureusement pour nous !) la victoire conflictuelle sur la négociation arbitrée, âme notariale. À ce propos, ne devrions-nous pas cultiver une vraie confraternité facilitant justement l‘arbitrage des conflits ? C‘est notre meilleur “fonds de commerce”. Et gare aux bagarres notariales d’égos surdimensionnés et à l’appétit de nos vainqueurs, qui en ces temps troublés, risquent d’être nos fossoyeurs…

 

Régulation

Si on adopte la pratique outre-Atlantique – et dans une moindre mesure celle d’outre-Manche-, les plus riches se paieront les meilleurs avocats. Ce sera alors, par exemple, le promoteur contre la petite mémé qui vend sa maison avant de rejoindre la maison de retraite… Est-ce bien ce type de relation que nous souhaitons développer dans notre douce France ? Le vent de la régulation se remet à souffler dans nos voiles. C’est donc bien là qu’il faut porter notre fer. Et prenons soin de ne pas le noyer dans un argumentaire certes honorable, mais souvent entendu par nos concitoyens (qui nous voient comme des nantis !) comme une défense corporatiste. Convaincre n’est pas chose aisée. Nous le savons tous. Surtout avec le tandem “Sarko-MAM” qui nous a dans son collimateur.

 

Alors :

• choisissons bien nos motifs et rejetons les jérémiades ;

• écartons la défense de notre “chapelle”, car, réellement, elle n’intéresse que nous !

• faisons de l’intérêt général notre fer de lance et disons-le haut et fort !

• mettons en avant la protection de notre système juridique romano germanique, menacé et cerné par la marée anglo-américaine. La surabondance des arguments avancés nuit à son efficacité ;

• renforçons la promotion du notariat hors de nos frontières européennes et internationales. Nos compatriotes ne restent-ils pas encore un peu cocardiers et sensibles aux grandes idées ?

• soyons fiers d’exercer un métier qui privilégie l’équilibre sur la force. Voilà notre raison d’exister pour le service des autres. Ces seuls motifs peuvent être compris. Ne recouvrent-ils pas tous les autres ?