La querelle des anciens et des modernes est l’une des occupations favorites de notre beau pays. Notre profession, qui est souvent un reflet en microcosme des travers de la République, n’échappe pas à la tendance. Les jeunes loups s’en prennent aux vieilles barbes depuis la nuit des temps dans une alternance éternelle, en raison d’un manque chronique de mémoire. Hélas, on ne peut avoir de la mémoire que pour ce que l’on a fait ou vu soi-même ! Ce numéro 500 est l’occasion idéale pour regarder dans le rétroviseur. Regardons ensemble, vous voulez bien ?
1962. Numéro 1 de Notariat 2000 – en fait n°46 nouvelle série – “POMPADOUR édition notariale” évoluait depuis 1956, mais c’est en 1962 que la revue adopte un format voisin à celui que vous connaissez aujourd’hui. La revue est alors publiée sous le titre de POMPADOUR JEUNE NOTARIAT pour 10 NF par an, reliure incluse (5 même si vous ne pouvez pas vous l’offrir). Autre constat : ce vénérable opus de notre revue préférée est tout vert (la « couleur de l’espoir ») et pas du tout illustré (normal, en 1962, on est très sérieux). Maintenant, ouvrons ensemble la revue…
Un aimable fourre-tout
Comment vous la décrire ? Un aimable fourre-tout, œuvre d’un notaire, Louis REILLIER, qui consacrait une partie de ses loisirs au journalisme. La voix d’un mouvement balbutiant. A quoi bon écrire ?! Tout simplement pour permettre à d’autres de profiter de vos réflexions… Quelques extraits si vous le voulez bien : « Certains fuient les responsabilités, ou veulent les monnayer. Non, les responsabilités ne sont pas vénales, elles paient magnifiquement par les seules satisfactions qu’elles procurent à ceux qui les aiment » « Il faut que le notariat offre aux jeunes gens intelligents et travailleurs des possibilités d’avenir au moins égales à celles offertes à d’autres professions, et notamment que les meilleurs, ayant ou non la fortune, puissent accéder au titre de notaire sans être obligés de s’expatrier dans un village » « Non seulement les organisations ou mouvements de notaires et les syndicats de clercs ne font aucun travail en commun, mais ils n’entretiennent même pas de relations de courtoisie » « Nous aurons toujours à cœur de nous tenir au dessus de la mêlée » « La position des prospectifs, qui sont toujours une minorité, n’a jamais été confortable » Mais, me direz-vous, cette revue présentée comme le n°1 de Notariat 2000 (à télécharger ici : www.notariat2000.fr/PJNn1.pdf) est en fait un ancien numéro de la revue du Mouvement Jeune Notariat ? Ce qui n’a rien à voir ! Je vous répondrai alors que vous avez tout à fait raison… et parfaitement tort !
« L’esprit Louis Reillier »
Mouvement et revue ont suivi leurs lignes, divergentes sans être opposées… Ce que l’on pourrait appeler « l’esprit » de Louis REILLIER demeure aujourd’hui dans ces pages. Modestement, chacun des rédacteurs ou participants occasionnels participe à la survie du principe fondateur qui donna un jour naissance à Notariat 2000 : « Vous n’accéderez ni aux présidences ni aux honneurs, mais vous aurez une récompense qui pour les gens de notre esprit a beaucoup plus de valeur : la satisfaction d’apporter votre pierre à l’édification d’un monde plus juste et meilleur. » Aujourd’hui, les méthodes ont changé, le ton est moins… notarial. Certes, mais le monde lui-même a changé. Imagineriez-vous aujourd’hui une annonce libellée en ces termes « notaire cèderait étude à successeur chrétien » ? Ce qui est bien plus surprenant, c’est de constater que les thèmes évoqués à l’époque sont toujours d’une brûlante actualité : travailler plus ou gagner plus ? Gagner sa vie ou la vivre ? Faut-il multiplier les notaires ? Comment organiser la formation ? Sans oublier le tarif et les conséquences d’une suppression des droits de succession en ligne directe, la péréquation et, bien sûr, l’opposition notariat rural/notariat urbain (mais vue d’une époque où le mépris venait du rural à l’égard de l’urbain).
A Notariat 2000, nous poursuivons toujours le même objectif :
• lancer des idées enveloppées dans une forme distrayante en espérant qu’elles retomberont quelque part…
• Porter haut et fort nos convictions, les confronter…
• Et, comme le disait un des premiers « interviewés » de la revue, « Tâcher de ne pas comprendre… trop tard ».