J’ai fait un rêve…
Le « Notariat », paquebot construit récemment par les Chantiers Syndicaux Navals -CSN en abrégé-, voguait à toute vapeur sur l’océan Atlantique en direction du Nouveau Monde. Pour l’inauguration de la ligne, le capitaine, fier de son navire, avait reçu à sa table de nombreuses délégations étrangères, spécialement chinoises, vietnamiennes, et des pays de l’Est. Il avait vanté l’insubmersibilité de son paquebot, bénéficiant des techniques de construction les plus modernes. L’atelier Mnémosyne s’était chargé de l’informatique du navire et ses radars avaient détecté à temps les écueils de la concurrence, des directives de Bruxelles et de l’obscurité du tarif. Le ciel était pur pour une nuit de février, mais l’air glacé n’empêchait pas la fête de battre son plein. Les passagers de 1ère classe, les notaires « d’en haut », se mêlaient sans réserve aux notaires » d’en bas « , ceux du troisième pont qui avaient dû payer leur voyage en retroussant leurs manches et aider les soutiers à pelleter le charbon. L’orchestre du navire jouait sa valse préférée, il s’agissait de « Tous unis, je ne veux voir qu’une seule tête ». Le Second fit alors part de ses inquiétudes au Capitaine. » Ne pensez-vous pas, Capitaine, que nous avons pris un itinéraire trop au Nord ? « demanda-t-il. » Mais non, Cher Ami, les chantiers qui ont construit le « Notariat » sont les meilleurs du monde. La double coque que constituent l’authenticité et la démarche qualité, nous garantit contre les agressions extérieures. » Hélas, la sirène d’alarme se mit soudain à sonner. Le » Notariat » avait heurté l’iceberg » rejets et refus hypothécaires « . Le navire se mit à sombrer lentement, au son de l’orchestre qui jouait l’hymne d’adieu « A bientôt à Pompadour ». Il n’y eut pas assez de canots de sauvetage pour tout le monde et des scènes dramatiques d’assaut, comme celles ayant lieu devant les buffets de congrès, furent rapportées par les survivants.
Et puis je me suis réveillé…