La façon dont le notariat utilise les nouvelles technologies a toujours été pour le moins surprenante. Nos institutionnels alternent entre méfiance souveraine (1) et délire technophile absolu (CNI, R.E.AL, MNEMOSYNE). Et au bout du compte, l’utilisateur reste sur sa faim. La diffusion d’un code de déontologie d’internet à l’usage des notaires en est une nouvelle preuve…
Tous les notaires ne sont peut-être pas passionnés par les évolutions technologiques, mais tous, sans aucune exception, seraient satisfaits si les outils qu’on leur “offre” (plus exactement qu’on leur vend au prix du platine) pouvaient réellement leur simplifier la vie. Ne devrions-nous pas utiliser toutes les dernières évolutions pour améliorer notre performance et atteindre ainsi réellement l’objectif poursuivi depuis la loi de Ventôse ?
Déontologie
J’avoue avoir mis de grands espoirs dans certaines annonces. Les organismes statutaires semblaient, à ma grande surprise, mieux comprendre l’utilité des nouvelles technologies, et notamment d’internet. Hélas, les derniers événements démontrent très clairement que je me suis trompé. Le Conseil Supérieur a eu la riche idée d’établir une nouvelle version du “Code” de déontologie notariale pour l’utilisation d’internet… Si vous avez lu le document DED 09.07.2009, je suppose que, comme moi-même, vous avez compris que l’utilisation d’internet pour les notaires suit un schéma très précis.
• Hors notaires.fr, point de salut ! Il est toutefois impossible de réserver librement et à bas prix un nom de domaine en notaires.fr ;
• Vous devez disposer d’un nom conforme au “plan de nommage” : bon courage pour ceux qui auront un nom sur trois lignes !
• Si tel est le cas, vous pouvez créer un site en respectant strictement les formats imposés. Sur ce site, vous ne pouvez strictement rien faire d’autre que de diffuser des généralités sans intérêt.
Défense… de faire
J’ai beau être habitué à ce genre de publication, je ne comprends toujours pas quel besoin peuvent avoir ces “braves gens” (qui agissent dans le confort discret de l’anonymat) de briser les efforts de ceux qui essaient de faire évoluer les choses. Nos représentants institutionnels ont parfois à notre égard le comportement des “Kapo”. Prisonniers comme nous des contraintes notariales, ils semblent avoir été désignés pour seconder nos “gardiens”. Ils effectuent à leur place, et avec un zèle décuplé, la “mission” qu’on leur a confiée. Plus exigeants, plus intransigeants, plus cruels, ils pensent sans doute recevoir d’une quelconque manière une récompense pour leur efficacité. Il y a plus de 10 ans, ces (mêmes ?) personnes s’en prenaient à notre confrère et “pionnier du net” Edmond Carcelle. Son site était pourtant loin de créer une situation de concurrence déloyale à l’égard des autres membres de la profession. Beaucoup de bruit pour rien… Qu’on se le dise, un notaire ne peut pas donner de conseil en ligne ! C’est sans doute ce qui explique les “liens sponsorisés” apparaissant, au côté des réponses affichées, sur les moteurs de recherche. Ils vous invitent à interroger un notaire et vous conduisent… chez un avocat ! À moins que ce ne soit une nouvelle preuve du laxisme du CSN dans l’interprétation du vocabulaire ? Nous lui avions demandé de nous “défendre”, il a compris “défendre de faire” ! En tout cas, le message est bien passé. Tel un prisonnier russe résigné, je dirai simplement “Da, Kapo !”. Mais j’espère secrètement que le CSN qui “connaît la musique” comprendra “Da Capo” et ressentira la nécessité de reprendre la partition au début. Et cette fois-ci, si possible, sans fausse note !
1. La machine à écrire, commercialisée en France en 1896 n’a été autorisée pour les notaires qu’en 1926
* Da Capo : (D.C) en musique cette locution indique que le morceau doit être repris depuis le commencement.