On dit qu’en France tout commence et tout finit par des chansons. À ce titre, pas le moindre doute,  je suis réellement Français, car les chansons peuplent ma vie et influencent mes pensées. Y a-t-il un hasard ? Doit-on considérer que les lettres et les mots ne s’organisent utilement que dans l’œuvre des philosophes ? Plus le temps passe, et plus j’en doute. Prenons un exemple…

Le notariat a été caricaturé par ceux qui prônaient sa réforme, c’est une évidence pure : on a volontairement chargé le trait pour souligner ce qu’il peut avoir de ridicule, de déplaisant, on a utilisé des mots dans un sens approximatif pour mieux dépeindre  en « profession » ce qui aurait dû être magnifié comme « fonction ». Par exemple, le malthusianisme, s’il en existe un, n’est pas issu de la volonté des seuls notaires, le « contrôle des naissances » relevant surtout des ministères de tutelle à travers la C.L.O.(W)N…

Ces traits grossis servaient le discours des diplômés, qui pleuraient de ne pouvoir exercer le métier pour lequel ils ont été parfaitement formés (à nos frais, nous les remercions donc de constater l’excellence de leur formation) en passant sous silence les exigences de la fonction. Ils servaient également les réformistes gouvernementaux (et les marionnettistes des précédents) qui pouvaient ainsi affirmer lutter contre « la rente », et vouloir « rendre du pouvoir d’achat aux Français ». On les a donc accentués et accentués encore, jusqu’à présenter les notaires :

  • comme des fous sanguinaires (Emmanuel Macron menacé de mort 2 février 2015),
  • des lobbyistes agressifs (Claude Bartolone le 29 janvier 2015) jetant dans une manifestation une somme colossale de provenance indéterminée (« d’où vient l’argent »? Cécile Untermaier – Sur Twitter décembre 2014)…

Plus grave, le notariat s’est caricaturé lui-même :

  •  dans son enthousiasme puéril à suivre les consignes de la « Tour » : plusieurs centaines de lettre identiques adressées servilement aux membres de la Commission Untermaier, ce qui devait expliquer la phrase « lorsqu’on en a lu une on les a toutes lues  » qui a tant choqué les membres de la profession qui ont regardé l’émission Capital sur M6 consacrée à la réforme en cours),
  • dans sa naïveté de « gosse de riche », versant des sommes colossales à un groupe qui se trouve être également son concurrent (HAVAS légal, vous connaissez ?) pour assurer une communication dont l’efficacité laisse rêveur,
  •  dans sa « fausse zébritude » également, consistant à récupérer (avant neutralisation ?) l’initiative courageuse et solitaire de Vincent CHAUVEAU tout en tentant de s’attirer les bonnes grâces (?) du Zèbre en chef, Alexandre JARDIN, lors du Congrès de Strasbourg…

Et c’est précisément là que la chanson d’ANGE m’a frappé… Sortie des méandres de ma mémoire…

Il était alors encore question de corridor, la bataille parlementaire n’était pas terminée et les couloirs du Congrès étaient peuplés de « dizeux » travestis en « faizeux », de « faux zèbres » dissimulant de vraies peaux de vache… Troublant parallèle !

« Son couloir de batailles,
Rayé de zèbres fourbes
« ,

Et ces curieux animaux me toisaient de haut, me désignaient de loin en faisant de leur mâchoire prognathe et carnassière un signe discret, détournaient en me croisant, leur regard vers un ailleurs protecteur, pour ne pas même saluer l’insoumis, « grillé au CSN » qui persistait, presque seul alors, sur une voie qu’un temps eux aussi avaient empruntée… J’imaginais (on me rapportait) leurs chuchotis : « Il veut être Calife à la place du Calife » ! Car pour ces radicalisés, le notariat est religion, le Califat Supérieur du Notariat a pris (de ?*) corps et dans leur position supposée de Grands Vizirs, ils écartent soigneusement tout éventuel prétendant au trône (dans mon cas, le mot juste est supposé, car je n’ai aucun souhait de cet ordre). En le caricaturant, bien entendu.

Mais l’art de la caricature est difficile, et, comme la diffamation, résiste mal à l’ « exception de vérité ». Celui qui caricature ce qui ne peut l’être devient, par contrecoup, une caricature de lui-même. Les furibards grimaçants du petit journal ont pris vie dans nos rangs, y compris parmi ceux qui avaient adopté ce nom par dérision. Leurs vociférations sur réseaux sociaux (comme leurs chuchotis dans l’antre du « pouvoir ») prêtent autant à rire que celle des libertariens bébémacrons. Les uns et les autres finissent par aggraver la caricature. En les regardant, on assiste dans le notariat (car les diplômés ne sont pas dehors !) à des disputes dignes des fratries qui se disputent dans le domicile de leur auteur défunt pour savoir « qui a piqué la dent en or qui était dans le tiroir de la table de nuit« . Pitoyables, et contre-productifs.

Et la « chanson » continue…

« Si tu veux être des nôtres
Il faut clouer ton bec!
Ah! Si c’était si simple,
Je fermerais ma gueule…
Je prendrais l’aller simple;
J’aimerais y aller seul.
Et puis je suis content,
Et puis vous êtes contents,
Et puis ils sont contents,
Alors je suis content
Que tout le monde soit content »…

La musique reprend, m’enveloppe dans ses volutes aux accents médiévaux, bien adaptés à l’époque troublée que nous vivons, pressés (au sens viticole) autour du Coffre-Fort, comme les serfs d’antan autour du Château Fort… Et je ne peux m’empêcher de reprendre… Écoutez-moi, Caricatures (…) Ne serais-je qu’un songe…

Et puis ? Héhé, comme MLK, je me suis réveillé ! La lourde chaleur estivale s’était faite complice des fatigues accumulées durant deux ans de combat, et, ensemble, elles avaient eu raison de moi.

L’album Caricatures de ANGE, tournait en chuintant sur ma vieille platine tourne-disque à l’arrêt automatique défaillant… Un 33 tours microsillon de 1972 ! Si vous avez 12 minutes et 46 secondes et si ni les mots crus de ce « slam » antédiluvien ni les enregistrements d’époque ne vous gercent les oreilles, retrouvez l’inspiration : https://youtu.be/u-MZifVy48M

En France, tout commence, tout finit, mais tout peut reprendre aussi par des chansons !

Didier Mathy

*Aïe une rechute !