Les premières féministes se sont battues pour le droit de vote, de travailler sans l’avis de leur mari, de posséder un compte bancaire, d’avoir ou non des enfants. Aujourd’hui quel est le combat ?

A l’époque, on avait un peu oublié que des femmes avaient dirigé des entreprises ou des royaumes, fait la guerre à une époque où on ne s’offusquait pas plus que cela de leur activité. Il fallait redonner une place aux femmes reléguées pendant des siècles à l’éducation des enfants, à la couture ou la cuisine. Les premières féministes ont mené un combat qui avait du sens. C’était du sérieux ! Elles ont contribué à faire ce que je suis. Merci à toutes. Aujourd’hui, quel est le combat ?

Cela a commencé par la parité…

Maintenant, un peu partout, il faut autant d’hommes que de femmes. Au gouvernement, sur les listes électorales, dans les conseils d’administrations, dans toutes les professions… quitte à avoir la première idiote venue ou le premier nul ! J’entends certains (es) penser « elle a mal dormi ou quoi ? Quel rapport avec le notariat ? ». Rappelez-vous… Le manque de femmes a été un des arguments pour réformer le notariat. À l’époque, la moutarde a commencé à me monter au nez. Euh, M’sieur suis une femme ! Et je me suis précipitée sur le tableau de ma compagnie. Nous étions déjà près de 37 % de femmes notaires…

L’écriture inclusive dans nos actes

 La féminisation des mots, cela restait jusqu’alors marginal. En 2017, on est passé à la vitesse supérieure avec l’écriture inclusive. Voici ce que cette idée idiote pourrait faire si nous l’appliquions à la rédaction de nos actes…

« Par-devant Maitre-esse Clotilde PALOT, notaire-esse, à ….

A comparu

Madame Jean(nine) PETIT, plombier-ère (il me semblait que c’était une glace avec des fruits confits !),… époux (se) de Monsieur Claude (ah mince celui-là est asexué !), entraîneur(eure/euse ?) de football (on a intérêt à préciser car cela veut dire autre chose !) ,

Ci-après dénommés-ées les vendeurs-euses… »

Moi je dis qu’il faut supprimer Madame, Monsieur et Mademoiselle dans nos rédactions parce que ça connote une idée préconçue ! Et puis, il va falloir adapter les logiciels de rédactions et féminiser le titre des professions. Nous risquons donc d’avoir :

  • docteure ou docteresse,
  • cheffe ou cheftaine,
  • bailleure, bailleresse ou bailleuse (fatiguée ?),
  • locatairesse ou locateuse,
  • notairesse,
  • architecteuse ou architecteure…

Et pour sage-femme, on dira sage-homme ? Soyons sérieux (ieuses), on risque d’atteindre un ridicule sans nom, et l’effet inverse de ce qui est voulu.

Egalité ou complémentarité ?

En tant que notaire, je me considère comme un professionnel. Point ! Et ça ne m’empêche pas d’être femme aussi ! Alors plutôt que de parler de « parité » et de « féminisation », ne pourrait-on prôner l’égalité et rechercher la complémentarité ? Il faut de tout pour un monde équilibré, des hommes et des femmes, des jeunes et des vieux… sinon quel ennui la vie !

Clotilde Palot