Au secours, revoilà « T’es laid @cte », cette maudite propension administrative à vouloir faire tout rentrer, même de force, même quand « ça veut pas », jusqu’à faire blêmir de rage la fameuse Zézette du « Père Noël est une ordure« . Sauf qu’à l’époque, les cases étaient en papier…

Il n’y a pas que Zézette qui n’aime pas « T’es laid @cte », le « père de famille » n’apprécie guère davantage cet outrage du cantonnement de sa servitude dont la définition ne souffre pas le cloisonnement informatique. Mais, chers amis notaires, ennemis de l’asservissement digital à tout crin, ne vous inquiétez plus ! Nos instances ont désormais la solution (que je vous retransmets ci-après en cas de non Télé@ctabilité) :

« Mon cher Confrère,

Vous trouverez en pièce jointe un courrier commun signé avec la DRFIP relatif à Télé@ctes.

Lorsqu’un acte n’est pas télé@ctable, vous devez identifier les raisons de la non-télétransmission :

          Si le problème est d’origine interne :

Il vous appartient d’en rechercher les raisons et de corriger le problème.

          Si le problème est d’origine externe :

Il vous appartient de transmettre les données du problème aux deux référents de la Chambre (cf courrier et liste des interlocuteurs), à l’aide d’un mail clair et circonstancié.

Vous voudrez bien regrouper les problèmes sur un même mail transmis par vous-même et non par vos collaborateurs.

Je vous remercie et vous prie de me croire,

Votre bien dévoué Confrère. »

En clair, il nous appartient, à nous notaires, d’identifier les raisons de la non « Télé@ctabilité » ! Eh bien moi je vais vous la dire la raison : « T’es laid @cte, c’est de la m… !  » Voilà c’est dit, je n’irai pas plus loin. A l’époque de sa conception, il ne fallait pas accepter n’importe quoi, ne serait-ce que par respect pour ce bon vieux « père de famille ».

Mais c’est pas tout, mais c’est pas tout… Les cybernotaires que nous sommes désormais sont maintenant priés d’accepter, de gré ou de force, le nouveau système de visioconférence mis au point par l’ADSN (AnDré ASsèNe ;-). L’un des concepteurs-développeurs (peut-être davantage développeur d’ailleurs…) a eu l’idée (qui depuis fait malheureusement son chemin) de supprimer la participation des notaires « non-visio » intervenant dans un dossier mené par un notaire « visio » ! Comme ça, mon gars, ben t’as plus qu’à t’équiper, sinon tu pourras plus participer !

Pauvre Pierre de Coubertin, l’essentiel n’est plus maintenant de participer mais bel et bien de s’équiper ! Bref, le métier de notaire qui n’était déjà pas très physique, va devenir de plus en plus sédentaire et de moins en moins convivial. Mais il est vrai qu’entre « convivialité et « confraternité », le préfixe ne change pas !

« T’es laid @cte » et « Visio conférence », voilà l’avenir de notre profession ! Prêtez-y attention et prenez garde à la maintenir (votre attention) car c’est pas gagné malgré vos outils informatiques super-hyper-perfect dernier cri et j’en passe.

Ben oui, parce que, le paradoxe de cette merveilleuse technologie, c’est qu’elle nous la fait relâcher, notre attention, puisque ce sont les machines qui l’exercent à notre place. Déjà en 1996 (époque de la tour CD Rom : vous vous souvenez certainement…), mon comptable avait pour habitude de se défausser sur la machine en disant lorsqu’il avait commis une erreur : « c’est pas moi, c’est la machine ! ».

Nous vivons actuellement une phase d’externalisation de l’attention vers les ordinateurs. Les technologies sont ce que nous en faisons. Actuellement, nous les utilisons principalement dans le seul but de compétitivité et de profit immédiat, les deux mamelles du capitalisme depuis le milieu du 19ème siècle, et la phase d’externalisation de l’attention vers des machines de plus en plus sophistiquées participe de cette compétitivité exclusive. L’externalisation de l’attention concerne pour le moment principalement l’attention de reconnaissance, comme la technologie qui permettra bientôt à tout un chacun de se faire transporter dans une voiture qui se conduira toute seule. Des voitures sans chauffeur ! Alors pourquoi ne pas imaginer des actes notariés sans notaire ? Le monde idéal ne serait-il pas un monde sans notaire, sans avocat, sans juge ? Bref, la Zénitude ! Car l’authenticité peut se programmer ! Sauf si l’on prend garde de ne pas externaliser la seule attention qui vaille : celle créatrice et réfléchissante même si les algorithmes commencent désormais à l’appréhender. What a wonderful world !