“La société évolue. Le droit s’adapte. Le métier de notaire change.” Tels sont les propos de Michèle Alliot-Marie dans son message lors du 50e Congrès du Syndicat National des Notaires qui s’est tenu en Avignon du 15 au 17 octobre derniers.

 

“Le métier de notaire change”… Il serait plus judicieux d’affirmer qu’il doit changer. Certes, le métier a déjà évolué ; mais de quelle évolution s’agit-il ? Celle qui consiste à appliquer par-ci par-là des “mesurettes” de modernité ? Celle qui a mis en place l’informatisation, intranet, Réal, Télé@cte ? Celle qui a consisté à rendre la profession un tout petit peu plus transparente, à lui procurer une meilleure formation ? Loin de moi le désir de dénigrer tout ce qui a été fait par et pour la profession (bien au contraire !), mais on ne m‘ôtera pas de l‘idée que nous sommes à l’aube d’un réel changement. Beaucoup d’entre nous le pressentaient depuis longtemps, “le notariat de papa, c’est fini”. En fait, je me demande si nous ne sommes pas comme le taureau dans l’arène… déjà morts mais nous ne le savons pas.

 

Crise d’identité

Quels changements ? C’est bien là toute la cause du malaise que nous traversons. Nous sommes en pleine crise d’identité parce que nous ne savons plus qui nous sommes aujourd’hui, et encore moins ce que nous serons demain. Certes, nous pourrions épiloguer des heures sur les causes de nos pertes de repères… Pour les résumer, il suffit de penser à toutes les attaques dont notre profession a fait l’objet ces dernières années. La dernière est la proposition de loi sur l’acte contresigné par avocat. L’arbre ne doit toutefois pas cacher la forêt. Que cette loi soit votée ou non, nous ne devons pas nous contenter de regarder vers l’avenir : ce serait risquer de nous voir imposer un mode de fonctionnement ne nous convenant pas. Au contraire, nous devons “créer demain”, même si ce n’est pas facile en période de crise, relever la tête, sortir le nez du guidon ! Nos amis les avocats font déjà bouger les lignes. Qu’attendons-nous pour réinventer totalement et profondément notre profession, pour choisir et ériger nous-mêmes nos nouvelles bases ? Évidemment, nous devons veiller à conserver nos valeurs fondamentales : confraternité, solidarité, tarif, authenticité, encore que… Mais il nous faut surtout trouver une nouvelle voie.

 

Voie nouvelle

Il ne s’agit pas d’ajouter telle ou telle corde à notre arc, mais de changer radicalement l’essence même de notre métier. Cet exercice est difficile et périlleux, j’en suis conscient. Difficile parce qu’il nous faut au préalable abandonner nos vieux schémas et notre culture profonde. Du passé, faisons table rase pour créer un avenir meilleur. Périlleux, parce qu’il y a le risque de voir s’écrouler tout l’édifice de notre profession si nous échouons. Mais devons-nous assister impuissants à notre mise à mort lente et douloureuse ? Ne devons-nous pas tenter le tout pour le tout ? La question reste entière cependant, que faire ? Que proposer ? Des propositions, comme celles de Me François Taddéï dans notre dernier N2000 (1), peuvent être intéressantes. Le modèle d’autres notariats pourrait également nous éclairer (regardons en Espagne ou en Allemagne avec l’avocat/notaire)… C’est à nous, tous ensemble, sous l’égide de nos instances, d’inventer le nouveau notariat de demain. Si nos représentants lancent le mouvement, je suis certain que bon nombre et peut-être les meilleurs d’entre nous s’attelleront à la tâche.

 

1. “Il était une fois…”, page 10, n°506