Cette fois-ci, ça y est ! Le notariat est pris à son propre piège. Faute d’avoir su anticiper les conséquences du rapport Attali, un vent de panique souffle soudain sur toute la profession…
Pendant bien longtemps, les notaires se gargarisaient avec l’augmentation de leur nombre et s’étaient donné comme objectif 10 000 notaires en l’an 2000 (raté). Puis, ils se félicitèrent de l’augmentation significative des notaires salariés. On pensait être plus fort que tout le monde et faire avaler aux Pouvoirs Publics le coup du notaire « Canada Dry » (raté, encore et encore !). Il fallait prendre les choses en main : le salut ne pouvait venir que de l’ouverture au capital des SCP de notaires et… par la réaffirmation des valeurs du notariat, à savoir un retour à l’authenticité et au service public. Seulement voilà, quand on touche à l’essentiel, c’est « Touche pas au Grisbi ! ». À la manière du notaire, joué par Francis Blanche dans « Les Tontons Flingueurs », on veut bien exploiter les autres, mais pas partager.
Liberté d’installation
Le rapport Attali prône une large ouverture de la profession. Il propose également de faire financer les études les plus pauvres par les plus aisées, ce qui fait grincer bien des dents. On peut sourire. Il y a quelques années, un rapporteur de l’Assemblée de liaison avait déjà lancé cette idée. Sa voix avait été vite éteinte… Et voilà que « l’impensable » risque de devenir réalité !
• Premières victimes d’une ouverture trop massive de la profession : les notaires cédants ! En effet, comment justifier un prix de cession, alors que, potentiellement, plane le risque d’une liberté d’installation accrue ? Vendre une étude, ça peut payer, mais ça risque de ne plus payer du tout ! Fini le doux rêve d’un pactole touché après de longues années de bénéfices. Retour brutal et frontal sur le béton de la réalité.
• Secondes victimes : les jeunes installés. Que vont-ils devenir ? Prenons l’exemple de Sophie, 33 ans, dynamique et souriante. 800 000 € empruntés sur 15 ans. Des règles du jeu précises, une évaluation encadrée par la profession. « Bienvenue chère consoeur ». Puis arrive le spectre d’une libéralisation très large et d’une plus grande facilité d’installation. Fin du film pour Sophie. Prise à la gorge par une concurrence, soudaine et sûrement efficace, qui ne figurait pas dans ses prévisions de départ, Sophie mettra très certainement la clé sous la porte.
Ouvrir le capital
Beau gâchis et belle pagaille dont la responsabilité pèse sur les notaires qui n’ont pas su se remettre en cause et faire preuve d’ouverture d’esprit. Il aurait suffi d’ouvrir un peu plus le capital des études pour sauver tout le dispositif… Combien d’investisseurs et de diplômés sincères et amoureux de la profession vont être, purement et simplement, rayés de la carte ? Va-t-on « oser » penser les indemniser et utiliser, en catastrophe, des fonds publics qui pourraient bien entendu être investis ailleurs ?
Voilà pourquoi, mon conseil pour les diplômés notaires en mal d’installation sera lapidaire : « Réfléchissez bien avant d’acheter maintenant ! »…