Dans les études notariales, les négociateurs sont souvent peu enthousiastes malgré la reprise de cette rentrée. Serait-ce l’effet Macron-logement qui heurte leur sensibilité ? La tendance générale demeure haussière avec cependant un répit plus prononcé pour les terrains à bâtir. Cette tendance du marché immobilier a été rédigée le 21 septembre. Elle s’appuie sur les résultats obtenus fin août auprès d’un panel de notaires issus de toute la France.
Tendance concernant l’activité
Fin août, les prévisions d’activité faites précédemment pour la période estivale se sont révélées plutôt pessimistes. Pour autant, dans les études notariales, les services de négociation immobilière ne paraissent pas enthousiastes pour cet automne. Cela vient-il du fait que sur le plan social, quelques difficultés, avec grèves à répétition, s’annoncent ? Pourtant, il n’est pas évident que ces perturbations sur le plan économique aient une répercussion sur le niveau des transactions qui devraient tutoyer globalement, pour 2017, le chiffre de 1 million (il ne dépassait pas les 850 000 fin 2016).
Tendance concernant les prix
Le déséquilibre entre les villes et la campagne demeure, mais la tendance à une augmentation des prix se maintient. Il est vrai que les conditions de crédit sont toujours excellentes, les taux ne dépassant pas les 2 % pour des emprunts à 20 ans. Pour autant, les perspectives à fin octobre paraissent plus nuancées que durant cet été. Les services de négociation commencent à sentir quelques réticences de la part des acheteurs devant les prix affichés.
- Pour les logements, ils ne sont plus que 12 % (contre 25 % précédemment) à croire à la poursuite de la hausse des prix. En revanche, 80 % parient sur leur stabilité car le marché immobilier est composé pour un tiers de primo-accédants aux moyens financiers limités.
- Pour les terrains, cette prévision de hausse tombe à 4 %.
- Pour les commerces, « l’effet Macron » tend aussi à se tasser.
Le conseil des notaires
40 % des acquéreurs sont actuellement des secondo-accédants. Près des trois quarts de nos correspondants notaires leur conseillent de vendre d’abord leur logement avant d’en acquérir un autre. Or, la tendance des prix étant plutôt à la hausse (ce qui devrait pousser les acquéreurs à précipiter leur achat et différer leur revente), on peut s’interroger sur les raisons de cet emballement à contre-courant du marché. Fondamentalement, cela signifie qu’à plus ou moins long terme, nos correspondants ne croient pas à une poursuite de la hausse des prix. Les mesures répressives que prépare le gouvernement en matière de patrimoine immobilier semblent devoir leur donner raison. Cependant, au niveau des terrains à bâtir, les avis sont beaucoup mieux équilibrés puisqu’il y a égalité entre les partisans de l’un ou l’autre de ces agissements.
Évolution de l’environnement économique
Les enquêtes de conjoncture publiées le 24 août par l’Insee le confirment : la France profite actuellement d’une embellie économique. Après deux années de croissance quasi nulle, suivies de trois années décevantes (1 % en 2015 et 1,1 % en 2016), le PIB devrait atteindre 1,6 % en 2017. Les carnets de commande des entreprises sont pleins et permettent une utilisation optimum des capacités de production. Le chômage a baissé et le taux d’emploi des 15-64 ans n’a jamais été aussi haut depuis 1980. Mais les mesures budgétaires du nouveau gouvernement pourraient quelque peu altérer cet élan en 2018. C’est ce que craignent nombre d’économistes et, semble-t-il, la majorité des notaires de notre panel. Ils doutent que la reprise se maintienne longtemps sur le marché immobilier…
Bernard Thion