Cannes et sa Croisette sont passés et, avec ce congrès s’en va pour un an la plus grande messe notariale. Un moment unique qui permet d’aller à la rencontre de confrères.

 

Je fais partie des adeptes forcenés des congrès nationaux, et ma principale motivation, mon principal plaisir est de rencontrer mes confrères, à la fois si différents et pourtant si semblables.

Il y a des notaires riches, d’autres plus modestes, de la ville ou de la campagne, de métropole ou d’outre mer, des femmes, des hommes, des jeunes, des moins jeunes… Des notaires sont associés, d’autres individuels ou salariés, voire retraités. Certains occupent de très lourdes responsabilités, d’autres restent systématiquement en retrait. Quelques notaires sont célèbres, par leur talent juridique, par leur talent artistique, par leur médiatisation, d’autres semblent parfaitement anonymes. Il y en a, parmi nous, qui se conforment parfaitement dans le moule préétabli du « bon petit notaire bien rangé dans sa vie professionnelle et personnelle » et d’autres, plus originaux, voire carrément « loufoques » ou encore éternels contestataires.

Et pourtant, bien que différents, nous sommes tous notaires. Nous avons tous été nommés un jour par un arrêté du garde des Sceaux, nous avons la même délégation de puissance publique, nous partageons ensemble le sceau de l’État au service des clients et du système juridique de tradition romano-germanique qui est le nôtre. Nous avons la même responsabilité, les mêmes obligations. Tous, autant que nous sommes, nous faisons partie de la même famille ! D’ailleurs, n’oublions pas que dans « confraternité », il y a… « fraternité ».

 

Mammouth et rébellion

Cette fraternité, je l’ai ressentie à de nombreuses reprises, en discutant 5 minutes à l’extérieur d’une soirée, une cigarette aux lèvres, avec le Président Reynis qui savourait sa légendaire pipe, ou encore lors d’un repas, placé par hasard à la table d’un célèbre notaire parisien qui s’adressait à moi comme si nous nous connaissions depuis toujours. Cette union ne pourrait pas tenir si elle n’était pas composée de membres aussi disparates. Car c’est la diversité qui fait la richesse du groupe. Elle est le creuset du progrès. Si nous étions tous uniformément les « bons petits soldats » d’un groupe d’où aucune tête ne dépasse, nous serions déjà morts. La diversité nous enrichit et nous fait progresser. Notre liberté de ne pas être d’accord, les idées farfelues de certains de nos confrères remettent en question des dogmes et tordent le cou à nos préjugés. Si dans la préhistoire, il n’y avait pas eu quelques personnes pour dire « non », nous serions encore en train de manger du mammouth cru…

 

De l’audace avant toute chose !

Mais cette diversité au sein du même groupe, de la même famille a aussi un deuxième effet : la puissance. Les individualismes savent se ranger derrière notre représentant unique. Nous sommes souvent en désaccord en interne, mais en externe, une seule personne parle en notre nom. C’est cela qui fait notre force collective et beaucoup de professions nous l’envient, sans arriver à l’atteindre. C’est pourquoi nous ne devons pas seulement accepter nos différences, mais nous devons aussi les cultiver et inciter à l’audace. C’est seulement à ce prix que nous serons encore plus forts.