3 questions à Eric Durand, Président de la Session 2004 La session 2004 de l’assemblée de Liaison se tiendra du 29 novembre au 1er décembre prochain, au Palais des congrès à Paris, sur le thème des ressources humaines dans le Notariat. Pour en parler, le président Eric Durand a fait appel à » une équipe de jeunes « , qui a la particularité d’être entière issue de la Cour d’appel de Rennes. Il s’agit du trio Eric LECUYER-Catherine MAIRE-Christophe VILLIN. À un mois de ce grand rendez-vous de la profession, Notariat 2000 a rencontré le Président Eric Durand. Interview sur le vif.
Notariat 2000 : Pourquoi avoir retenu le thème des ressources humaines pour cette 55e session ?
Eric Durand : Après avoir traité en 2002, des relations entre le notaire et le consommateur puis, en 2003, des notaires dans l’ordre judiciaire, il me semblait important de nous repositionner sur des questions d’ordre purement professionnel et de traiter de questions à la fois très simples et très concrètes comme le recrutement, l’évaluation, la formation, les entretiens individuels…Depuis l’arrivée de la nouvelle convention collective et de tout ce qu’elle implique, les choses ont énormément bougé autour de nous, d’où la nécessité d’en parler pour mettre en place des solutions et analyser pourquoi nous » patinons » sur certains points. Le Conseil supérieur m’a conforté dans le choix de ce sujet en mettant en place la démarche qualité. Mon Office étant certifié depuis juillet dernier, je peux témoigner que c’est là un gros morceau, à l’initiative du notaire, mais qui nécessite aussi l’investissement des collaborateurs.
Notariat 2000 : Les évolutions du contexte européen vous ont-elles influencé dans votre réflexion ?
Eric Durand : C’est en tout cas une raison supplémentaire de se mettre à la Gestion des Ressources Humaines ! Avec le rapport Monti qui a déboulé l’année dernière, nous devons prendre conscience que le notariat d’aujourd’hui n’est plus celui d’avant-hier. Il y a quelques décennies, on ne parlait pas de communication. L’environnement juridique était moins agressif. Aujourd’hui, l’offre professionnelle s’accroît, chacun veut faire le métier des autres et même les avocats revendiquent le conseil ! Dans ce contexte interne, mais aussi européen, nous devons faire preuve d’une grande vigilance, donc mieux nous positionner vis-à-vis de nos clients mais aussi fournir des prestations de qualité pour satisfaire les besoins de nos concitoyens et démontrer ainsi notre place au sein de la société. Les conséquences sont importantes au niveau de la gestion même de nos études. Il nous faut prendre conscience que le notariat d’aujourd’hui, ce ne sont pas 8000 notaires assis derrière leur bureau, mais plus de 50.000 personnes au service du citoyen ! On s’inscrit dans une autre dynamique qui consiste à dire que la principale richesse de nos études, ce sont toutes nos compétences additionnées. Cela suppose que nous prenions en compte aussi la gestion des flux des ressources humaines, avec le départ à la retraite, dans quelques années, de nombreux salariés. D’où la nécessité pour le notariat de préparer la » relève » en offrant des perspectives de carrière à ses salariés et en mettant en place des règles de rémunération qui les fidélisent.
Notariat 2000 : L’étude notariale, finalement, c’est une petite entreprise ?
Eric Durand : Toute l’ambiguïté réside dans le fait que l’étude notariale est gérée comme une petite entreprise (avec les règles de gestion du monde de l’entreprise qui est celui du monde économique dans lequel nous vivons), sans pour autant être une entreprise, compte tenu de notre statut et de notre obligation de service public. Il faut être prudent lorsqu’on utilise ce terme car, dans le cadre des débats qui agitent actuellement la commission européenne, il sert de prétexte pour tenter d’imposer les règles de libre concurrence qui régissent les activités commerciales. C’est là l’enjeu du débat…