L’histoire, avec ou sans majuscule, nous plonge parfois dans un intermède où chacun se sent vivre en apesanteur. On se livre à ses occupations habituelles, « comme si », tout en sachant bien qu’on avance sans savoir ce que l’on va découvrir lorsque les ultimes décrets Macron parachèveront leur œuvre de déconstruction.
Cet « entre-deux » nous semble irréel car tout marche comme avant. Tranquillement ! Encore à l’abri tarifaire, condamné… Et pourtant ! Quelques indices devraient nourrir notre réflexion, à commencer par l’étrange absence de nos chefs, paralysés dans une défense passive stérile.
Sympa et pas cher
Le but poursuivi par notre jeune et fringant ministre est clair. De mémoire notariale, nous avons privilégié, du haut en bas de nos hiérarchies et jusque dans le quotidien de nos études, le service noble de l’État. Il nous protégeait avec l’authenticité sécuritaire et notre savoir juridique. Tout cela, Monsieur Macron s’en moque et ne veut pas connaître ! Qui plus est, il est compris de la masse électorale, avide d’égalitarisme et de nivellement (fut-il par le bas). Nous voilà désorientés face à nos valeurs méconnues et nos services jugés négligeables. Nous visions à produire « du bon, du vrai, du solide »… Mais notre travail a été jugé « trop long, trop cher, trop complexe ». À l’heure de « l’immédiateté » des mails mal écrits qu’on parcourt sans les lire, pas le temps de monter une solution sur mesure. Il faut faire vite du prêt-à-porter, « sympa et pas cher ». Notre ordinateur-roi devrait y pourvoir ! Il faudra nous y faire. Sauf à être placardisés au musée des antiquités. Cette réalité ne devrait-elle pas conduire l’action du CSN, celle de toutes nos structures et jusqu’à celle de notre quotidien ?
Un défi pour demain
Ne doit-on pas privilégier le « service ressenti », celui que le client voit et perçoit, pour muscler notre cœur authentique de métier : l’immobilier hors monopole, en amont comme en aval. Emmanuel Macron connaît et devrait logiquement nous accompagner, voire nous aider… pourvu que nous cessions de ramer contre. Nous adapter, sans rien renier de nos valeurs et en mettant en lumière un service palpable, tel est notre défi ! Cette ouverture que nous sommes quelques-uns, minorité en berne, à pratiquer et promouvoir, tout nous y pousse aujourd’hui. La saisir résolument, c’est assurer notre pérennité et l’équilibre financier de nos études qui ne sauraient résister au souffle dévastateur de notre futur nouveau tarif. Plutôt que de végéter avec une rémunération fixe, plafonnée et misérable, choisissons et engageons-nous sur les marchés connexes du droit ! Certes, il est bien tard… Mais tout est encore possible si nous décidons d’accompagner le mouvement, sans plus tarder !
Jean-Claude Bigot