Les Cridons ont la cote. C’est ce qui ressort de notre enquête réalisée auprès d’un panel de notaires dépendant des Cridons de Bordeaux, Lille, Nantes, Paris et Lyon (1). 97 % les jugent utiles et y voient l’une « des plus belles réalisations du notariat » (2) ! D’ailleurs, ne sont-ils pas, « par leurs décisions éclairées, le complément idéal du notaire »(3) ?

 

La fréquence d’utilisation ? SOUVENT : 52 %La fréquence d’utilisation est globalement bonne : 52 % les consultent souvent et 38 % parfois. Marc Chiboust (Seine-Saint-Denis), Bernard Touchard (Ille-et-Vilaine), Laurent Dallet (Charente) l’expliquent par le fait que les Cridons sont « indispensables ». « C’est un appui pour les petites et moyennes études, les réponses permettent très souvent d’ajuster nos conseils juridiques. » Jean-Paul Sorrentino, (Vaucluse). Pierre-André Sassard (Haute-Saône) et Jean-Louis Foursans-Bourdette (Pyrénées-Atlantiques) rappellent que cette institution est très enviée des avocats et fait autorité tant auprès des magistrats que de l’administration fiscale. En matière de fréquence d’utilisation, c’est, semble-t-il, à Paris et à Lyon, que notre panel serait le moins assidu (cf. tableau). Les plus férus seraient à Nantes (65 % de « souvent ») et Lille (60 %).

 

 

Les réponses écrites : CLAIRES : 56 %

Les Cridons répondent en moyenne dans les 15 jours (48 %), voire dans le mois (44 %). C’est encore trop long pour certains qui aimeraient des réponses dans les 5 jours. La réactivité a toutefois légèrement augmenté depuis notre enquête de 2004 (40 % répondaient dans les 15 jours). À Nantes, vite fait (94 % des réponses dans les 15 jours) rimerait avec bien fait (80 % de réponses claires). C’était déjà le cas il y a 7 ans. Lyon tire son épingle du jeu : la moitié des notaires interrogés obtiendraient des réponses rapides et claires. En revanche, on répondrait entre 15 jours et 1 mois à Paris (53 %), Lille (55 %) et Bordeaux (58 %). La patience des notaires serait toutefois largement récompensée à Lille où 88 % de notre panel saluent la clarté des réponses fournies. Paris détient le plus fort « score » de réponses décevantes (30 %). Tous Cridons confondus, notre panel regrette que les réponses fournies ne soient pas assez tranchées. « Ce sont souvent des réponses de normand ». Toutefois, tout ne dépend-il pas, comme le fait remarquer judicieusement la SCP Mazet-Auriol (Hérault), de la façon dont la question est posée ?

 

 

Les réponses orales : FIABLES : 71 %

Tous Cridons confondus, elles sont définies par notre panel comme « facilement accessibles » (67 % contre 45 % en 2004) et fiables (70 % contre 73 % en 2004). Le Cridon de Nantes s’illustrerait avec les plus forts taux de réponses « fiables » (93 %), talonné par Bordeaux (88 %). C’est à Paris qu’elles seraient le plus « aléatoires ». Au rang des suggestions, Jean-Christophe Hemery (Pas-de-Calais) aimerait pouvoir interroger le Cridon Nord-Est l’après-midi ! Nadia Boulet (Haute-Savoie) trouve « gênant » d’avoir parfois « une réponse écrite différente de la réponse orale ».

 

 

Le rapport qualité-prix : BON : 69 %

En 2004, 44 % étaient satisfaits du rapport qualité-prix. En 2011, ils sont 69 %, tous Cridons confondus (64 % à Bordeaux, 80 % à Lille, 65 % à Lyon, 88 % à Nantes et 57 % à Paris). Enfin, 87 % (comme en 2004 !) s’acquitteraient de sa cotisation si elle n’était pas obligatoire. À Lille, nos sondés sont d’ailleurs unanimes sur la question. À Lyon et Nantes, ils sont 94 % à le penser (contre 77 % à Bordeaux et 64 % à Paris).

 

Le regroupement des Cridons ? CONTRE 53 %

« Plus les structures sont importantes, plus elles sont inaccessibles » (SCP Garnier-Naudin, Deux-Sèvres). Pour Jean-Charles Lardière (Maine-et-Loire), « chaque Cridon a ses spécificités et un regroupement ferait perdre ce rapport de proximité ». « Il est bon de connaître les intervenants » justifie Paul Drouin (Meuse). Henri Castel (Loire-Atlantique) précise que « les Cridons échangent déjà entre eux ». Nicolas Nicolaïdes (Isère) craint qu’un regroupement nuise à la réflexion doctrinale : le fait d’avoir plusieurs Cridons, explique-t-il, fait qu’elle est multiple, ce qui est profitable à l’évolution du droit et de la pratique notariale. Le débat reste ouvert : si une courte majorité s’y oppose, 47 % (tous Cridons confondus, contre 28 % en 2004) sont tentés par l’idée. C’est à Lille et à Nantes, où les Cridons enregistrent les meilleurs indices de satisfaction, qu’on semble y être le plus réfractaire. Paris y est très majoritairement favorable. « Il nous faut un organisme de consultation reconnu » argumente François-Paul Chenailler (Yvelines). D’autres y voient l’occasion de réduire les frais de fonctionnement (Denis Gallet, Seine-et-Marne) ou de mettre fin aux divergences entre Cridons (Delphine Delaroiere, Nord). « C’est indispensable » écrit Jean Cozic (Finistère). Baudoin Boniface (Nord), qui n’est pas particulièrement favorable au regroupement, constate que « certains consultants sont au top » et qu’ils pourraient être utiles au niveau national, avec, pourquoi pas, surfacturation…

 

 

La note : 7, 16 /10 !

Avec un peu plus de 7 sur 10 de moyenne générale (7,5) en terme de pertinence, 7 en rapidité et 7 en rapport qualité-prix, nos Cridons affichent un résultat identique à celui de 2004. Les notes sont sensiblement les mêmes d’un Cridon à l’autre. Lille serait le plus pertinent (8,20) ; Nantes le plus rapide (7,53) ; Bordeaux le moins réactif (5,75).

 

 

L’avis de Notariat 2000 : Bien, mais…

Certains éléments de notre enquête (mode de facturation du Cridon, coût en % du Cridon rapporté au résultat net, coût en % de la documentation, hors Cridon, rapporté au résultat net, etc.) n’ont, dans l’ensemble, pas été fournis par notre panel, ce qui ne nous permet pas de rentrer dans des subtilités analytiques au niveau du coût. Les notaires semblent davantage dans le respect de la tradition notariale que dans la véritable analyse gestionnaire. Il serait probablement souhaitable d’approfondir la réflexion, ce qui n’est pas dans nos attributions. Quant à la fusion des Cridons, on frôle la majorité. La question, qui au départ, semblait être incongrue, mériterait donc d’être reposée dans les années qui viennent…

 

1 – 19 % des sondés dépendent du Cridon de Bordeaux, 10 % de Lille, 19 % de Nantes, 15 % de Paris et 38 % de Lyon. 2 – Jean-Michel Beguin, Nièvre 3 – Laurent Dallet, Charente