6 % : selon les estimations de la FNAIM, ce serait la part du notariat dans le marché de la transaction, alors que la dernière enquête de l’INSEE de 2002 créditait encore celui-ci de 9%. En quatre ans d’euphorie immobilière, quelle reculade !
Dans le même temps, le marché de particuliers à particuliers a aussi perdu de sa superbe au profit des agents immobiliers qui se taillent maintenant la part du lion avec plus de 70 % de parts de marché. Rien d’étonnant à cela : les agents immobiliers ont profité de l’embellie immobilière pour se multiplier, mais cette progression quantitative s’est accompagnée de progrès qualitatifs évidents. Cette profession s’en est globalement donné les moyens : formation, code de déontologie, sites Internet, logiciels, utilisation du mandat de recherche, travail en réseaux. Soulignons également le développement de nombreuses chaînes d’agences, offrant des prestations très professionnelles, adossées à des outils performants. C’est le cas de leurs fichiers de bases de références immobilières qui s’appuient sur les prix mentionnés dans les compromis de vente et garantissent une pertinence plus élevée que ceux du notariat, nos bases enregistrant le plus souvent un décalage de 9 à 12 mois entre la date du compromis et celle de la parution. Ce qui en période d’évolution rapide des prix, ne permet plus d’apprécier la réalité du marché. Les mésaventures du MIN et de Perval témoignent malheureusement des soucis rencontrés dans ce domaine. Plus inquiétant encore : la poursuite de l’arrivée des nouveaux compétiteurs de poids que sont la BNP, les Caisses d’épargne et le Crédit Agricole. Selon les informations parues dans La Tribune (8/03/06), la Banque verte, à travers huit caisses régionales, serait propriétaires de 133 agences immobilières. Et ce ne serait que le début d’un vaste programme, visant à faire au moins aussi bien que les Caisses d’épargne, qui, au travers de leurs filiales Gestrim et Kheops détiennent 355 agences immobilières.
Bilan peu glorieux
Malheureusement, notre enquête effectuée auprès des offices pratiquant la négociation ne vient pas contredire ces données peu rassurantes. Outre le fait que cette enquête n’ait pas suscité d’enthousiasme (2% seulement de réponses), les sondés ne manifestent pas un optimisme démesuré. Signe des temps : à quelques brillantes exceptions près, les groupements sont à la “ramasse”, comme on dit chez les cyclistes. Au plan national, la part de la négociation immobilière dans le produit des études représente 4,2 %. Ce qui est bien le signe que cette activité est considérée comme vraiment accessoire par beaucoup de notaires, quand ils ne considèrent pas qu’elle ne devrait pas figurer dans les prérogatives de la profession. Tel est le bilan peu glorieux que l’on peut établir après ces quelques années où l’euphorie du marché immobilier a entraîné doucement les notaires dans de modernes délices de Capoue, en leur faisant abandonner toute velléité de se maintenir, sinon de se développer sur un marché dont l’histoire prouve pourtant qu’il est essentiel à la vitalité notariale… Seuls signes positifs dans cette grisaille : les initiatives notariales dans les terres de mission que représente le sud du territoire, avec notamment le dynamisme des groupements de négociation de Montpellier et des Bouches-du-Rhône. Au niveau des instances de la profession, on attend (en vain ?) quelque signe fort prouvant que le sujet mérite une attention redoublée.
Solides arguments
Pourtant, au risque de plagier les propos pertinents de Me Gérard JULIEN SAINT-AMAND (pourtant formulés en 1972 ! voir notre édito), nous réaffirmons notre conviction que le notariat dispose de solides arguments pour continuer à être présent de façon dynamique sur le marché de la transaction. À condition de se donner les moyens d’être performants, en s’appuyant sur des clercs négociateurs mieux formés, mieux rémunérés et mieux reconnus. Et en associant le métier de l’expertise à celui de la négociation. Pourquoi, d’ailleurs, ne pas encourager les clercs négociateurs formés à l’expertise à postuler à la compétence d’expert judiciaire, façon positive de faire passer dans le public l’image d’une expertise reconnue ? Autre avantage de poids : il est beaucoup plus facile d’obtenir un mandat exclusif lorsque l’on a établi l’expertise du bien à vendre. L’atout du notariat réside dans sa capacité à se différencier des autres acteurs de la négociation : il lui faut pour cela la pratiquer d’une façon différente et avec la valeur ajoutée qu’il a le potentiel de proposer. Aux yeux du public, le notaire, architecte de la transmission du patrimoine, présente une image de sérieux. Il a le potentiel d’accompagner une transaction de tous les conseils techniques, juridiques et fiscaux que la complexité des situations rend toujours plus nécessaire. Le notariat a également le pouvoir de faire jouer l’effet réseau, qui devient aujourd’hui un avantage concurrentiel fort. Il est symptomatique à cet égard qu’une forte majorité de notaires négociateurs appelle de ses vœux une telle réalisation collective (voir notre enquête, page 6). Enfin, est-il besoin de rappeler qu’avec la fin de l’embellie immobilière, de nombreux notaires, et pas seulement ceux des campagnes qui pour la plupart n’ont jamais laissé tomber la négociation immobilière, auront à réévaluer tout l’intérêt d’un secteur d’activité qui peut représenter une part non négligeable des produits de l’office ?