Tout a commencé cette nuit alors que je cherchais en vain le sommeil. A 0h01, l’univers a basculé : nous étions le 8 mars… et le 8 mars, c’est la journée (internationale des droits) de la femme !
Jusqu’à présent, la journée de la femme ne posait aucun problème. Il suffisait d’attendre gentiment en faisant – au mieux – quelques compliments, un geste sympathique (Desproges aurait dit «une botte de foin»)… Mais cette année, c’est différent. Nous, «pôvré z’hommes», ne savons plus quoi dire, ni quoi faire…
Ne pas « fêter » le 8 mars, c’est risqué… Si on ne leur en parle pas, comment vont-ELLES le prendre ? Ne va-t-on pas s’exposer à des regards assassins et ressentir leur pensée, genre : «Eh bien voilà ce macho a encore oublié que c’est la journée de la femme. ! On ne compte vraiment pour rien à leurs yeux» ?
Offrir un bouquet de fleurs, comme le suggérait notre sondage sur Facebook ? Vous n’y pensez pas ! De nos jours, offrir des fleurs pourrait être interprété comme une avance, pire du har-cè-le-ment ! Et puis, marquer cette journée, n’est-ce pas souligner le fait que nos collègues, consœurs, voisines (et j’en passe) sont des femmes ! Plutôt sexiste, non ? Vouloir l’égalité homme-femme, n’est-ce pas plutôt faire semblant de rien, genre « Je ne vois en toi que la professionnelle compétente et efficace qui mène sa vie d’une main de maître et par conséquent il ne m’est même pas venu à l’idée de te parler de la journée de la femme, ça me semblait hors de propos».
Bref, c’est pas facile…
Ne «faire semblant de rien électroniquement» est peut-être la meilleure solution. La revue NVP l’a compris à ses dépens. Pourtant pleine de bonnes intentions, elle a osé écrire sur sa dernière Une : « Femmes notaires : l’histoire d’une conquête ».
Pas de chance ! Parfois, mieux vaut s’abstenir… «Couverture sexiste» ont dit ces Dames (y compris au sein de notre rédaction), dans l’un de ces soubresauts dont les réseaux sociaux ont le secret ! Eh bien, c’est la première fois, d’aussi loin que je me souvienne, qu’un contenu de la « Pravda notariale » provoque de telles réactions ! Pourtant, des articles qui auraient eu de quoi susciter l’émotion, j’en ai vu pléthore dans cette revue.
Bon, Mesdames, en tant que Bressan «de souche», j’ai, je pense, une certaine légitimité à vous donner un conseil amical. La Bresse Louhannaise est, en effet, historiquement, une zone de MATRIARCAT*, ce qui signifie bien, pour le cas où vous envisageriez une interprétation différente, qu’ici, et depuis longtemps, ce sont les femmes qui « dirigent » ! Et vous savez quoi ? Leur grand talent a toujours été de laisser croire à leurs époux – dont je doute très clairement qu’ils aient été dupes – que c’étaient eux qui «commandaient». C’est peut-être ça, le vrai pouvoir ! Et si on enterrait la « hache grégaire » ?!
Alors, femmes, hommes, puis-je me permettre, en cette curieuse journée d’émettre le vœu que nous cessions tous définitivement de nous définir «zoologiquement» pour nous concentrer sur ce qui fait notre spécificité commune : connaissances, compétences, talents… Cessons les querelles stupides, rétablissons l’harmonie ! Je ne célèbrerai pas la «journée de la femme» (qui est d’ailleurs la journée des droits de la femme), j’en souhaite même la disparition, car je la considère comme «sexuellement discriminante». La seule journée que nous devrions célébrer, ensemble, sans état d’âme, est celle du 16 mars prochain, 215ème anniversaire de la Loi de Ventôse, qui devrait être, à ce titre, la journée mondiale du notariat, de TOUT le notariat.
Didier Mathy, notaire à Sagy (71)