N’avons-nous jamais le sentiment d’être sur un bateau sans gouvernail et qui prend l’eau, chacun affairé à écoper, ou simplement devenus esclaves de la machine folle de Chaplin, dans “les Temps Modernes”. La profession évolue (c’est une bonne chose en soi), mais évolue t-elle dans un sens qui convienne à la majorité d’entre nous ?

 

Nos actes : Au fil du temps, nos actes sont devenus de volumineux galimatias, sur lesquels nous avons perdu toute maîtrise. Est-il réellement indispensable d’en mettre autant ? Formalisme : Le formalisme, de plus en plus pesant, a supplanté “l’authenticité”. Devons-nous tout accepter, au nom de la sacro-sainte protection du consommateur ? Communication : Il y a une très forte demande en “conseils” (www.sosnotaires.com). Rester dans sa tour d’ivoire est-il la meilleure solution pour se faire connaître du grand public ? Domaines d’activité : Hors du monopole, le champ de nos activités se restreint de jour en jour. Est-ce dû à notre surcharge de travail, à l’insuffisance de spécialistes ou à leur impossibilité de se faire connaître ? Nombre de notaires : le nombre de notaires n’évolue pas, alors qu’il y a une très forte demande de jeunes désireux de s’installer (notaires en place qui ne veulent pas partir ou partager, système de créations sans doute à revoir). Vivre recroquevillés sur nous-mêmes est-il gage de survie ? Tarif : La dernière réforme emporte une augmentation substantielle de certains actes. Quant aux simplifications tant attendues, ce sera pour les calendes grecques. Ces “modifications” amélioreront-elles notre rôle social ? Participeront-elles à une meilleure répartition entre petits et gros offices ? Informatique : Chacun de nous essaie de se débrouiller dans son coin. Mais nous avons tous le sentiment prédominant d’être un peu des “vaches à lait”… Remplacer un serveur (récent), dans un petit office pourrait-il coûter un peu moins de 6.000  ? Est-il normal que le coût annuel de la maintenance permette pratiquement de changer son parc micro chaque année ? Politique informatique : Mnémosyne qui devait être le fer de lance de notre politique informatique, semble s’émousser ; Réal devient une pompe à finance sans fond. Quant à la rapidité de nos connexions sécurisées, nous en sommes encore au tortillard à vapeur. Avons-nous une réelle politique informatique à long terme, et une capacité à le faire correctement ? Échange de données : Notre ère est basée sur l’échange de données. Malheureusement, nous attachons beaucoup plus d’importance à la présentation des documents (comptabilité), qu’à la compatibilité des fichiers et des programmes entre eux. La profession ne devrait-elle pas imposer des critères de compatibilité et d’”interopérabilité” entre tous les fichiers ? Clés USB : C’est la dernière nouveauté. Nos boîtiers avec cartes inviolables ont vécu et il faut les remplacer par le top de la technologie. Était-il indispensable de se précipiter pour s’équiper de ce cher boîtier, destiné à finir comme serre-livre sur nos étagères ? Faut-il, cette fois encore, foncer tête baissée, sinon pour démontrer “l’unité de la profession” ? Acte “dématérialisé” : L’acte dématérialisé existe. Tout a été prévu pour lui, bunker, clim et archi-sécurité. Quel est le coût réel de stockage d’une minute (actuel et futur) ? À qui profite cette réforme ? Partage des connaissances : Curieusement, nous sommes tous restés individualistes. Pourtant, l’informatique se prête à merveille à un tel partage et à l’entraide… Sommes-nous tous des inconditionnels exclusifs de notaires.fr ? Dépôts de fonds : Il n’y a pas si longtemps, nous avions un certain choix dans les établissements dépositaires. Actuellement, nous n’avons plus que la CDC, avec la qualité qu’on lui connaît. Une telle absence de concurrence est-elle normale ? Informatisation de l’administration : Les applications en cours sont loin d’être parfaites (lourdeur et contraintes de SPDC, “copies de fiches hypothécaires”, de plus en plus imposantes et indigestes, livrées à l’état brut, et qu’il nous faut décortiquer). Que nous réserve Télé@ctes en la matière ? Fisc : Notre champ d’intervention pour la perception des impôts s’élargit de plus en plus, sans que personne ne proteste (plus-values, taxe sur terrain à bâtir). Sans doute sommes-nous des fonctionnaires zélés et efficaces. Jusqu’où accepterons-nous ce rôle ? Et qu’avons-nous à y gagner ? Lobbying : La profession donne le sentiment d’obéir, sans protester, de refuser de faire du bruit ou de s’opposer, en échange d’on ne sait quelles promesses. La dernière “augmentation” du tarif arrive sans prévenir et à une période plus encline à d’autres sujets. Y aurait-il un quelconque lobbying ? Organisation de la profession : C’est l’organisation hiérarchisée par excellence, fidèle au principe “une seule tête, une seule voix à l’unisson”, où les représentants sont élus par cooptation, et sans programme. Ne pourrait-on apporter au système un peu plus de démocratie ?

 

Les « notaires de base » ont peu de visibilité sur leur avenir, ils ne savent pas où ils vont, ni comment. Le notariat, “profession organisée”, laisse-t-il une place suffisante à cette “majorité silencieuse” ? Beaucoup d’interrogations donc…