Je ne suis pas du genre flatteur, mais j’avoue que j’ai toujours eu beaucoup d’admiration pour le Président Benoît Renaud. Doté d’un franc parler servi par un bon sens de la répartie, d’une rapidité et d’une finesse d’analyse rares, il a su mettre son ambition et son intelligence au service de notre profession. Mais lorsqu’il qualifie « d’exceptionnelle » l’édition spéciale Elysée 2012 de la Lettre aux notaires (1) que nous avons tous reçue, j’avoue avoir du mal à le suivre…
La période trouble pré-électorale dans laquelle nous nous trouvons et les annonces peut-être un peu trop alarmistes de la crise que nous traversons me laissaient espérer, de la part de notre Président, une intervention spectaculaire. J’attendais un pavé dans la mare bien lisse du paysage politique ; je n’ai trouvé qu’un gravillon dont l’onde n’atteindra jamais les rives.
4 candidats ont répondu
J’ai applaudi des deux mains lorsque les propositions notariales (2) pour les élections présidentielles ont été établies, même si j’ai pu espérer un peu plus d’audace ou de prise de position. Quelques mois plus tard, seuls quatre candidats ont répondu. En réalité, ils sont plutôt trois puisque l’un d’entre eux (Jean-Luc Mélenchon) nous répond… qu’on nous répondra. Que disent les autres candi-dats (Nicolas Sarkozy, François Bayrou, François Hollande) ? Pas grand chose à vrai dire. Pas un seul ne répond directement aux propositions. C’est à se demander s’ils les ont lues. Certes, ils nous aiment tous bien, sont tous convaincus de notre rôle et de l’absolue nécessité de l’acte authentique… mais c’est tout. Devant si peu de locacité, on peut comprendre qu’il fût difficile à notre Président d’émettre des commentaires. Mais n’aurait-il pas dû, justement, se servir de ce quasi-silence pour rebondir ? Les trois prétendants à la fonction nous ont-ils répondu par politesse ? A moins que ce ne soit par souci de recueillir nos suffrages ? Si tel est le cas, cela n’aurait-il pas nécessité une réaction ?
0,13 % des électeurs issus du notariat
Présider le Conseil d’une profession détentrice du sceau de la République interdit parfois certaines paroles. Mais ne fallait-il pas s’attendre à plus d’audace de la part de notre Président ? Est-ce un devoir de réserve mais, si tel est le cas, de quoi résulte-t-il ? « Officier public » signifie-t-il « muet » ? Environ 0,13 % des électeurs sont des notaires ou des collaborateurs. Avec les familles, nous devrions tourner autour d’1 %. On a vu des élections perdues pour moins que ça. Alors pourquoi ne pas rêver que le Président du CSN, lui qui est le plus apte à avoir une vision juste des enjeux qui se trament en ce moment pour le notariat, ne puisse-t-il pas indiquer quel est le candidat dont le programme est le plus cohérent avec les attentes de notre profession ? Voilà ce que j’aurais attendu. Voilà une lettre qui aurait été vraiment exceptionnelle…
1 – Edito de la Lettre aux notaires d’avril 2012 2 – Cf « 20 propositions pour l’élection présidentielle » page 36 n°527.
NDLR : Cet article à été écrit avant le premier tour des élections présidentielles.