À quelques jours du fameux symposium (14 mars à la cité des Sciences), Notariat 2000 a souhaité recueillir le point de vue de jeunes notaires assistants en cours d’installation. Comment voit-on l’avenir lorsqu’on est à la charnière du statut étudiant/collaborateur et du statut de notaire ?

« Recruter, former, manager », trois mots forts qui résument la réflexion des notaires assistants que nous avons rencontrés. Si chacun salue la nouvelle politique stratégique mise en place, « avec énergie » nous dit-on, par le CSN, tous s’accordent à dire qu’elle ne portera ses fruits que si les mentalités évoluent, « car au-delà de la “relève” des retraités, c’est l’avenir de notre profession qui est en jeu ».

 

Recruter en valorisant nos métiers

Premier bémol, la profession de notaire n’est pas toujours valorisée auprès des jeunes. Une présence efficace sur les « salons étudiants » (en animant notamment des tables rondes) et des participations aux forums des métiers dans les collèges et lycées sont autant de moyens de faire découvrir le notariat, à condition d’envoyer des jeunes notaires ou des jeunes collaborateurs, pas des futurs retraités ! Autre suggestion : présenter les avantages de la profession en n’hésitant pas à la comparer avec des professions « concurrentes » et à promouvoir les différents métiers du notariat et les différents statuts.

 

Former pour susciter des vocations durables

Le notariat doit lutter contre la fuite de matière grise et contre les départs des forces vives, attirées par des métiers aux plans de carrières plus valorisants. Il faut, dès la formation initiale, que les futurs collaborateurs et futurs notaires aient un sentiment d’appartenance à la profession notariale. Le notariat doit considérer ses jeunes comme une chance et non pas comme un poids.

 

Pour susciter des vocations durables, il faut :

• adapter la formation initiale aux besoins de la profession. Ce qui suppose qu’on tienne compte de l’évolution des métiers du notariat. La mise en place du BTS métiers du notariat devrait apporter une réponse, mais certains regrettent la suppression de l’IUP de Poitiers, dont l’expérience enrichissante aura permis la formation de clercs de haut niveau.

• assurer un stage de qualité et valoriser les stagiaires. Les stagiaires sont trop souvent considérés comme des « petites mains » peu onéreuses. Notaires stagiaires et clercs stagiaires devraient passer par tous les services : une charte pourrait être mise en place par le CSN.

Pourquoi ne pas prévoir un contrôle du stage par les écoles et centres de formation ? Pourquoi ne pas mettre en place une prestation de serment du notaire stagiaire comme le font les avocats ? Et pourquoi ne pas demander aux anciens stagiaires de procéder à une évaluation de leur stage ? • mettre en place des “études juniors” en DESS et CFPN à l’instar des “juniors entreprises” pour mettre les jeunes en situation réelle.

 

Développer le management dans l’entreprise notariale

Cela passe par le respect de l’actuelle convention collective : entretien annuel, plan de formation, salaires prévus dans cette convention. Manager efficacement les collaborateurs suppose également qu’on leur propose des profils de carrière (fonctions et salaires évolutifs) suivant leur formation initiale et les formations suivies. Les rémunérations doivent correspondre à la réalité du marché du travail à un niveau d’études équivalent. Actuellement, elles sont sans commune mesure avec celles auxquelles prétendent les élèves d’écoles de commerce. Il n’est pas admissible de dire aux stagiaires qu’il est normal de manger son pain noir au début ! On peut le comprendre la première année de stage, mais cela ne se justifie plus lorsque le notaire stagiaire est devenu notaire assistant. Pourquoi ne pas créer un statut du « maître en notariat » ? Ne peut-on prévoir un statut du « notaire salarié de Chambre » ? Ne faut-il pas donner le titre de « Maître » au notaire assistant ? Mais il ne faut pas s’arrêter là : il est nécessaire d’augmenter de manière significative le nombre de notaires tout en accompagnant les jeunes notaires par le biais d’un parrainage et d’une aide plus grande des Chambres. Les créations d’étude sont une possibilité, mais ne faut-il pas aller plus loin en obligeant certains notaires à prendre un ou plusieurs associés à compter d’un certain chiffre d’affaires ou d’un certain nombre d’actes ? Favoriser la création des SEL est également une piste à suivre car cela permettrait l’intégration de certains collaborateurs au capital de « l’entreprise » (Congrès de ROME en 2002 du MJN). Autant de questions et de propositions importantes pour les notaires assistants que nous avons rencontrés. Espérons qu’ils auront été entendus…

Réponse le 14 mars !