À 40 ans à peine, Vincent Chauveau (Loire-Atlantique) a créé le Conseil du coin. « Jumelé » début octobre avec les Rencontres notariales, ce mouvement « activiste » a mobilisé plusieurs centaines de notaires, lançant dans la foulée un appel à la désobéissance civile (cf. Le Figaro du 3 octobre, Marie-Cécile Renault)… Rencontre.

CHAUVEAU

Comment vous est venue l’idée de créer le Conseil du coin ?

Vincent Chauveau : suite à une conversation avec Alexandre Jardin, le créateur du mouvement Bleu Blanc Zèbres. Je le suivais sur twitter et facebook, puis nous nous sommes rencontrés. Nous étions en décembre 2014. Il comprenait mal la colère des notaires et il m’a demandé ce que nous faisions de « bienveillant » pour le citoyen. J’ai répondu : « le conseil gratuit ». Alexandre Jardin a alors regretté que les notaires n’aillent pas crier cette gratuité en dehors de leurs murs. Quelques jours plus tard, je lançais un appel sur twitter pour créer le Conseil du coin. Début janvier, nous étions une dizaine ; en février, 72… en mars 120. Le Mouvement était lancé !

Le Conseil du coin a pris du poids au fil des mois. Au fond, comment vous définiriez-vous ?

Comme un mouvement citoyen au service de l’intérêt général. L’objectif est d’éclairer le citoyen et de l’informer. Les notaires n’ont pas attendu le “conseil du coin” pour donner des conseils gratuits. Malheureusement, beaucoup de personnes hésitent encore à pousser la porte de nos études. En investissant des lieux publics, nous avons voulu casser certains préjugés et rendre le notaire plus accessible. C’était déjà l’objectif des « Rencontres de Maillot » lorsque Jacques Benhamou les a lancées… Avec le Conseil du coin, les notaires s’installent tous les mois dans la cité, dans des cafés notamment. Nous sommes dans une dimension plus humaine.

Que répondez-vous à ceux qui reprochent au Conseil du coin d’être un peu trop sous les projecteurs ?

Qu’ils se trompent de cible ! Le Conseil du coin est né en pleine bataille Macron. Les notaires qui en font partie prennent sur leur temps personnel. Tous sont très impliqués. Lorsqu’ils donnent des consultations gratuites, ils ne font ni prospection ni communication. Leur démarche se veut bienveillante et altruiste. Le Conseil du coin est un mouvement « zébré » qui œuvre pour la défense du droit. Aujourd’hui, il compte 90 notaires déterminés, mais il nous arrive de mobiliser 900 notaires (comme c’était le cas le 3 octobre). Le mouvement vient de la base ; il a l’appui des instances, le soutien des « furibards », mais reste indépendant. C’est pourquoi je suis très remonté contre les passifs, contre tous ces gens qui subissent et qui restent dans l’ombre en se plaignant. Les notaires du Conseil du coin sont des « faizeux » ; ils préfèrent transformer leur colère en action positive. La vérité se révèle dans l’action !

Début octobre, vous avez lancé un appel à la désobéissance civile. Pouvez-vous nous en dire plus ?

Le Conseil du coin répond aux besoins des citoyens qui nous encouragent à continuer. Pour nous, tous les Français, qu’ils soient pauvres ou riches, doivent avoir accès aux mêmes droits. Il n’est pas question de leur faire payer la sécurité juridique ! C’est dans cet esprit que j’ai lancé, le 3 octobre dernier, l’appel à la désobéissance civile dans les colonnes du Figaro (repris par RTL). Il ne s’agissait pas d’un « geste corporatiste », mais bien de la « défense du citoyen », contrairement à ce que Macron en a dit sur Europe 1. Le CSN a d’ailleurs réagi, le 6 octobre, via twitter (« Plutôt que la guerre au sein de l’Etat, mieux vaudrait une vraie concertation avec le notariat« ). Bercy vient de créer une commission… pour contrôler l’application de la loi Macron et l’accès au droit à tous ! Comme vous le voyez, aujourd’hui, les choses vont très vite. En s’invitant dans le débat politique, le Conseil du coin a entamé une révolte « positive » dont les effets se répercuteront peut-être sur les décrets en préparation. Quand le notaire, homme de l’obéissance, se met à lancer un appel à la désobéissance civile, la République peut se mettre à trembler…

Quels sont vos prochains rendez-vous ?

Le 7 novembre pour continuer notre démarche citoyenne. Nous continuerons ainsi jusqu’en 2017. Nous avons pour projet de rencontrer, avec le CSN, tous les candidats à la présidentielle pour leur demander, notamment, d’être opérateurs sur certaines missions…

Un message à faire passer à nos lecteurs ?

Qu’ils viennent gonfler les rangs du Conseil du coin et nous aident à mener notre combat ! Nous avons besoin de toutes les forces vives et de toutes les bonnes volontés pour servir les citoyens.

Propos recueillis par V. Ayala, le 9 octobre.