Le Conseil supérieur du Notariat vient de se doter d’un nouveau plan de communication. Dominique Garde, membre du bureau chargé de la formation et de la communication, répond à nos questions.

 

 

Notariat 2000 : Pouvez-vous nous donner les grandes lignes du nouveau plan de communication du CSN ?

Dominique Garde : Nous avons deux attentes fortes auxquelles nous voulons répondre. Tout d’abord, relever le défi d’une communication interne adaptée pour permettre aux notaires et à leurs collaborateurs de mieux comprendre les décisions du CSN et la politique que nous suivons. Les évolutions récentes de la société, leur prise en compte dans notre droit, aussi bien le droit immobilier que le droit civil avec les réformes récentes des successions et libéralités ou des tutelles, modifient profondément le travail des notaires et de leurs collaborateurs. Il nous faut les accompagner, les aider dans cette mutation. Et je ne parle pas des changements qu’apportent Télé@ctes, la dématérialisation des échanges, demain la signature électronique. Ces changements sont profonds. Ils doivent être compris. C’est une des raisons pour laquelle nous devons faire évoluer notre manière de communiquer dans la profession, et donc nos outils. Ce chantier est donc engagé. Deuxième défi, celui de notre image. Nous savons aujourd’hui que si les notaires ont une bonne image dans l’opinion, ils sont parfois mal compris, leur rôle mal connu. Il nous faut donc poursuivre les efforts engagés depuis des années pour renforcer notre image, être plus réactif, ne pas laisser croire que nous ne nous occupons que d’immobilier comme trop de nos contemporains le pensent aujourd’hui. Il nous faut dans un contexte de construction européenne, être mieux compris à Bruxelles, être reconnu par les nouvelles équipes qui se mettent en place depuis l’élection présidentielle. Une communication institutionnelle qui se fasse entendre est donc un objectif important. C’est la raison pour laquelle, nous avons notamment publié une page de publicité dans Le Figaro et le Monde, pour toucher les décideurs, au sujet du rôle des notaires en Europe. De même, le Figaro a publié fin mai une tribune du Président du CSN dans laquelle Bernard Reynis faisait la promotion de l’idée d’un statut fiscal de la résidence principale. Sans compter d’autres interventions comme il y en a eu dans bien des médias au sujet de la fiscalité lors de la sortie du projet du gouvernement. Il nous faut nous faire entendre. Nous nous y emploierons, croyez-moi ! Nous avons également engagé avec l’équipe de la direction de la communication du CSN une série de chantiers de manière à mieux faire reconnaître la spécificité du rôle du notaire, sa modernité dans un contexte où l’on confond souvent libéralisme et dérégulation. Professionnels libéraux, rédacteurs des actes dans lesquels s’exprime la volonté librement consentie des contractants, nous ne pouvons refuser le libéralisme. Pour autant, nous savons que la dérégulation ne se fait jamais au profit du plus faible. Notre rôle, c’est d’assurer la protection du droit à tous, avec un tarif qui assure l’égalité entre tous. C’est une idée moderne, comme est moderne une profession qui s’est engagée dans la voie de la dématérialisation des échanges. Soyez sûrs qu’au cours de notre mandat nous ne cesserons de l’affirmer, et nous prendrons les moyens pour être entendus.

 

Notariat 2000 : Quelles sont les actions ponctuelles qui vont être mises en oeuvre dans les mois à venir ?

Dominique Garde : Nous avons, au mois de mai, mené une campagne de communication sur les ondes de la radio afin de mettre en garde le public contre les dangers des dons manuels. Cette campagne a adopté un ton nouveau, original et particulièrement efficace. Et nous avons accompagné cette campagne d’affichettes pour les offices. Nous recommencerons sur d’autres thèmes dans les mois à venir, et nous développerons les moyens et les supports de communication. Je ne souhaite pas en dire davantage ici car le notariat était, depuis des années, la seule profession à communiquer. Aujourd’hui, les professions concurrentes nous imitent, consacrent des moyens financiers identiques et parfois même supérieurs à ceux que nous investissons. Dans un contexte de communication concurrentielle, il nous faut garder le silence sur les thèmes que nous aborderons : évitons de leur donner nos bonnes idées ! De toute façon, nous veillerons à ce que les notaires soient avertis à temps de ces campagnes !

 

Notariat 2000 : Comment le Conseil supérieur du Notariat pense-t-il répondre, à travers sa communication, au malaise des jeunes qui s’est notamment traduit dans notre numero de février (N2000, n°481) ?

Dominique Garde : La communication peut apporter des réponses. Mais elle ne suffit pas. Ce n’est pas la communication qui assure de bonnes formations et une bonne intégration des jeunes dans la profession. La communication peut donner une image différente des notaires aux jeunes qui regardent la télévision. C’est ce que nous avons obtenu, les études nous le montrent, avec la série diffusée sur M6. Et si les notaires ont été surpris ou parfois critiques, il ne faut pas s’arrêter à des réactions épidermiques : nous savons désormais que pour les jeunes le mot notaire ne signifie plus « ringard » ou « poussiéreux ». Et le nombre de ceux qui refusaient d’envisager de travailler dans le notariat a très nettement diminué au cours des mois écoulés. L’objectif qui consistait à donner envie à des jeunes de rejoindre nos métiers est donc en partie atteint. Il nous faudra poursuivre l’action, continuer à donner de nous une image attractive. Pour le reste, la communication interne peut, c’est vrai, sensibiliser les notaires à mieux accueillir les jeunes et mieux prendre en compte leurs attentes professionnelles. Nous nous y emploierons. Du côté de la formation, les réformes préparées par nos prédécesseurs sont désormais applicables avec la parution des textes que nous attendions. Les formations, et notamment le BTS métiers du notariat se mettent en place. Aux notaires, à chacun d’entre nous dans nos études, de montrer que notre profession entend faire toute sa place à la jeunesse !

 

Notariat 2000 : Comment voyez-vous l’avenir de Maillot ?

Dominique Garde : Régulièrement, votre journal fait état de rumeurs pessimistes quant à l’avenir des rencontres notariales. Ces rumeurs sont tout à fait infondées. Cette manifestation a été lancée il y a 27 ans. Elle a connu un succès tel que de très nombreuses Chambres et Conseils régionaux des notaires l’organisent maintenant. C’est devenu pour le notariat un rendez-vous incontournable avec les médias, un rendez-vous attendu par des dizaines de journalistes. C’est une manifestation qui connaît un succès médiatique que toutes les professions nous envient. Je ne citerai pour exemple que la diffusion par TF1, en novembre dernier, chaque jour pendant la semaine qui a précédé les rencontres notariales, d’un reportage traitant d’un cas différent et donnant la parole à des notaires qui ont donné leurs conseils au public. Et cela pendant le journal de 13h. Rien que de cette manière des millions de personnes ont reçu nos informations. Cette communication équivaut donc à une campagne de publicité de grande envergure, sans que nous en dépensions le coût, et vous voudriez que l’on arrête ? Cela est absurde ! Pour autant, il n’est pas anormal qu’une manifestation qui en est à sa vingt-septième édition, fasse l’objet de réflexions quant à son organisation, quant à la manière de re-mobiliser les notaires, quant à son déroulement ou à sa date. Les attentes du public ont changé, son mode de vie aussi. Il nous faut en tenir compte pour lui apporter des réponses adaptées. De même qu’il faut traiter l’information autrement. Il y a 27 ans, personne ne pouvait imaginer que cette manifestation donnerait lieu à des « chats » sur internet. C’est le cas aujourd’hui. Alors, c’est vrai, nous avons engagé une réflexion sur l’avenir, pour mieux s’adapter au public, à l’actualité. Les Rencontres notariales de demain auront peut-être légèrement changé. Ce qui ne changera pas, c’est ce moment unique où la profession se met au service des Français. D’ailleurs, dans le comité d’organisation de cette manifestation, figurent aujourd’hui Jacques Benhamou, notre confrère qui a créé ces Rencontres notariales et qui représente la Chambre des notaires de Paris, et Sylviane Plantelin qui lui a donné l’impact que nous connaissons en matière de communication. Sérieusement, comment imaginer qu’avec eux, nous puissions un instant envisager un avenir sans les rencontres de Maillot ?