Bien que logique, la chute d’activité durant la période estivale a un peu plombé le moral de notre panel. À très court terme, on observe un fléchissement des prix des logements et une stabilisation de ceux des terrains et des commerces. Gros plan sur la tendance du marché immobilier à partir d’une enquête rédigée le 23 septembre et réalisée fin août auprès d’un panel de notaires négociateurs répartis sur toute la France.

Tendance concernant l’activité

Petite baisse de moral chez nos correspondants quant à l’évolution de leur activité. Alors qu’à la fin du printemps, 37,5 % étaient « très optimistes », ils ne sont plus que 14 % à la fin de l’été. D’où la poursuite d’une tendance estivale maussade alors qu’une reprise paraissait plus conforme aux espoirs antérieurs. Fin juin, pour l’ensemble du territoire, le nombre de ventes cumulées sur 12 mois atteignait déjà le chiffre de 830 000. Cette valeur est proche des maxima observés avant la crise. Que le marché reprenne son souffle en ce début d’automne n’apparaît donc pas contraire aux anticipations traditionnelles.

Tendance concernant les prix

Les prix des logements se sont progressivement relevés du marasme depuis 1 an, aidés en cela par la tendance inverse des taux d’intérêt. Toutefois, les prévisions faites fin août par notre panel de notaires apparaissent beaucoup plus nuancées. Est-ce le même effet « retour des vacances » que celui constaté l’an passé à la même époque ? Force est de constater qu’en dehors de quelques privilégiées (Paris, Bordeaux, Lyon, Montpellier et Nantes), aucune ville ne peut encore afficher un taux de progression positif sur les 12 derniers mois. En région, bien que les 2/3 de nos correspondants prônent la stabilité, la part des pessimistes augmente. Elle passe ainsi de 24 % à 29 %. Celle des optimistes retombe à 6 % (contre 9 % deux mois plus tôt). La perspective d’élections pesant généralement sur l’évolution des prix immobiliers, il y a peu de chances d’avoir une forte amélioration dans les prochains mois.

Le conseil des notairesMEDIATION

Dans bien des esprits, la reprise économique qui se dessine depuis quelque temps devrait s’accompagner d’une amélioration générale du marché immobilier, les taux d’intérêt demeurant à leur niveau actuel et le BREXIT ne semblant pas avoir perturbé l’activité industrielle et commerciale. 53 % des notaires interrogés maintiennent donc leurs conseils à l’achat d’un nouveau logement avant la revente de celui détenu. Pour les terrains, ils sont 58 % à préconiser d’acheter avant de vendre.

Évolution de l’environnement économique

Bonne nouvelle : suivant le patronat français, la France peut non seulement enrayer le déclin actuel, mais aussi se réindustrialiser. C’est « la révolution en cours autour du numérique et de l’usine du futur qui permet aux entreprises de regagner en compétitivité » a ainsi déclaré le patron d’Arcelor-Mital France. En revanche, les économistes n’y croient pas trop. Ainsi A. Landier, de la Toulouse School of Economics, chère à notre prix Nobel Jean Tirole, estime que : « La France a désormais plus vocation à produire des idées et des concepts que des machines ». Suivant que l’on tourne les regards vers les problèmes d’ALSTOM et ceux du métallurgiste alsacien SOTRALENTZ en redressement judiciaire, ou les succès de DASSAULT avec le Rafale, on sera prêt à suivre l’un ou l’autre de ces augures. Quant à l’Europe, selon son Président Jean-Claude Juncker, elle traverse une crise « existentielle ». Le journaliste Bernard Guetta préfère qualifier de « foutoir » les rapports entre les 28 pays. Au vu de ces déclarations et devant tant d’incertitudes, il est peu probable que l’immobilier perde, même momentanément, son statut de valeur refuge.

bthionBernard Thion