Tous les notaires au Zénith ! Pour certains, une mobilisation place Vendôme avec les collaborateurs, notaires honoraires, partenaires de la profession, voire les clients, aurait eu plus d’impact. Dialogue avec moi-même…

 

MOI (conventionnel et résigné) : Le notariat bouge, manifeste, dessine un avenir pour 2020, trace des perspectives. Allez, tous au Zénith ! Moi (électron libre) : Euh, tu commets une erreur : “tous” devrait signifier TOUS… Or, le Zénith contient au grand maximum 4 500 places.

MOI : Ne râle pas pour râler…

Moi : Alors, selon toi, les salariés du notariat ne comptent pas ? On parle d’un métier, pas des patrons !

MOI : Il paraît que les salariés refusent de soutenir les notaires parce que ces derniers refusent eux-mêmes de les aider pour défendre la survie de la CRPCEN.

Moi : Le Président Ferret dénonce “l’intransigeance”* des syndicats… Il n’empêche que les salariés, contactés individuellement par leurs patrons, doivent faire partie de la manifestation. Ce serait une erreur colossale de ne pas les joindre à nous !

MOI : Tu as raison, tous ceux qui vivent du notariat doivent être solidaires ! Nous avons besoin d’alliés, nos salariés sont les premiers d’entre eux. D’ailleurs, que vaudrait un général qui ne saurait pas évaluer les forces en présence ?

Moi : À défaut du stade de France, il fallait proposer une manifestation place Vendôme et appeler nos clients à nous soutenir…

MOI : La décision a été prise au plus haut niveau. Elle émanerait de l’expression de la solidarité notariale perçue par les membres du CSN lequel a “le devoir de ne pas céder au mirage de la transparence absolue” (1) car “la discrétion est une des clés du succès dans une partie infiniment complexe”. Cet argument n’est pas toujours compris par certains confrères ; ils s’expriment alors avec une “certaine véhémence issue d’une insuffisante compréhension des enjeux (sic)”.

Moi : Revêtons, comme le Président Ferret l’a fait, “la robe du Diable” et demandons-nous, au nom du droit d’inventaire, si les élus du notariat, en leur temps, ont pris les dispositions qui s’imposaient ? La grande histoire s’écrit toujours avec “la petite”. Disons la vérité, enfin…

MOI : En tout cas, une chose est sûre : “La communication interne est un art difficile”. Tiens, si j’osais, je proposerais qu’elle soit faite par Notariat 2000 ! Cela nous changerait du “notarialement correct” !

Moi : Il n’empêche qu’au final, les notaires ont quelques raisons de s’interroger sur le devenir de la profession. Et comme l’a expliqué le Président Ferret, “ce n’est pas en se dressant sur sa route, en gesticulant ou hurlant des slogans hostiles que nous arrêterons le rouleau compresseur”.

MOI : Selon le conseiller de justice de l’Elysée, la grande profession du droit est “inscrite inéluctablement dans l’histoire de ce pays”. En clair, la fusion se fera tôt ou tard. Nous ne devons donc pas gagner une bataille, mais la guerre ! Et c’est un Churchill qu’il nous faut. Qui est prêt à en revêtir l’habit ? A sortir du “ni oui, ni non” qui a gelé le notariat dans ses fondements pendant 30 ans ?

Moi : Erreur, votre Honneur, c’est un général de Gaulle, fédérateur, et hors-la-loi comme au début de son action, qu’il faut élire pour conduire une manifestation grandiose. “Tous place Vendôme !”. Les patrons doivent offrir les billets de TGV à leurs salariés. Cela n’exclut pas des discours au Zénith, lesquels pourraient répondre au devoir d’inventaire affirmé par le Président Ferret. Le danger est grand pour la profession car il s’agit d’une véritable remise en cause. Il suffit pour s’en convaincre de relire le discours du Président à l’Assemblée de Liaison. “Il faudra demain (…) que la réputation acquise à raison d’une spécialité soit valorisée sans que les confrères ne la ressentent avec frustration (…) S’il n’est pas nécessaire que chaque notaire soit un chef d’entreprise, dans chaque office il devra y avoir un chef d’entreprise (…) Le bureau actuel du CSN a fait une priorité de la promotion des sociétés d’exercice libéral (…) Ce projet implique une évolution des mentalités professionnelles.”

MOI : C’est donc bien une révolution imposée au notaires par la pression des avocats…

Moi : Le chant du cygne, la Perestroïka, …qui s’imposera à la grande profession du droit en germe (on ne le dit pas encore…), prête à déferler sur le pays, sauf si l’ensemble de la profession (patrons et salariés) manifeste clairement, bruyamment, fermement et avec un argumentaire sans failles, son opposition à la destruction de l’officier public au service de l’authenticité, pilier du droit français.

MOI : En fait selon les dernières nouvelles, nous avons gagné la bataille, mais probablement perdu la guerre…

 

NDLR : à l’heure où nous publions cet article, la manifestation du Zénith n’a pas encore eu lieu…

* Toutes les citations en italiques ont été prononcées par le Président Ferret.