« La négo à l’épreuve de la crise : il n’y a pas lieu de s’alarmer ! »
Peut-on faire pire pour la négo que la crise actuelle, immobilière puis financière ? Paradoxalement, pour Jérôme Bordes, président du directoire des Éditions Notariat Services à Pompadour, elle peut s’avérer être une chance pour le Notariat. Explications.
Notariat 2000 : La crise actuelle met la négo à rude épreuve. Pouvez-vous nous donner quelques bonnes raisons de rester positif ?
Jérôme Bordes : Tout d’abord, le marché de l’intermédiation immobilière connaît un retour à une situation sensiblement plus épurée. Beaucoup d’agences avaient surgi de nulle part ces dernières années, elles sont en train d’y retourner. Deuxième point positif, l’offre redevient abondante, avec une conséquence inévitable, la baisse des prix. Les acquéreurs retrouvent une situation qu’ils n’avaient pas connue depuis des années, celle de pouvoir choisir et peser sur le marché après plusieurs années à subir la loi des vendeurs. Par ailleurs, la situation calamiteuse des marchés boursiers et la crainte légitime causée par les produits financiers favorisent l’immobilier dans les projets des investisseurs. De plus, les besoins de logements insatisfaits sont loin de diminuer, et le quasi-arrêt de la construction dans le neuf ne peut que relancer la demande dès que la situation, notamment sur le crédit, paraîtra stabilisée, moment dont nous ne sommes plus très éloignés. Pour ces diverses raisons, il n’y a pas lieu de s’alarmer sur l’avenir, même à court terme, de la négociation notariale. Au contraire, elle devrait sortir renforcée de cette crise, beaucoup d’offices ayant compris que cette activité est et restera essentielle au développement de leur étude. La période actuelle doit conduire à son développement et non pas à son arrêt.
Notariat 2000 : La crise accélère les mutations et les évolutions dans bien des secteurs, notamment dans celui de la publicité immobilière. Le développement d’Internet va-t-il conduire à la disparition des journaux immobiliers ?
Jérôme Bordes : Aujourd’hui, chacun est conscient de l’importance prise par internet dans la communication et la publicité immobilières. Les avantages sont multiples. Les coûts, même s’ils sont loin d’être négligeables, sont sensiblement inférieurs à ceux occasionnés par l’édition de journaux. Cependant, bien qu’annoncée par certains (était-ce un rêve, un souhait ou le résultat d’une analyse ?), la disparition des journaux immobiliers n’est pas pour demain. Internet est incontournable pour la recherche d’acquéreurs, la presse doit en tenir compte, et se positionner strictement sur ce seul créneau serait une erreur. Mais les journaux restent essentiels pour toucher le public en général et les vendeurs en particulier.
Notariat 2000 : Le concept des journaux immobiliers a-t-il évolué ?
Jérôme Bordes : L’époque n’est plus à la publication de simples feuilles d’annonces. Les journaux doivent apporter du contenu et de la qualité. Leur tirage doit être réglé au mieux selon le potentiel de lecteurs. Dilapider du papier en inondant une zone sans se préoccuper du volume réel d’exemplaires pris et ouverts n’est plus écologiquement correct et les années à venir ne seront certainement plus celles du gaspillage.
Notariat 2000 : Quel avenir voyez-vous pour la publicité immobilière ?
Jérôme Bordes : Un avenir serein qui se fera par le biais de deux médias complémentaires : le web pour toucher les acquéreurs ; le papier, qui en étant plus une vitrine qu’une aide à la vente, va permettre de garder le contact avec les vendeurs et la clientèle des études en général.