On s’émeut chaque hiver qu’il existe encore des sans-logis (86 000 en 2001 suivant l’Insee et probablement beaucoup plus actuellement), alors qu’une loi Droit au Logement devrait garantir à chacun un logement décent. Mais cet aphorisme nous interpelle aussi parce qu’il existe un besoin évident d’avoir un parc de logements gratuits à destination notamment des « travailleurs pauvres », nouvelle catégorie sociale désignant ceux qui ont un emploi, mais pas assez de ressources pour trouver un logement…
Demain, on loge gratis. Ce pourrait être l’un des slogans utilisés pour les élections, mais cette formule fait aussi référence à l’adage “Demain on rase gratis”, qualifiant une promesse qui ne sera pas tenue. Peut-être vaut-il mieux qu’il en soit ainsi car le public et les consommateurs s’habituent à la gratuité sous des formes de plus en plus diverses. “La gratuité peut sembler un principe très démocratique puisqu’elle permet à tout un chacun, quel que soit son revenu, d’accéder à l’ensemble des biens marchands. La réalité est exactement contraire” (1). C’est ainsi que dans le domaine de l’enseignement et de la santé, où elle est généralisée, elle conduit tout naturellement à une pénurie de moyens qui suscite des offres privées accessibles seulement aux plus riches. De nos jours on peut aussi s’inquiéter d’une certaine normalisation de cette gratuité qui doit beaucoup au développement d’internet. Ce n’est pas tout à fait le cas pour le logement. Mais même s’il est rarement gratuit, il bénéficie d’aides assez considérables. En effet, le nombre de logements sociaux avoisine 4,3 millions ce qui peut apparaître encore très insuffisant eut égard aux 1 million de logements supplémentaires estimés nécessaires. Aussi, le plan de Cohésion Sociale prévoit de réaliser 500 000 logements locatifs sur 5 ans avec un financement de l’Etat de 2,7 milliards d’euros. Mais cette somme importante ne représente finalement que 5 400 euros par logement. Cependant elle s’ajoute aux quelques 15 milliards d’euros d’aides personnelles au logement versées à plus de 6 millions de ménages. Pour en revenir au sort des sans-logis il semblerait que les questions se posent plus en termes d’adaptation, de qualité d’accueil et de prise en charge que de mise à disposition de structure d’accueil plus ou moins temporaire. L’association d’aide aux SDF, Les Enfants de Don Quichotte note d’ailleurs qu’une des priorités est de « créer une meilleure articulation entre les dispositifs d’accueil d’urgence et d’accompagnement, et l’accès à un vrai logement ». En définitive, cette mobilisation générale en faveur du logement devrait avoir pour conséquence la poursuite pendant ces prochaines années de l’incitation à la construction de nouveaux logements. Cela devrait réduire d’autant les tensions sur le marché immobilier et permettre de trouver sinon des logements gratuits au moins des prix moins élevés. C’est ce que laisse déjà percevoir les dernières enquêtes auprès de nos correspondants notaires après le record de 430 000 mises en chantier établi en 2006.
Évolution prévisionnelle de l’activité
56 % de nos correspondants ont observé une baisse d’activité durant les deux derniers mois de l’année contre 50 % à la fin du 3e trimestre. Cette chute d’activité est assez logique et rentre bien dans le cadre de la saisonnalité des transactions immobilières. Ce qui paraît plus préoccupant, c’est le niveau des anticipations pour les deux mois à venir. 49 % des négociateurs prévoient une détérioration probable de leur activité contre 6% pour une amélioration et 45% pour la stabilité. En Champagne, en l’étude de Mes Pinteaux et Mauclaire, on constate ainsi sobrement que “le volume des ventes baisse et que les prix stagnent”.
Évolution des prix
Comme en octobre, les prix du logement poursuivent leur tendance à l’effritement, tandis que l’ascension de ceux des terrains semble arrêtée. Me Rivon dans l’Ain précise que : « les prix des terrains restent stables, mais les stocks augmentent. Les vendeurs de logement baissent leurs prix (surtout s’ils sont pressés) et les ventes sont bonnes sur les petits prix ». Il en résulte que les prévisions pour les deux mois à venir se dégradent aussi légèrement. Ainsi pour les logements, 42% de nos correspondants pensent que le marché demeurera baissier, 56% qu’il se stabilisera et seulement 2% d’entre eux qu’il sera haussier.
Le conseil des notaires
Dans la mesure où le marché se contracte et les prix s’infléchissent, il est logique que nos correspondants insistent plutôt sur la vente que sur l’achat. Pour les logements, ils sont 60% à suggérer à leurs clients de se dépêcher de vendre avant que les prix ne se mettent à baisser plus sérieusement. Pour les terrains, le nombre de conseils à l’achat tend à se réduire au profit des positions d’attente – 11% contre 8% en octobre – ou de vente avec 40% contre 35% précédemment.
Évolution de l’environnement économique
Si la Bourse était un indicateur parfaitement fiable de l’évolution future de l’activité économique, nous ne pourrions que nous réjouir de ses dernières performances. En effet, le CAC 40 a ouvert l’année 2007 à 5 600 points alors que l’an passé, à même époque, il atteignait, et s’était déjà un record depuis 2001, le niveau des 4.800 points (2). Malheureusement, à part celles de Nostradamus, la réalisation des prédictions demeurent toujours très incertaines, quelles que soient les indices dont nous disposons. Si l’on s’en tient au moral des ménages français, l’Insee nous apprend qu’il demeure assez morose, l’opinion qu’ils ont sur l’évolution du chômage et des prix continuant à se dégrader depuis l’automne. Il en va de même pour nos entreprises dont les carnets de commande se sont allégés. Pour 2007, le taux de croissance ne devrait pas dépasser 1,8%. Ce sera une croissance molle caractérisée les premiers mois par un attentisme préélectoral. Il en ira de même du marché immobilier dont le repli devrait se poursuivre.
NDLR : Ce TMI porte sur les mois de novembre-décembre 2006, il a été rédigé le 10 janvier 2007.
1- “La France en recomposition”, Jean-François Lhérété, Gallimard, novembre 2006.
2. TMI du 5 janvier 2006, intitulé “La crise, quelle crise ?”