Nous l’avons vu, la 7e commission mettait aussi en œuvre ses « méthodes » pour trancher vives de délicates problématiques internes. Il était inéluctable qu’un jour le Général rencontra le Maréchal…

 

Le Général l’avait surnommé « le Maréchal » car il ne faisait nul doute que, deux siècles plus tôt, son interlocuteur eut été Maréchal d’Empire. Il en avait le prestige, la dignité et les honneurs, mais aussi la puissance financière et politique (notariale). Il possédait « son » empire, construit en symbiose avec le notariat. Il gérait et régissait les contrats d’assurance et de prévoyance de la profession, ainsi, notamment, qu’une société de placements financiers. Cette dernière était réclamée par les gestionnaires de patrimoine en herbe, désireux d’offrir à leur clientèle des solutions « maison ». Mais, depuis quelque temps, la situation s’était tendue.

 

« Informatique n’est pas finance »

Alors que le Maréchal avait l’âge de la retraite et avait commencé à organiser la cession de son empire, le notariat, fier d’avoir conçu des protocoles informatiques propriétaires (accès à l’internet, identification personnelle) non compatibles avec le reste du monde, lui confia une mission. Il s’agissait de créer une société informatique devant développer et commercialiser logiciels et formulaires spécifiques, destinés à devenir le tronc commun informatique de toutes les études de France… et de Navarre. Peu importe les bonnes ou mauvaises raisons qui poussèrent le CSN à accomplir cette démarche. Toujours est-il que les deux intervenants, mandant et mandataire, oublièrent que le notariat avait toujours échoué dans cette démarche (cf ADSN, CNI et précédents avatars). Le Maréchal se lança, sans états d’âme, dans cette entreprise : quelques millions à droite, une équipe conduite à la baguette à gauche, et un calendrier de commercialisation alors que la société était sur les fonts baptismaux. Malheureusement, l’informatique n’est pas la finance ! Repartir à zéro alors que les concurrents avaient des outils affinés par presque deux décennies d’expérience et pré-équipaient déjà tous les offices, avait tout d’une gageure. Face à un produit qui n’était pas abouti, des délais non respectés et des primo-utilisateurs qui essuyaient les plâtres, la commercialisation tomba en panne sèche.

 

Lente agonie

Le ton changea, l’équipe aussi. Des concurrents furent débauchés, et la politique commerciale ressembla à la traversée d’un champ de pâquerettes par un char d’assaut américain. Rapidement, il fut proclamé en AG que l’on n’était pas patriote si on ne se fournissait pas en interne. Certains regrettèrent même que ce ne fût pas obligatoire. Il se trouvait, parmi les convertis au nouveau système, un taux anormalement élevé d’élus de la profession ou de futurs élus. La fin est bien connue : après une très lente agonie (et plusieurs offices handicapés), il y eut une faillite retentissante (volontaire et assumée financièrement), accompagnée d’une mystérieuse reprise d’une société informatique du secteur libéral. Le notariat aurait sans doute pu trouver un meilleur cadeau de départ pour le plus solide de ses partenaires. Et comme un malheur n’arrive jamais seul, un célèbre journal économique en profita pour qualifier le Maréchal de « nébuleuse du notariat ». Il en fut profondément blessé, d’autant que ce n’était vraiment pas le moment, ni pour le notariat, ni pour le Maréchal. Pour finir, l’alternative audacieuse qu’il proposa lors de la renégociation du contrat d’assurance responsabilité-civile, son domaine de prédilection, fut repoussée par la profession. On dut se résoudre à persévérer selon les mêmes modalités qu’auparavant, mais avec une copieuse augmentation au passage. La rencontre historique aura-t-elle lieu ? Que pourrait-il en advenir ? Suite et fin dans le prochain numéro…