Jusqu’aux lois de « solidarité » entre les caisses de retraite consistant à combler le déficit des unes en ponctionnant les autres, la Caisse, couvrant maladie et retraite de nos collaborateurs, a porté allègrement ses 70 printemps. Le projet de réforme des retraites la met-elle en péril ?
Créée en 1937, dans la foulée du Front populaire, par Théophile Bosseau qui a su utiliser les changements politiques d’alors pour concrétiser un rêve que peu de ses collègues osaient, la Caisse est munie d’une bonne réserve. Elle a satisfait depuis des générations de clercs et employés. La retraite féminine, dès 55 ans, y était appréciée, bien qu’aujourd’hui contestée en application de l’égalité des sexes ! Dès lors, fallait-il que les hommes puissent aussi y prétendre ? Autre sujet de préoccupation : le déséquilibre budgétaire qui est fort explicitement démontré dans le dernier numéro du lien social (n° 94). La ponction solidaire (près de 67 millions d’euros !) en est la cause. Régimes spéciaux
En réalité, la Caisse n’est-elle pas victime de son appartenance nominale aux fameux « régimes spéciaux » para-fonctionnarisés (EDF, SNCF, etc.) ? L’amalgame est facile. Pourtant, d’évidence, qu’y a-t-il de commun ? Rien ! En revanche, nous relevons une différence fondamentale. Cet excellent régime, fût-il « spécial », n’a jamais rien coûté aux finances publiques. Reste que la tentation est forte de supprimer cette « dissidence » pour la joindre au fourre-tout du régime général. Pourquoi devrait-on laisser faire, sans mot dire, ce déni au bon sens qui voudrait charger une grande barque déjà au bord de la noyade en y faisant monter une petite structure, financièrement équilibrée et satisfaisante pour ses usagers. Nos collaborateurs tiennent à leur régime, spécial ou non, mais autonome. Notre devoir qui rejoint l’intérêt de la profession toute entière est de les soutenir dans cette épreuve, car ce régime a été et sera aussi celui de chacun de nous, leurs employeurs. Nous en avons bénéficié étant clerc ou notaire assistant. Nous le retrouverons à notre retraite dont la pension s’additionnera à celle de notre propre Caisse.
« Décoiffer Paul sans recoiffer Pierre »
À la logique purement financière d’une compensation aveugle qui décoiffe Paul sans recoiffer Pierre, répondons par le simple bon sens : laissons vivre cette modeste Caisse qui ne demande rien à personne et remplit parfaitement sa double mission tant auprès des actifs que des retraités. N’oublions pas que l’excellente réputation de cette Caisse contribue à motiver la candidature de nos demandeurs d’emploi et à les fidéliser chez nous. Nos dirigeants ne peuvent assister passifs à ce démantèlement si préjudiciable à l’ensemble de notre profession toute entière. Celle-ci devrait d’ailleurs faire preuve d’une solidarité active et sans faille. La suppression programmée ne suffirait de toute façon pas à équilibrer le Tonneau des Danaïdes qu’elle serait censée remplir ! En attendant, sa réserve si bien constituée s’y emploiera sous peu.