La mode est à l’évaluation. Si l’on tente l’exercice sur les dirigeants de la profession notariale, on peut mettre à leur actif le fait qu’une majorité leur accorde un satisfecit pour les moyens engagés en vue de faire face à la tentative d’OPA initiée par les avocats. Même si des voix se sont élevées pour fustiger quelques ratés dans les modes opératoires, notamment sur le plan de la communication (cf. notre courrier des lecteurs). À propos de communication, il semble malheureusement qu’il faille activer la colonne « passif »…
Certes, la période est compliquée pour bien communiquer. Mais est-ce une raison suffisante pour conserver cette manie du secret qui peut vite confiner à l’omerta ? L’absence d’information est la pire des informations, car elle ouvre la porte à l’imaginaire. Et l’homme est ainsi fait qu’il imagine vite le pire ! Ainsi, le silence radio de mise à propos de Mnémosyne continue à interpeller. Dans ces mêmes colonnes, nous avons rapporté les interrogations des « notaires de la base », notamment sur les responsabilités de chacun dans ce que l’on peut qualifier de naufrage financier et professionnel. Seule conséquence « visible » : le départ de Claude Mineraud fin mars. À notre connaissance, aucune réforme des modes opératoires n’a été mise en place. Autrement dit, on ne tire aucune leçon de l’histoire.
Les comptes du portail : « aïe ! »
Beaucoup s’interrogent aujourd’hui sur les comptes du portail immobilier. Les pertes 2008 ressortent à 800 K€ (cf. notre tableau).
Il est question pour 2009 d’un déficit d’environ 1,3 M d’euros, et le prévisionnel de perte pour 2010 aurait été estimé à 700 K€. Tout cela évidemment financé par l’argent de la profession. Ces pertes pourraient-elles être évitées ? Non, si l’on considère que l’essentiel de cet argent est investi pour développer des activités nouvelles. Mais que penser de cette dépense si l’on garde en mémoire qu’il existe déjà un site immobilier notarial qui marche bien et dont tous les utilisateurs sont satisfaits ? Pour tenter de s’imposer, les animateurs du portail pratiquent une politique de vente à prix cassés, ce qui explique ces déficits pharaoniques. Beaucoup de notaires sont complètement sidérés d’une situation qui confine à l’ubuesque. Alors qu’il aurait été certainement plus profitable pour la profession de trouver un accord sur le sujet. Mais le signataire de ces lignes qui en avait fait la proposition a reçu une fin de non recevoir…
Opacité
Les déficits évoqués ci-dessus sont difficilement supportables en cette période de difficultés économiques. Alors comment ne pas se poser de nouveau une série de questions : quels responsables entérinent de telles dépenses ? Quid des comptes de l’ADSN et de l’ensemble de ses filiales commerciales ? À quand une information claire de tous les notaires sur la façon dont sont utilisées les munitions financières de la profession ? Et à quand un audit sur le fonctionnement de toutes ces structures, afin qu’il en soit rendu compte à tous ? Faut-il attendre une nouvelle affaire Mnémosyne, pour qu’enfin on réagisse ? Existe-t-il un contrôle sérieux des managers salariés des structures de la profession ? Quels objectifs leur sont fixés ? Existe-t-il des entretiens annuels pour évaluer leurs résultats ? À qui appartient-il d’établir ces évaluations ? En bref, la profession peut-elle encore se payer le luxe de vivre dans l’opacité ?