En pleine campagne médiatique sur « le mariage pour tous », l’article d’Anne-Marie Le Pourhiet, professeur de droit public, appelle à la réflexion…

Ras le bol de cette campagne médiatique destinée à nous faire prendre des vessies pour des lanternes, ras le bol de ces regards offusqués dès que l’on exprime une opinion de bon sens, ras le bol d’être obligé de se censurer de peur d’être condamné pour sexisme, homophobie, racisme, xénophobie, discrimination ou Dieu sait quoi encore… J’ai étudié le droit et, comme retraité, il m’en reste bien peu, mais tout de même suffisamment pour me demander si le monde, et particulièrement notre pays, marche sur la tête ! Et voilà que l’éclaircie vient d’Anne-Marie Le Pourhiet, professeur de droit public, laquelle s’interroge dans « Le Figaro » sur le sens de la « non-discrimination » qui conduit à faire fi du discernement sous le titre : « Ce n’est pas une question d’égalité ».

Gare au Code civil !

Qu’écrit Anne-Marie Le Pourhiet ? « Que, depuis des années, la conception française de l’égalité républicaine a sournoisement fait place à la notion de non-discrimination (…) Que la non-discrimination est progressivement devenue synonyme d’abolition du discernement (…) et que l’on fabrique, petit à petit, une société lobotomisée par ce que Renaud Camus appelle « l’industrie de l’hébétude’ ». Elle rappelle cette évidence : « Le mariage a toujours été universellement défini comme l’institutionnalisation d’un accouplement, c’est-à-dire de l’union sexuelle d’un homme et d’une femme. Il en résulte que deux hommes ou deux femmes ne peuvent se marier aussi vrai que les poules n’ont point de dents (…) C’est un constat de pur fait (…) Les Grecs et les Romains, qui n’étaient point homophobes, mais fins juristes et philosophes, n’ont jamais eu l’idée saugrenue d’épouser leurs éphèbes ». Elle conclut : « Serait-ce vraiment si difficile, au pays de Descartes et de l’Encyclopédie, de faire preuve de raison en trouvant un terme spécifique permettant de désigner correctement le partenariat homosexuel de façon à maintenir les distinctions qui s’imposent et éviter des énormités dans le Code civil ? »

Notaires, votre avis ?

J’habite Trévoux, capitale du Dictionnaire du même nom, lequel, dirigé par des Jésuites, s’opposa formellement aux Encyclopédistes au XVIIe. Je suis sûr d’une chose : sur ce sujet, les tenants de l’un et de l’autre se réuniraient pour dénoncer l’absurdité d’une telle confusion. Tout est dit. Soit on dépasse les bornes et, dans ce cas, « il n’y a plus de limite », comme le dirait le sapeur Camenbert ; soit on revient au bon sens et, surtout, à la rigueur des principes du Code civil. Dans ce cas, nous, notaires, devons faire connaître notre point de vue (1). Et pour répondre à la demande de Madame Le Pourhiet, je propose d’adopter le néologisme de « convolage »(2) pour désigner l’union entre deux personnes du même sexe, celui de « Mariage » restant le seul terme pour désigner l’union entre deux personnes du sexe opposé.

1. Dans « Le Figaro » du 26 octobre, Jean Tarrade, le nouveau président du CSN, s’est exprimé sur la question, mettant en garde contre une trop grande précipitation dans le projet de loi sur le mariage homosexuel. « Une mauvaise loi peut avoir des conséquences très lourdes. Avec ce projet, nous nous apprêtons à toucher à une institution millénaire. Le mariage a toujours été l’union d’un homme et d’une femme pour fonder un foyer et avoir des enfants. Nous souhaitons donc que toutes les répercussions de cette loi puissent être envisagées avant qu’elle soit promulguée. » 2. Du latin convolare : voler vers une union légitime prévue par la loi. On peut préférer « appariage » ou « accordage »…