On s’en souvient. Dès octobre 2004, Laurent Dejoie avait placé l’ouverture à la jeunesse au cœur de ses priorités. Conciliant l’acte à la parole, cinq mois après son arrivée à la tête du CSN, il lançait une grande enquête auprès des jeunes, baptisée « Opération J ». C’est dans cette même logique que s’est tenu, le 14 mars, à La Villette, le Forum des métiers du notariat.
Les chiffres donnent le vertige : d’ici 2010, ce sont quelque 11 000 salariés (sur 50.000) et près de 2800 notaires (sur un total de 8300) qui devraient quitter le notariat, d’où la nécessité d’attirer et de former les jeunes, mais aussi de les accueillir et de les intégrer.
Pour relever ces défis, Laurent Dejoie, grand chef d’orchestre de la manifestation, et l’ensemble de son bureau (Bernard Reynis, Pierre Lemée, Alain Bavière, Pierre Volland, François Grimaldi et Philippe Girard) n’ont pas hésité à « mouiller leur chemise » le 14 mars dernier et à aller à la rencontre de la jeunesse. Bien sûr, on regrettera l’excessive timidité des jeunes qui, à une courageuse exception près, sont restés silencieux lors des débats, laissant ainsi la part (trop) belle à des universitaires parfois arqueboutés sur leurs principes (notamment lorsqu’il a été question du mémoire !).
De même, on notera l’absence de calendrier dans le plan d’action proposé, ce qui en a laissé plus d’un sur sa faim. Mais ne nous y trompons pas ! En organisant cette « opération séduction », c’est un véritable plan de conquête de la jeunesse que l’actuelle équipe du CSN a engagé. « Ce forum est l’aboutissement d’une réflexion interne faisant suite à une enquête, c’est aussi un commencement dans la durée » a d’ailleurs expliqué Laurent Dejoie, en préambule aux tables rondes de la matinée. « C’est à chacun de nous de donner aux jeunes le goût des métiers du notariat » poursuivra Bernard Reynis. Voilà qui mérite d’être salué… et entendu.
Quelques propositions
Les propositions du CSN se sont articulées autour de trois grands défis : le défi démographique, celui de la formation et celui de l’intégration (lire également l’article de Grégory Betta page suivante).
• Attirer : Tout d’abord, l’accent a été mis sur la nécessité de « dépoussiérer » l’image de la profession. Pour atteindre ce premier objectif, le CSN a misé sur la télé et sur l’humour en parrainant une série : « T’as pas une minute ? ». Les épisodes d’une minute seront diffusés quotidiennement à 19H et le dimanche à 20H30 jusqu’en décembre. De même, des actions de communication, auprès des étudiants et des lycéens, devraient être entamées (il est notamment question d’un tour de France des lycées en bus, avec reconstitution d’une étude de notaires à l’intérieur…). Le plan prévoit la signature d’un partenariat avec l’éducation nationale, une mise en valeur des plans de formation et une corrélation « diplôme/classification ».
• Former : Le plan du CSN préconise la suppression du mémoire et du rapport de stage. Deux propositions audacieuses qui ne semblent pas du goût de tous les universitaires… Autres pistes de progrès : mieux préparer les futurs notaires à la dimension de chef d’entreprise en renforçant la comptabilité notariale, le management et les langues étrangères. Enfin, au titre da la formation initiale, le BTS et la licence professionnelle « Métiers du notariat » devraient démarrer en 2007…
• Intégrer : Former les jeunes, c’est bien…mais encore faut-il les intégrer dans une profession généralement jugée d’accès difficile. La mise en place d’une convention de stage quadripartite (entre les instances professionnelles, l’établissement de formation, le maître de stage et le stagiaire), le développement d’aides aux stagiaires en milieu rural et la prochaine création d’une bourse de stages centralisée sont autant d’éléments qui ponctueront la réforme du stage. Autres avancées, et non des moindres, les notaires assistants pourraient bientôt bénéficier d’un statut (enfin !) et les notaires salariés voir le leur valorisé (suppression du mot « salarié »). Un beau challenge en perspective qui n’a pas échappé aux forces vives de la jeunesse. Il ne reste plus qu’à « transformer l’essai » !