Le monde bouge, notre pays donne des signes perceptibles de mouvement… Pourquoi le notariat serait-il immobile ? En d’autres termes, 2008 sera-t-elle l’année du changement ? « That is the question »…

 

MOI : Que penses-tu de certaines idées comme l’économie de marché, l’existence d’une transparence dans les affaires, l’acceptation de la mondialisation et de ses conséquences dans tous les domaines, le gagnant/gagnant, la culture du résultat en général et le maintien des services publics, à la condition qu’ils soient en phase avec les attentes et les besoins du consommateur ? Dans cette optique, doit-on mettre en phase l’économie libérale avec la mondialisation ?

Moi : Le droit, comme l’économie, doit s’adapter aux règles européennes, puis mondiales. La compétitivité passe par la compétence, l’innovation, la liberté, la spécialisation, les associations de professionnels, la constitution d’entreprises juridiques importantes et structurées dans les centres urbains, et le fourmillement de professionnels libéraux dans le tissu interurbain.

 

MOI : En conséquence, quelques freins structurels doivent sauter, quelques habitudes disparaître et quelques responsables, qui ont fait leur temps, doivent se décider à passer la main aux plus jeunes ? Et que mettrais-tu encore en exergue ?

Moi : J’associerais l’exercice du droit, la nécessité des services publics avec la culture du résultat qui nous convient bien. En effet, avec la mondialisation, nous devons prendre la mesure des bouleversements en cours. Parallèlement, les Français sont attachés à un service public de qualité. Sur ce plan, les enjeux n’ont pas changé pour le notariat. En revanche, « travailler plus pour gagner plus » oblige les patrons à revoir les horaires du personnel, trop habitué dans maintes études à faire des heures supplémentaires, sans reconnaissance (ce qui serait pourtant un minimum) et sans contrepartie salariale suffisante.

 

MOI : Que penses-tu de la morale notariale ?

Moi : Il me semble que nos compatriotes sont en quête d’une efficacité des services publics et des dispensateurs de droit. Ils souhaitent la transparence, l’éthique, la confiance, mais sans l’exagération de vérifications tatillonnes. La liberté contrôlée est bénéfique à la qualité du service rendu. La « politique robespierriste », exercée par des inspecteurs moralisateurs, est dépassée, voire nuisible à la cause du notariat. Une formation de qualité, une sélection exemplaire des candidats échappant à toute influence politique, des règles professionnelles claires, une confraternité chaleureuse, des inspections adaptées n’entraînant pas de surcharge de travail, mais sévères au final et sans passe-droit (comme souvent), voilà ce à quoi il faut parvenir !

 

MOI : Nous avons évoqué, assez succinctement, presque tous les thèmes actuellement dans l’air du temps. Reste l’identité protectrice.

Moi : Les confrères comme les Français y sont probablement très attachés. Ils ne souhaitent pas être confondus avec les autres acteurs du droit que sont, par exemple, les magistrats, les avocats, les huissiers, voire les experts-comptables, mais il leur faut écarter le corset qui les enserre, sous peine de mort lente ou de réduction à la portion congrue. Ce « corset », il faut en avoir conscience, est trop souvent maintenu par certains dirigeants régionaux de la profession, plus attachés à l’ombre qu’à la transparence, à la forme qu’au fond, recroquevillés sur les acquis, le conservatisme étroit de la discipline, l’apparence trompeuse de leur rôle, la peur de la concurrence et de la communication personnelle…

MOI : Bref, le notariat doit pouvoir aussi bénéficier de l’air du changement qui parcourt le territoire national et il est urgent à présent qu’une impulsion énergique vienne du plus haut niveau du notariat. La jeune génération attend plus que des conseils, des actes.