Vous y croyez, vous, au destin ? Moi, oui ! J’étais hôtesse d’accueil et puis, les hasards de la vie ont fait de moi, comme qui dirait, un agent infiltré au Congrès des notaires pour Notariat 2000 !
Bon, faut que je vous dise, je n’y connais toujours pas grand-chose en notariat, mais comme j’avais fait un bon compte rendu de l’assemblée de lésion (1), le chauve au gros ventre m’a redemandé si je voulais être pigeuse pour la revue… J’ai accepté. Ils sont gentils à Notariat 2000 et je crois qu’ils m’aiment bien. Dès le dimanche, je suis donc allée au congrès. Les notaires étaient là. Pareil qu’à Paris en décembre, sauf qu’on était à Lyon, en juin et qu’ils étaient beaucoup plus nombreux. Ils couraient dans les allées comme une nuée d’insectes. Ils arrivaient les mains vides et repartaient avec plein de sacs. A croire qu’ils faisaient leurs courses pour les jours à venir ! C’était un peu bizarre de les voir ainsi se précipiter vers les stands de la foire en disant : « vous êtes dans le carnet ? », sans même dire bonjour. Ceux qui donnaient rien, eh ben, y voyaient pas grand monde… Et puis, il a commencé à faire chaud et, à 17 heures, ils se sont groupés autour des stands pour boire.
Le lundi matin, les choses ont commencé à devenir sérieuses.
L’amphithéâtre était grand, mais il était plein ! Plus de sacs de courses, mais des visages graves et fiers comme s’ils avaient un bar-tabac… Et puis, sur scène, des comédiens qui parlaient de trucs que j’comprenais rien… Il y en a un (NDLR : Marc-Henri Louvel) qui a parlé de plein de choses. Il a même cité un de ses copains chinois, un dénommé Mao, mais j’ai pas bien compris pourquoi il disait que la corde était trop courte dans son puits… Un autre (NDLR : Pierre-Jean Meyssan) voulait parcourir un détroit (je sais pas lequel). Il a expliqué qu’il y avait deux rives : une privée et une autre sur laquelle on se tient tous. Il a parlé d’une passerelle et, après, des piliers d’un temple. Et puis y’a celui qui avait dit, en décembre, que la revue, elle sent le moisi ou quelque chose du genre (NDLR : le président Tarrade). Il a dit qu’il fallait montrer que « le notariat est une légion romaine » et il n’a pas arrêté de parler à une dame comme s’il voulait obtenir ses faveurs. Quelqu’un a dit que c’était la garde des sots… Sauf que lui, il ne m’a pas paru sot du tout et que je ne vois vraiment pas ce qu’il aurait eu à lui demander ! Peut-être que les sots, c’est comme les fous, quand ils sont soignés, on les libère, et qu’il voulait lui faire comprendre qu’il était guéri ? Enfin, la dame a parlé. Elle a vraiment soufflé tout le monde ! Elle s’était levée aux aurores et avait pris le train de 7 h 28. C’est pile l’heure où je m’étais levée et, déjà, c’était dur ! Et puis elle a dit qu’elle voulait être un super héros de dessin animé, Mme Invincible… ou quelque chose comme ça, sauf que, sans vouloir être méchante, elle lui ressemble pas trop ! Il n’empêche qu’elle a dit qu’elle l’avait été, sûrement dans un bal costumé ou je sais pas, dans ses rêves peut-être.
Après, je suis allée en commissions…
Et là, ça s’est aggravé. Pas question de remplir son sac à provisions comme la veille… on rigolait plus. Les comédiens parlaient une langue étrangère. Les notaires ont sorti des raquettes pour jouer au ping-pong. Comme y’avait pas de table, ils s’en sont servis pour faire du vent en les agitant au bout de leur bras. Il n’y avait pas de balle non plus et beaucoup ont compris que ça servait à rien de venir avec sa raquette. Du coup, ils étaient moins nombreux les jours suivants. Les comédiens sur la scène ont continué à parler, parler, parler. Ils disaient plein de choses bizarres sur l’ASPIC (ne me demandez pas si c’était la vipère ou l’œuf en gelée), le recours gracieux (manquerait plus qu’ils soient malgracieux !), les comptes en cieux (sûrement quand on compte les étoiles quand la nuit est claire). Ils parlaient aussi de bien s’en mettre (ils devaient penser aux restaurants lyonnais), de saisies (dessus, dessous, avec tout le jus dedans ?!), de biens offerts à la vente (ben alors, c’est cadeau ou pas cadeau, faudrait quand même savoir) et de PLU (mais si y’en a plus, pourquoi en parler ?). Bref, j’ai pris mal à la tête et il m’a fallu deux semaines pour me rappeler qui j’étais et pourquoi j’étais là. Alors que ce soit bien clair entre nous, je veux bien être « pigeuse » pour votre revue, mais comme je pige rien, je ne pense pas vous aider beaucoup. Je l’ai dit au chauve à gros ventre. Il m’a souri gentiment. Puis, il m’a répondu que c’était pas grave et que si vous vouliez comprendre, vous n’aviez qu’à lire le rapport (je ne vois pas le rapport, mais bon !) et regarder sur le portail… Donc, un conseil : sortez de votre bureau, allez voir sur la barrière s’il y en a une, ça doit être expliqué dessus ! Voilà, c’était Sandy Maitrehaie pour Notariat 2000. A vous les stylos !