Lundi 5 avril, couffin de Zohra D, 3 mois….

 

Ah j’ai bien dormi cette nuit ! Pour une fois, maman s’est couchée tôt, sans avoir été obligée de serrer des centaines de mains moites, sèches, transpirantes ou encore d’une propreté douteuse. Pour une fois, elle est rentrée directement du bureau, alors oui, j’ai bien dormi… Depuis quelques mois, je la sens nerveuse et surmenée. Alors pour pas m’inquiéter, elle me lit les histoires du Petit Nicolas pour m’endormir (j’aime pas le Petit Nicolas, mais je peux pas lui dire). Je crois qu’elle a peur d’être mise à la porte par son patron. En ce moment, j’ai l’impression que c’est lui qui décide de tout et que c’est maman qui paie les pots cassés quand les décisions sont mauvaises.

 

Le Petit Nicolas

L’autre soir, je l’ai entendu dire à papa qui était passé à la maison « Tu vas voir, avec tout ça, les notaires vont encore me tomber dessus, j’ai déjà eu les magistrats et les greffiers, maintenant les juges d’instruction et les notaires !!! » Pourtant, je sais que maman aime bien les notaires, d’ailleurs elle n’arrête pas de le leur répéter quand elle les croise. La semaine dernière, elle a confié à son amie d’enfance : « Je crois que le patron veut essayer de dresser les avocats contre les notaires. Il a d’abord fait semblant de favoriser les notaires en leur confiant les divorces, et maintenant, il veut favoriser les avocats en leur donnant le travail des notaires. C’est ridicule, c’est comme si l’on voulait confier le travail d’un cardiologue à un proctologue et vice-versa ! ». J’ai pas bien compris ce qu’était un proctologue, mais j’ai compris que maman en avait assez de son boulot.

 

Comme un poisson…

Avec tout ça, moi, je suis tranquille. Je me la coule douce au chaud dans mon couffin, nourrie et logée. Je crois vraiment que je vais rester là, j’ai pas envie de grandir ! Dehors, il fait froid et je vais devoir faire plein de « areu, areu » devant les journalistes qui vont encore harceler maman par des « Madame la Ministre, comment vous sentez vous ? Qui est le père ? Comment va votre fille ? ». Comme si j’étais un poisson sur un étal du marché…