Voici une petite chanson à fredonner sur l’air de « j’ai la rate qui s’dilate » du bergeracois Gaston Ouvrard…
« Je suis notaire,
et depuis peu, c’n’est pas rigolo,
Je suis d’une humeur précaire,
Et je m’fais un mauvais sang fou,
J’ai beau vouloir me remonter
Je souffre de tous les côtés.
J’ai l’ordi qui dit no
J’ai l’écran qu’est ballant
J’ai l’bureau qu’va volo
J’ai l’papier déchiré
L’code civil incivil
Et les clients bien trop chiants
Mes salariées indisposées
Le négo au repos
La comptable sous la table
Et les clercs plus très clairs
La secrétaire bien sectaire
La formaliste en bout’d liste
Le standard en stand-by
Le téléphone bien aphone
Le copieur en rameur
Les combines qui s’débinent
Le formulaire qui prend l’air
Le facteur pas à l’heure
L’jurisclasseur pas classé
La vitrine déboitée
Ah ! bon Dieu ! qu’c’est embêtant, car rien n’va plus comme avant, Ah ! bon Dieu ! qu’ c’est embêtant de manquer autant d’allant.
Pour tâcher d’en acquérir, un matin tout dernièrement
Je suis allé rendre visite au député du département.
« Mon cher maître que puis-je pour-vous ? » qu’il m’a demandé.
C’est bien simpl’ que j’y ai répliqué :
J’ai l’ordi qui dit no
J’ai l’écran qu’est ballant, etc…
Et puis voyez-vous c’n’est pas tout
J’ai la Caisse des Dépôts qui refuse mes dépôts
J’ai l’bureau des hypo qui refuse mes dépôts
J’ai le centre des impôts qui m’fait payer plein pot
J’ai l’administration qui me donne l’addition
Le conseil des prud’hommes où j’en prends plein la pomme
Le conseil municipal qui râle, c’est la totale
Le client qui fout le camp
Les héritiers au chevet
Les créanciers au taquet
Alors mon député me dit : « La loi Macron vous sourit
Car si vous avez des soucis, bientôt ça ne fera plus un pli ».
Bien plus tard j’lui répondis :
J’n’ai plus l’ordi qui dit no
Plus que l’écran qu’est ballant
Plus d’bureau : embarqué
Plus d’papier : pas payé
l’code civil : infantile
Et les clients ? Plus d’clients
Mes salariées ? Licenciées
Le négo, en psycho
La comptable, sans la table
Et les clercs, encore moins clairs
La secrétaire, c’était hier
La formaliste, en check-list
Le standard, en fumoir
Le téléphone, bien atone
Le copieur… Quel copieur ?
Les combines qui reviennent
Le formulaire qui a drôle d’air
Le facteur bien à l’heure…
L’jurisclasseur, plus classé
La vitrine dessoudée
Voyez-vous, j’suis gêné
Pour travailler, c’est vexant
Car maint’nant, j’suis forcé d’m’arrêter… »
Arnaud Hote