Au tour de l’immobilier de prendre le virage du digital dans les prochaines années puisque acquéreurs et vendeurs seront interconnectés. Toujours orchestrées par des professionnels comme les notaires négociateurs, les ventes pourront se conclure avec plus de fluidité, de rapidité et sécurité grâce à de nouvelles plateformes de mise en relation. Vincent Pavanello nous décrit les nouveaux horizons de la transaction, vus depuis son think tank de la «Real Estech».

Pourquoi faut-il simplifier le processus de transaction immobilière ?
Vincent PAVANELLO : une transaction immobilière apparaît souvent très anxiogène à la fois pour l’acheteur et le vendeur. Cela résulte d’une asymétrie d’information entre les deux parties. Le rôle du professionnel de l’immobilier doit consister à redonner de la confiance et à entourer la transaction de toutes les précautions. Par exemple, comment s’assurer du bon ensoleillement d’un appartement à moins de le visiter en été. Réponse avec le digital : la start-up Solen réalise des rapports sur la luminosité naturelle dont bénéficie un bien.

Quelles avancées la digitalisation de l’immobilier peut-elle apporter ?
Vincent PAVANELLO : nous réfléchissons à la digitalisation de l’immobilier et nous intervenons dans des grands groupes pour sensibiliser les dirigeants à la nécessaire évolution du processus de vente immobilière. Comment peut-on rendre la transaction plus fluide par exemple. 

Raison pour laquelle nous bénéficions du soutien du ministre du Logement qui nous a confié une mission sur l’accélération de la digitalisation des services dans le logement.

Donnez-nous des exemples de services innovants qui faciliteront la transaction
Vincent PAVANELLO : sans doute la création de plateformes dédiées, réunissant agents immobiliers, notaires, banquiers, assureurs… qui permettraient de partager en temps réel les informations et de disposer des documents au bon moment. L’idée consiste à réduire les délais de vente et à fluidifier la diffusion de l’information pour qu’une vente se règle en 3 mois par exemple.

Comment le digital peut-il devenir un outil clé dans la négociation ?
Vincent PAVANELLO : en introduisant plus de transparence dans les prix, à l’instar des ventes 36h immo où tous les acheteurs peuvent voir les différentes offres pour un même bien. Avec ce principe d’enchère en ligne, les acheteurs accèdent à une plateforme de mise en relation et décident du prix à payer pour devenir propriétaire du bien.

Ces nouvelles pratiques peuvent-elles avoir un effet positif sur les prix ?
Vincent PAVANELLO : sûrement que le digital peut faciliter la concrétisation de transactions en mettant à disposition le plus d’informations possible sur le bien, telles des données sur la qualité de l’environnement, des services publics, des établissements scolaires, comme le fait le site Kinaxia.

Que souhaitez-vous aux futurs acquéreurs ou vendeurs ?
Vincent PAVANELLO : le secteur doit rester «intermédié» car il y a besoin de tiers de confiance. Et puis il faut revenir aux fondamentaux et se poser la question de la valeur ajoutée des professionnels de l’immobilier. À l’origine, leur mission consistait à trouver une contrepartie et participer à la négociation. Mais aujourd’hui, les portails immobiliers sont en train de les supplanter dans la recherche d’acquéreurs. Ils se doivent donc d’améliorer toute la dimension «conseil», à l’instar des notaires qui en ont fait leur marque de fabrique

 

Propos recueillis en juillet 2019
Par C. Raffaillac