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L’article de notre rédacteur Jean-Paul Gayot, sur le mariage pour tous (Notariat 2000 n°531, page 28-29), a fait réagir bon nombre de nos lecteurs. Nous publions de larges extraits de deux d’entre eux.

• « Je viens de prendre connaissance de l’article sur le mariage paru dans votre numéro de septembre. Que Me Gayot se rassure, il n’attirera pas « les foudres des censeurs de la moralité » en évoquant ce sujet brûlant d’actualité puisqu’il ne prend parti ni pour ni contre le mariage entre personnes du même sexe. Je me permets toutefois de rappeler que le mariage homosexuel est légal dans bon nombre de pays d’Europe et que tout notaire de France peut être amené à recevoir un contrat de mariage, notamment lors d’un changement de régime matrimonial, entre deux personnes du même sexe. Par contre, je suis choquée par l’amalgame que fait Me Gayot, à la fin de son article, entre l’homosexualité et la polygamie. Cela me rappelle les propos de Brigitte Barèges, députée de la précédente majorité, qui s’était écriée en pleine Assemblée nationale : « Et pourquoi pas avec des animaux ? » ou ceux de Monseigneur Barbarin. Comme l’a écrit Roselyne Bachelot, « le mariage est devenu, au fil des profondes mutations économiques et des avancées des libertés individuelles, la proclamation devant la société d’un lien amoureux et d’une volonté de vivre ce lien dans une institution à qui cette société reconnaît des droits justifiés par les devoirs d’entraide mutuelle auxquels s’obligent les époux (…) Tout ce qui justifiait de réserver le mariage aux seuls couples de sexe différent a volé en éclats dans notre république laïque et paritaire. En permettant le mariage entre deux personnes de même sexe, il est temps d’ouvrir une nouvelle page de nos libertés ». Les notaires ne sont-ils pas « notaires de la République » ?

• (…) « A ma connaissance, Notariat 2000 est la seule revue à avoir osé lancer la discussion sur le projet de loi autorisant le mariage homosexuel, avec l’article signé par Jean-Paul Gayot. (…) Je fais partie de ceux qui déplorent le point de vue exprimé- au sujet du mariage gay – par notre nouveau Président du CSN, lequel, craignant « une loi trop hâtive », se pose beaucoup de questions et considère qu’il faut « attendre que la société soit prête ». Moi, je suis un pragmatique. Je n’ai pas d’états d’âme. J’espère être notaire pour, au moins, deux décennies encore et continuer à saisir toutes les opportunités de développement. Car je suis convaincu que le mariage homo va nous donner beaucoup de travail ! Plus de contrats de mariage – en moyenne – qu’avec les hétéros. Des adoptions, bien sûr. Plus de liquidations, lors de fréquentes séparations, parce que c’est une population qui « zappe » beaucoup (je l’ai déjà vérifié, avec les PACS). Et que dire des contrats de location de mères porteuses ? Nos représentants ne devraient ils pas exiger – vu leur importance – qu’ils soient nécessairement authentiques ? Délégataire d’un état de Droit, j’estime que ma mission, c’est de servir, au mieux, mes clients, dans le cadre de la législation en vigueur. Un point, c’est tout ! »