Petite poussée de fièvre estivale, pour accompagner vos vacances :
1/ en Grèce
2/ au VaticanPIEDS_DANS_LE_PLAT
3/ en compagnie des astronomes
4/ en compagnie des écrivains
5/ en compagnie des historiens
6/ en compagnie des « zélus »
 7/ en compagnie des pauvres, des riches, des râleurs, des buveurs, des tontons-flingueurs, etc.

Je lis, ici et là, que « les intellectuels français » (il y en aurait donc encore !) auraient des états d’âme et découvriraient à nouveau Georges Orwell et son 1984 ! La belle affaire ! 1984 a bien eu lieu, (je pense, en 1984), pas sous la forme politique décrite dans le roman, mais dans la mise en œuvre de l’esprit totalitaire et de la pensée unique « libéro-totalitaire » (Thatcher, Reagan…). Évidemment, on ne verra jamais « physiquement » les blocs humains et politiques inventés par Orwell, mais la crétinisation continue du quidam, le consumérisme, la perte de culture (et non la perle de culture, ciel comme c’est spirituel !), etc., ont apporté un abaissement continu de la morale publique et du goût de vivre ensemble.

Depuis 30/40 ans, notre belle planète bleue s’organise en entités puissantes.

  1. Les sociétés humaines se regroupent, suivant leurs affinités culturelles, sociales, politiques, économiques, ou religieuses : bloc anglo-saxon, bloc chinois, blocs asiatiques, bloc européen (bien fragile certes !, avec ou sans l’Europe de l’est), bloc de l’islam, blocs innombrables des pauvres qui n’émergeront jamais. C’est un peu le même système d’agrégation que pour la formation des planètes et des astéroïdes, dans le vide spatial.
  2. Ces regroupements ne sont pas territoriaux : l’anglo-saxon, le chinois et le saoudien riches sont des riches avant d’être citoyens de leurs propres états. Les pauvres, par exemple les Grecs, sont avant tout des Grecs. Ils en sont réduits à un suffrage universel démonétisé (comme avant eux, les Français, les Irlandais les Néerlandais) ; ils sont esclaves de leur citoyenneté (ce qui est quand même rigolo vous ne trouvez pas ?) et de leurs États, qui sont eux-mêmes esclaves de leurs dettes vis-à-vis des particuliers riches. Le privé tient le public « en état ». Les pauvres sont enfermés dans la citoyenneté et dans la démocratie, ce qui est un comble, alors que les riches sont totalement libres de réduire les « untermenschen » en esclavage. Il n’y a aucune raison, aujourd’hui, pour que çà s’arrête. A la fin, comme en astronomie ou en physique, çà s’appelle « un trou noir » qui aspire tout, y compris la lumière (d’où son nom), ou encore « une singularité ». Et en effet, notre monde devient très « singulier »…

Tout ceci date bien, à peu de chose près, de 1984. Certains ont vu venir, ont anticipé, ont participé, ont souscrit et ont poussé à la roue. Ce sont les menteurs, les tricheurs, les malins, les renards, les chacals et les loups chassant en meute. D’autres n’ont rien vu venir, en pensant que, depuis 1945 et Nuremberg, la paix perpétuelle règnerait : ce sont les pigeons, les dindons, les moutons, les agneaux. Enfin bref, ce sont tous ceux qui sont aptes à fournir une agréable pitance aux puissants d’aujourd’hui (tiens, çà me fait penser à un autre Orwell : la ferme des animaux). Entre les deux races, on trouve les « zélus » qui passent désormais leur temps à cajoler l’électeur. Ils auraient tort de se gêner, « pourvou qué ça douré ».

Aujourd’hui, d’aucuns intellos semblent trouver que leur gueule de bois, au réveil, a « un goût de chiottes ». Les Grecs, pour en parler encore, ne sont pas dans cette situation lamentable depuis 1, 2 ou 10 ans. Mais depuis 30 ou 40 ans, grâce à la complicité active et passive, consciente ou inconsciente, de leurs dirigeants. Les Grecs devraient « appeler en garantie », comme on dit chez les notaires lorsqu’on veut « faire payer l’assurance », leurs anciens dirigeants et leurs complices étrangers, les faire comparaître, les juger, puis les faire vivre comme les chômeurs ou les retraités Grecs actuels. Non, non, rien de tout ce que je jacte ci-dessus n’est excessif : aujourd’hui, on demande aux Grecs de rembourser façon Shylock ; face à leurs créanciers, les Grecs auraient tort de se gêner. La guerre sans guerre existe donc bel et bien :

« la paix c’est la guerre, la liberté c’est l’esclavage, la vérité c’est le mensonge, l’amour c’est la haine« 

(Georges Orwell, 1984).

Paul Marcy