Et si notre discipline s’était endormie ? Petite prière peu orthodoxe pour la sortir de sa douce torpeur…
Ô Sainte Discipline, toi qui trônes au Panthéon du Notariat, entre Saint Tarif et Sainte Confraternité, pourquoi puis-je encore douter de ton existence ? Pourquoi moi, second syndic de ma Chambre et ancien président d’un congrès sur le consommateur (1), ne suis-je pas persuadé de ton règne ? Qui pourra m’ôter de l’idée que tu t’es endormie, bercée par les douces paroles de certains confrères, ceux-là mêmes qui rappellent tes règles quand ça les arrange et qui les bafouent dès que tes lieutenants ont le dos tourné ? Qui me fera croire qu’armée de ton glaive, tu tranches encore souvent pour régler avec justice et justesse les différends avec nos clients, nos instances, voire avec ceux qui parmi nous ont oublié jusqu’à ton existence ? Pourquoi n’envoies-tu plus tes légions, pourquoi ton bras armé s’est-il adouci ? Et s’il s’abat encore parfois justement, comment s’assurer de la bonne application de tes sanctions ? Sainte discipline, reveille-toi avant que d’autres ne te volent ton glaive et n’en usent, non pas avec nous mais contre nous ! Nous avons la chance unique en France d’être la seule profession capable d’appliquer tes règles en tout cas pour leur majeure partie. Beaucoup nous envient. La réforme récente et bienvenue a même renforcé ton action en transmettant tes pouvoirs à un échelon plus distant, moins proche du justiciable que nous pouvons tous être amenés à devenir. Il nous faut maintenant, avant qu’il ne soit trop tard, trouver le temps, le courage, l’énergie et les moyens de faire respecter tes lois, sans quoi tu nous échapperas à jamais pour te rendre dans d’autres bras. Sainte discipline réveille toi ! Ne refuse pas la main que certains d’entre nous te tendent encore, et, tous ensemble, continuons à faire que cette belle profession soit encore digne de respect !
1. Congrès du Mouvement Jeune Notariat, Séville 2004.