Né en juin 2016 avec la loi Macron, Notairia n’a de cesse de faire parler de lui. Entretien sur le vif avec Grégoire Masure, ancien notaire sur Paris, co-fondateur avec Serge Roux de ce concept innovant.

Notariat 2000 : En tant qu’ancien notaire, que pensez-vous de la loi Macron ?

Grégoire Masure : La « loi Macron » constitue une opportunité, même si on peut débattre de la manière dont elle a été mise en place. Non seulement l’essentiel a été sauvegardé (le statut du notaire n’a pas été touché), mais elle permet d’augmenter significativement le nombre des notaires en débloquant, notamment, l’accès des jeunes à la profession. La création de nouveaux offices devrait permettre aux notaires d’améliorer leur offre de services et de diversifier les prestations notariales, d’être plus performants et plus imaginatifs. C’est sain. Une profession qui se réforme, c’est toujours salutaire.

Que répondez-vous à ceux qui vous reprochent de communiquer sous le nom de « réseau notarial » ?

Selon eux, un réseau notarial doit être constitué par et entre des notaires en exercice. Il s’agit, selon nous, d’une conception « limitée » d’un réseau. Depuis la crise, et avec les réformes, les notaires sont entrés dans une nouvelle ère. Ils doivent repenser leur modèle et reconquérir leurs positions historiques, se transformer en de véritables chefs d’entreprise et être capables d’agir vite, avec efficacité. Notairia répond pleinement à ces nouveaux défis. Ce qui fait la force de notre réseau, ce sont ses outils au service de la profession et surtout son animation (mise en place de formation, tenue d’universités, échanges entre les membres via un forum, etc.). Il s’adresse aussi bien aux notaires créateurs d’offices qu’aux notaires libéraux déjà en exercice. Tout cela contribue à faire de Notairia un véritable réseau avec une animation dédiée.

Quelles relations entretenez-vous avec le CSN ?

Nous nous sommes déclarés auprès du Conseil Supérieur du Notariat.  Par la suite, nous avons sollicité un rendez-vous « de courtoisie ».  A ce jour, aucune date n’a été fixée. C’est dommage. La profession indique vouloir accueillir les nouveaux notaires. Les solutions développées dans Notairia vont dans le sens de cet accompagnement dans leur projet d’installation. Créer et réussir son démarrage et son développement est complexe. Le notariat dans son ensemble a tout intérêt à ce que les offices créés soient pérennes.

Quelle plus-value apportez-vous aux « notaires Macron » ?

Nous les accompagnons dans leur projet entrepreneurial, de la phase de création de l’étude jusqu’à son fonctionnement. Cela passe à la fois par une étude de marché (prenant en compte notamment la typologie de la population et les études voisines), l’établissement d’un budget prévisionnel, la recherche du financement, l’aménagement de l’office, l’achat du matériel informatique ou encore la mise à disposition d’un « kit installation » (sceau, tampons, cartes de visite, plaques et panonceau…). Nous complétons notre offre par deux formations : l’une sur le management et l’autre sur le conseil patrimonial. Une fois installés, nous leur mettons à disposition différents supports métiers, de gestion et de communication.

Quelles sont les conditions financières ?

Notre business model est d’accompagner des offices indépendants. Nous n’intégrons pas le capital des offices, mais nous mettons en place une cotisation d’entrée forfaitaire, puis une cotisation de fonctionnement. D’une manière générale, le réseau permet au notaire adhérent de réduire certains postes de charges de 10 à 50 % (prix compétitif de certaines prestations négociées par notre centrale d’achat) et de booster sa performance, donc son chiffre d’affaires !

Combien de candidats créateurs vous ont contacté à ce jour et quel profil ont-ils ?

Nous avons été contactés par plus de 200 candidats à l’installation. Dans la plupart des cas, ils ont la trentaine, sont notaires assistants et ont entre 10 et 15 ans d’expérience professionnelle. Ils possèdent souvent un spécialisation (droit international, gestion de patrimoine, droit rural, droit équestre, etc.). Dans 60 % des cas, les candidats « notaires Macron » que nous avons rencontrés sont des femmes. Au niveau des zones d’implantation, tout le territoire français est concerné mais trois grands pôles se disputent les premières places : il s’agit de Paris, Lyon et Toulouse.

Le conseil patrimonial est votre fer de lance. N’avez-vous pas le sentiment de marcher un peu sur les plates-bandes d’Unofi ?

Contrairement à Unofi, nous ne préconisons pas la vente de produits, mais nous invitons les notaires à se recentrer sur le conseil patrimonial dans le cadre de la charte du CSN de 2008. Pour que les notaires y parviennent, nous leur proposons des formations, mais aussi toute une série de prestations telles qu’une base documentaire, une hotline, des ingénieurs patrimoniaux, un back-office pour les formalités et la préparation dans les rédactions d’actes. L’objectif est de permettre aux notaires de libérer du temps afin qu’ils se concentrent sur leur relation client et le conseil bien sûr.

Quelle est votre actualité dans les prochains mois ?

Les résultats de l’horodatage avec l’accompagnement dans leur projet d’installation des premiers « Notaires Macron », la tenue de notre formation initiale d’intégration au réseau et le déploiement de la marque « Notairia » !

Propos recueillis par V. Ayala