Les futurs notaires « macroniens » sont dans les starting-blocks, prêts à bondir dans l’azur, pour s’élever, pleins de gaîté et d’espoir, vers le soleil étincelant et bénéfique (la Chancellerie) et tenter d’arracher une nomination. Les premiers arrivés seront les premiers servis.

Ici on ne rigole pas, on n’est pas dans les bondieuseries et l’évangile, du genre « les premiers seront les derniers ». Non, ici, celui qui dégaine le premier aura seul le droit d’entrer dans le « saloon » pour s’y rafraîchir avec ses semblables. La lutte promet d’être ardente, si bien que moi, vieux et chenu, myope et arthritique, je vais tenter humblement d’aider de mes très modestes conseils, les jeunes et fringants/tes concurrents/tes.

1°) puisqu’il faut être arrivé le premier, il faut aller plus vite que la concurrence. Un peu comme pour la fécondation d’un ovule, tous les spermatozoïdes partent ensemble, mais un seul sera l’élu (je sais, c’est terriblement trivial, mais c’est uniquement pour la rigueur de mon exposé).

2°) puisqu’il faut aller plus vite que vite, il faut s’instruire avec précision sur les mesures du temps, afin de pouvoir vérifier l’antériorité d’un tel ou d’un tel.

3°) L’unité de mesure de base, c’est la seconde. C’est une mesure universelle aujourd’hui très strictement contrôlable. Au-dessus de la seconde, on trouve la minute, qui vaut 60 secondes, sauf chez le notaire où la minute vaut, parfois, jusqu’à 90 euros hors taxes pour un an de travail (mais bon, on va pas chipoter). Vient ensuite l’heure, qui vaut 60 minutes (non compris le prix de la reliure, puisque si on est chez un notaire, on doit relier ses minutes), ou encore 3 600 secondes. Au-dessus encore, le jour, qui fait 24 heures (et quelques), puis le siècle, le millénaire, etc. Mais vu l’urgence trépidante des futures nominations horodatées, nous ne pouvons pas nous intéresser à autre chose qu’aux unités de mesure inférieures à la seconde.

4°) en dessous de la seconde, nous trouvons la milliseconde (10-3), puis la microseconde (10-6), la nanoseconde (10-9), etc.

Nous présumons tous que nos autorités de tutelle, bénies et parfumées, utiliseront, par souci d’impartialité, des instruments d’une précision hyperfine, afin de ne léser aucun candidat, et de ne commettre aucune injustice. Adoncques, les futurs notaires seront sans aucun doute classés en : « millinotaires », « micronotaires », « nano-notaires » (c’est un peu redondant, je trouve), et même en « piconotaires » (10-12) et enfin « femtonotaires »(10-15). « Bonjour cher Monsieur, je suis Maître Machin, piconotaire à … « .

Assurément, c’est la joie et le bonheur permanents qui vont nous submerger ! Mais ce n’est qu’un début : avec les progrès du monde « moderno-mondial », on verra un jour des notaires présenter leur dossier de candidature plus vite que la vitesse de la lumière. Ils remonteront le temps, et se retrouveront peut-être dans une époque antérieure à la réforme bénie dans le jus de laquelle nous trempons désormais avec sérénité et béatitude. En visant bien, ils pourront peut-être s’intégrer dans un dossier de nomination classique, initié dans le passé, avant l’entrée en vigueur de notre si belle réforme, et griller la priorité à un autre prétendant à la succession d’un notaire cédant, cet autre prétendant, calé sur les délais habituellement fort longs de la filière de nomination traditionnelle, n’ayant pas vu venir le coup (comment peut-il se douter, d’ailleurs, qu’il a affaire à un notaire venu du futur, à une vitesse ultra- luminique, pour s’installer à sa place, si possible sans bourse délier ?). Les notaires venus du futur sur leurs vaisseaux ultra-luminiques pourront, naturellement, arborer une tenue seyante bien appropriée à leur nouvel état. Je préconise une cape, un collant avec le slip par-dessus, façon superman, et les initiales C.S.N. bien en vue sur leur fière poitrine. C.S.N. pour : Confrère Super Notaire. Le tout dans les bleu vif, jaune pétant et rouge agressif. Notons tout de même que le notaire de l’avenir, qui ira depuis le futur jusque dans le passé, ne paiera peut-être rien pour s’installer, mais devra débourser vachement de thune pour s’équiper en machine à remonter le temps. Du moins je le présume. Quelle magnifique vision d’avenir nous avons là, mes chers/chères confrères/consoeurs ! Car c’est ainsi que notre bonheur adviendra.