« En tout, l’excès nuit », voilà une maxime voltairienne à valeur universelle ! Elle trouve aussi à s’appliquer à la lettre virulente et comminatoire au CSN du 10 mars, émanant de la Fédération des clercs et employés de notaires, affiliée à FO.

 

Largement majoritaire sur le plan syndical, cette fédération ne représente, chez nous comme ailleurs, qu’une infime minorité de « votants ». Ses exigences sont évidemment à l’aune de sa représentativité. Mais ceci ne nous dispense pas d’examiner attentivement ses prétentions. Voyons la plus importante : l’éviction du conseil d’administration de la Caisse. Présidé par un conseiller d’État, il est composé d’élus à majorité FO, avec quelques notaires désignés par le CSN (la vice-présidence est alternativement assurée par un clerc et un notaire). Après s’être effectivement saisi de la réforme et y avoir bien travaillé, une basse manœuvre, pilotée en sous-main par un ancien dirigeant évincé et syndiqué, a fait transférer les débats au comité mixte du CSN, sur une argutie juridique. Si manœuvre il y a eu, elle n’émane pas du notariat, ni de ses dirigeants. Voilà qui est clairement établi ! Si le conseil d’administration n’a jamais démérité, le CSN qui est aujourd’hui saisi, n’est pas auteur. Les règlements de compte et coups de pied de l’âne sont à chercher dans une querelle de caniveau, interne aux syndicats, et dans leurs luttes intestines d’influences entre dirigeants, passés et présents. On ne peut qu’en déplorer les effets dévastateurs.

 

Équilibre budgétaire

Cela dit, les reproches de FO ne sont pas tous à ignorer. Il faut tenir compte de la réelle fragilité de la Caisse, fragilité encore accrue par la ponction au titre de la « solidarité inter-régime ». Équilibre instable qui devrait mobiliser au lieu de diviser, hélas ! C’est précisément sur cette recherche d’un nouvel équilibre budgétaire que la divergence éclate. Le CSN parle de transférer la maladie au régime général et le complément à la Mutuelle. N’est-ce pas aller un peu vite en besogne ? Nos collaborateurs sont fort attachés à cette spécificité. C’est également ignorer que cette partie des activités de la caisse est la seule actuellement bénéficiaire ! Pourquoi jeter le bébé avec l’eau du bain ? Quant à vendre les résidences, on peut comprendre l’attachement émotionnel quasi « sentimental » à ce beau patrimoine constitué par les pères fondateurs et bien entretenu depuis… Il faut cependant savoir raison garder : les usagers ont changé. À côté de quelques habitués inconditionnels, les plus jeunes qui sont aussi plus nombreux, ont la bougeotte. Ils profitent de l’élargissement de l’offre, la gestion déficitaire ayant été transférée à « vacances bleues ». Nécessité fait souvent loi ! Mais surtout, ne faut-il pas prendre en compte l’argument qui permettrait à la Caisse de « tenir » la décennie à venir, au bout de laquelle on sait que la difficulté démographique actuelle s’atténuera. Le cap pourrait ainsi être franchi et la Caisse poursuivre sa mission, souhaitée par tous nos collaborateurs.

 

Démantèlement : danger !

Œuvrer, si peu que ce soit, au démantèlement de cette Caisse ne peut que desservir gravement le notariat dans son ensemble, c’est-à-dire nuire à plus de 60 000 personnes. Cette vitrine dispose d’une excellente image pour nos embauches bien urgentes ! La cohésion et le soutien mutuel restent une nécessité actuelle et future. Enfin, nous devrions penser à notre propre caisse de retraite. Certes, il ne s’agit pas de comparer ce qui ne l’est pas. Nous avons su mettre en réserve tandis que nos collaborateurs ont distribué selon la stricte logique de la « répartition ». Il demeure que si la Caisse de nos collaborateurs est attaquée, sans soutien résolu, notre tour pourrait venir, qui sait ? Dans l’incertitude actuelle, la sagesse ne montre-t-elle pas la voie d’un soutien ferme, solidaire et concerté, au-delà des clivages antiques et des épidermes trop réactifs ? L’intérêt supérieur de la cohésion de notre profession devrait primer.