Retraité mixte si l’on peut dire (22 ans clerc, 23 ans notaire) depuis 1991, mais toujours actif dans la profession (à MJN notamment), Maurice Urvoy nous donne son sentiment sur le recrutement des collaborateurs.

 

 

Notariat 2000 : Il est prévu, d’ici 2010, le départ en retraite d’un quart des salariés. êtes-vous inquiet pour la relève ?

Maurice Urvoy : Le problème du recrutement du personnel qualifié va se poser avec acuité. Les clercs professionnels qui, jusqu’aux années 1960-1970, formaient l’ossature des offices ont progressivement disparu. Certains, très qualifiés, dans la mesure où ils étaient diplômés, sont devenus notaires associés, souvent dans l’office où ils travaillaient depuis longtemps. Quelques-uns ont créé un nouvel office. Parmi ceux qui sont restés, beaucoup sont à la retraite ou le seront bientôt. La profession a pris des mesures pour former des collaborateurs à tous niveaux, mais les formations ont tardé à se mettre en place (le BTS et la licence Professionnelle viennent de voir le jour). Par ailleurs, je ne peux m’empêcher de trouver paradoxal le peu d’intérêt des jeunes pour le notariat alors que notre profession est une des rares à embaucher. Le retard des autorités professionnelles à se préoccuper de sensibiliser les jeunes en est probablement la cause. Cela aurait dû être fait depuis longtemps dans les collèges et dans les lycées, en accord bien sûr avec l’Éducation Nationale. Il y a eu à ce titre quelques initiatives individuelles de notaires soucieux de l’avenir et de la pérennité de la profession, mais ces bonnes volontés isolées sont restées peu nombreuses. Quoi qu’il en soit, un plan d’action, élaboré suite au travail de longue haleine engagé par le Président Dejoie, a été validé par l’Assemblée Générale du 31 janvier 2006. Ce plan comporte des projets à plus ou moins longue échéance, mais l’ensemble est jugé très cohérent.

 

Notariat 2000 : De nombreuses initiatives ont vu le jour en matière de communication. Qu’en pensez-vous ?

Maurice Urvoy : Je trouve excellente dans son principe l’idée de Tour de France des lycées avec un bus aménagé en office notarial. Quant à la série télévisée « T’as pas une minute », elle a pour but de présenter la profession comme moderne, décontractée, donc séduisante pour la jeune génération. Mais malgré l’opinion positive de quelques proches, je n’aperçois vraiment pas ce qui peut séduire la jeune génération dans cette émission souvent hors sujet. En fait, on en revient toujours à l’image de la profession. Et je ne suis pas sûr qu’elle sera améliorée avec de tels clins d’œil audiovisuels.

 

Notariat 2000 : Comment amé-liorer l’image du notariat ?

Maurice Urvoy : En prenant nos responsabilités car la perception que les jeunes ont de la profession notariale est presque toujours le reflet de celle de leur entourage. Or, beaucoup de notaires en fonction renvoient encore l’image d’une profession lointaine, fermée et démodée. Il existe pourtant de nombreuses pistes de progrès, souvent exprimées dans ces colonnes et faciles à mettre en place. Il appartient ainsi aux notaires et à leurs principaux collaborateurs d’offrir une image de la profession plus simple, plus proche des gens et de leurs préoccupations. En ce qui concerne l’accueil des jeunes dans la profession, nous devons leur faire comprendre l’utilité du notariat du point de vue humain et social, mais aussi les informer sur les avantages de notre profession qui offre une carrière stable. La convention collective et les avantages sociaux de retraite sont, cela va de soi, des arguments à faire valoir à tous ceux qui auront à cœur, à partir d’une formation de base suffisante et l’aide de la formation continue, de consentir des efforts personnels d’intégration. Ce qui ne dispense évidemment pas les notaires et collaborateurs de haut niveau des offices considérés de consacrer tout le temps nécessaire pour la formation sur le terrain.