Fin 2016, l’activité de négociation immobilière s’est révélée au top dans la majorité des études. En revanche, en ce début 2017, les prévisions demeurent plus prudentes. Revue de détails à travers cette enquête réalisée courant décembre auprès d’un panel de notaires négociateurs répartis sur toute la France. L’enquête a été rédigée le 22 janvier.

Ces derniers mois ont été très prolifiques sur le marché du logement. Les études qui ont investi dans la négociation immobilière s’en réjouissent. Depuis la crise de 2008, c’est la première fois qu’il y a un tel consensus parmi notre panel, la moitié des négociateurs ayant constaté une nette amélioration de leur activité en cette fin d’année 2016. Il en résulte un bond important dans la représentation graphique de la tendance correspondante. Cependant, pour le début 2017, les prévisions sont un peu moins optimistes. Les négociateurs ne croient pas que cet engouement sur le marché immobilier puisse se maintenir longtemps. Comme l’exprime succinctement Me Pinteaux dans la Marne : « Année électorale + hausse des taux + Macron candidat = incertitude ! ».

Tendance concernant les prix

Cette amélioration de l’activité s’est aussi traduite par une meilleure orientation des prix, mais sans véritable percée. En décembre, ils n’étaient plus que 9 % à prévoir une baisse des prix (contre 20 % en octobre) et 85 % à miser sur leur stabilité (contre 70 % deux mois plus tôt). Seules quelques grandes villes (comme Bordeaux, Paris, Lyon et Nantes) connaissent des augmentations très sensibles. Ainsi Mme Roumegous, négociatrice en l’étude de Me Chambarière à Bordeaux, ville bénéficiant d’un environnement très favorable (l’augmentation annuelle y atteint les 5 %), observe : « un marché tendu avec peu d’offres de vente, plus d’acquéreurs que de vendeurs grâce à des taux bancaires particulièrement bas ». Au niveau des terrains, les appréciations sont à peu près les mêmes que précédemment, les partisans des hausses ne dépassant pas 5 %.

Le conseil des notaires

À plus long terme, cette évolution favorable du marché apparaît beaucoup plus incertaine. Aussi les notaires conseillent d’en profiter rapidement, pour éviter des lendemains plus difficiles. En effet, bien que le marché soit porteur et que les prix s’affichent actuellement dans une tendance haussière, 69 % d’entre eux (contre 57 % deux mois plus tôt) privilégient la vente d’un bien existant avant le rachat d’un logement. Ces proportions passent de 44 % à 53 % pour les terrains. Ce regain de prudence s’explique essentiellement par la perspective d’une augmentation des taux dans un avenir plus ou moins proche. Celle-ci aurait pour conséquence une faiblesse des prix à la vente et une augmentation des coûts d’achat ce qui ne favoriserait, en aucune façon, les transactions immobilières.

Évolution de l’environnement économique

Cette appréhension des notaires quant à l’évolution des marchés ne semble pas partagée par les analystes des marchés financiers. En dépit des incertitudes que laissent planer les annonces de Donald Trump, le retrait de l’Angleterre de l’Union Européenne et les prochaines élections française et allemande, la Bourse apparaît plutôt confiante dans les perspectives économiques. Il est vrai qu’en janvier, avec la formation de deux leaders mondiaux (l’un en lunetterie par le mariage d’Essilor avec l’italien Luxottica, et l’autre dans les équipements de l’aéronautique par l’OPA de Safran sur Zodiac), l’industrie française montre qu’elle ne manque pas d’ambition.

Bernard Thion