Les plus anciens en tremblent encore, j’en suis sûr et l’auteur du canular regrette probablement d’avoir écrit un tel texte. Pourtant, la chanson « Porte Bonheur », était bien une chanson de début de siècle, pas « 1900 », mais plutôt du XXIe siècle.

L’auriez-vous oubliée ? Elle traitait d’un problème existentiel et permanent auquel le titre, « Porte-bonheur », vous a sans doute déjà fait penser. Soi-disant écrite par un certain Victor Paris, qui n’a peut-être jamais existé (l’auteur est en fait Guy Béart), cette chanson pourrait devenir un hymne national ou même l’hymne de l’Europe si nous n’étions pas tous conditionnés, depuis l’enfance, à ne pas parler de pareils sujets en public… Toujours pas compris ? Et si je vous disais que le coq français ne chante que les deux pieds dedans ? Voilà qui est plus clair ? Bon, eh bien, résumons le problème et rappelons que, selon les paroles de la chanson, nous y étions, nous y allons et on se demande pourquoi y aller…

 

Fosse septique et scepticisme

C’est en effet, en ce début de siècle, prédit « mystique » par André Malraux, que les préoccupations les plus triviales nous ont soudainement assaillis. Selon l’éternelle méthode qui conduit les responsables d’une Europe à décider pour la globalité au nom de ce qu’ils connaissent, les élus locaux imposent désormais à chacun d’entre nous d’avoir un « assainissement aux normes ». Inutile de dire que les normes en question n’ont rien à voir avec celles qui étaient applicables au siècle dernier – vous ne trouvez pas que ça fait plus crédible que de dire « il y a six ans » ?- et qu’à ce rythme, personne (ou presque) ne sera aux normes dans une zone rurale telle que celle que j’habite ! Prenons la densité moyenne de notre campagne : 35 habitants au kilomètre carré ?! Et pour 35 homo sapiens (mon œil !), combien de vaches, de porcs, de lapins, de poules et autres créatures vivantes de tout poil et plume déféquant à tout va, sans prendre la peine d’aller dans des toilettes aux normes, reliées à une fosse au moins aussi septique que je suis moi-même sceptique devant ces nouvelles inventions technocratiques ?

 

Obligation normalisatrice

Voici quelques années seulement, nous en étions à la fosse morte, dont le contenu était régulièrement puisé pour alimenter en « engrais naturel » les jardins maraîchers dont proviennent les 5 légumes quotidiens recommandés par les nutritionnistes. Puis, nous avons commencé à utiliser les fosses septiques, qu’il faut également vider périodiquement et dont le contenu était très prisé par les agriculteurs pour les mêmes raisons et dans le même objectif. Nous voilà avec l’obligation normalisatrice immédiate, y compris pour les plus démunis d’entre nous, d’investir de 1 000 à 7 000 euros pour être « aux normes », tandis que nous continuerons à cueillir les champignons champêtres parmi les bouses de vache… Et dire que la plupart des habitants de nos campagnes a enfin pu bénéficier du confort dit « moderne » il y a à peine 30 ans ! Une fois encore, la pensée unique fait son ouvrage : tous pareils, je ne veux pas voir une tête qui dépasse ! Que vous soyez 7 ou 24 000 par km2, vous provoquez les mêmes conséquences et vous devez nécessairement avoir un comportement analogue… Pourtant, la chanson de Béart le dit bien : « Depuis que le monde est monde (bis) C’est la même chanson (bis) Des mélasses profondes Toujours nous sortirons ». Alors, quel que soit le (ou la) futur(e) Président(e) de la République, j’ose espérer qu’il (ou elle) dira comme Pompidou avant lui (elle) « Arrêtez d’emm… les Français », ou sinon il faudra encore réviser les normes à la hausse !