Plus le monde tourne et plus il est réclamé de transparence. Une valeur fondamentale qui fait écho à la notion de confiance…
MOI : Plus le monde tourne et plus il est réclamé de transparence. Même les paradis fiscaux, même l’intouchable Suisse sont sur la sellette. C’est tout de même incroyable ce changement, est-ce que cela va durer ?
Moi : C’est à souhaiter ! On a peine à croire qu’il y a encore peu de temps le mot « transparence » renvoyait à la Révolution française ou au régime de Pol Pot, avec, sous-entendu, « vous voyez à quoi cela mène la transparence ! ».
MOI : J’ai lu dans une interview du journal « Le Point » que Bernard Kouchner, pour être administrateur aux Etats-Unis, aurait dû passer au tamis du Sénat, autrement dit « se mettre à poil ! ».
Moi : Tu as dû également noté que Jim Hoagland, chroniqueur au Washington Post, pense qu’aux Etats Unis l’on est arrivé à un stade devenu trop « puritain et irréaliste ». Pour lui, les candidats à l’Administration hésitent et même renoncent à se présenter pour ne pas se soumettre à un tel processus inquisitorial. Il prétend que le président Obama a mis la barre encore plus haut en affirmant que son administration serait la plus morale de l’Histoire. Est-ce qu’on imaginerait en France, un Président formulant le vœu d’avoir le Gouvernement le plus propre de tous les temps soutenu par un groupe de députés ayant les mains les plus blanches qui puissent exister ?
MOI : Sais-tu que c’est aussi possible dans le privé ? J’ai suivi une émission de télévision concernant les diamants. J’ai appris que même à Paris, Place Vendôme, on pouvait acheter (donc se faire avoir) des rubis synthétiques sans que ce soit annoncé et affiché dans la vitrine.
Moi : As-tu vu le comportement modèle des diamantaires d’Anvers ? Pas de contrats, pas d’écrits, donc pas d’avocats, pas de notaires. Tout est basé sur la confiance. Une seule escroquerie importante en 2003, je crois… Le moindre comportement suspect est dénoncé, la moindre sanction est affichée au vu et su de tous.
MOI : C’est assez étonnant, voire troublant. Comment est-ce possible ? En fait, c’est le résultat de la conjonction du respect de plusieurs critères : connaissance et savoir-faire, rigueur, éthique, respect, ordre, transparence, efficacité, confraternité, solidarité, choix, liberté, sanction…
Moi : Je parie que tu as tout de suite pensé au notariat, te demandant pourquoi on ne parvenait pas à un tel résultat ?
MOI : C’est vrai et la réponse est assez simple. Il suffit de répondre à quelques questions.
• Connaissance et savoir-faire : La formation notariale n’est pas assez pragmatique.
• Rigueur, éthique, respect, ordre, confraternité, solidarité : C’est souvent mieux que chez la plupart de nos confrères libéraux, mais est-ce suffisant et n’y a-t-il pas un relâchement en cours ! Je le crains.
• Efficacité : certes, mais soyons francs, le rapport recherche/investissement/résultat n’est pas très bon. Trop de gabegie, trop d’administration, trop de prêt à penser, trop d’intérêts particuliers…
• Transparence : Combien de confrères oseraient l’imaginer, combien ont été sanctionnés d’une manière ou une autre pour l’avoir évoquée trop abruptement ? La Maison du Notariat, et singulièrement une grande partie de ses administrateurs, ne respecte pas la transparence que l’on affiche, que l’on pratique et que l’on assume dans les pays du Nord de l’Europe ou aux Etats Unis. Nous sommes encore sous un régime monarchique pour ne pas dire oligarchique.
• Sanctions : Souvent, elles ne sont pas prises et lorsqu’elles le sont, on le sait rarement. Il n’y a donc pas d’effet dissuasif.
Moi : Sais-tu ce que l’on va te répondre ? « Nous avons d’autres chats à fouetter pour l’instant, car c’est la crise ! ».
MOI : Ce serait une erreur. C’est en ce moment, plus que jamais, que le notariat doit faire la différence en affichant ses valeurs, en se montrant digne de la confiance mesurée que le public lui accorde, en se battant contre le scepticisme, le conservatisme, l’égoïsme…
Moi : Conclusion, il n’est pas vain d’espérer des changements, et nous attendons le président qui dira : « Yes, we can ! »